L’ouverture politique tous azimuts prônée par le président Ghazwani commence à faire des émules. La télévision nationale « Almouritaniya », comme tous les autres médias d’Etat, a amorcé une ouverture audacieuse et constructive vers les leaders de l’opposition qui recouvrent enfin un droit constitutionnel dont ils ont été privés des années durant.
C’est ainsi qu’on voit de plus en plus ces opposants, hier bêtes noires du régime, défiler sur le petit écran au grand bonheur des téléspectateurs qui en avait assez d’être gavés à longueur de journées de platitudes sans aucun intérêt.
Lundi soir, nous avons eu droit sur la chaine publique à un débat de très haute facture. Sur le plateau il y avait l’éminent professeur et juriste Lô Gourmo Abdoul, vice-président de l’UFP. Face à lui Alioune Issa membre du Conseil Exécutif de l’UPR chargé de la communication, qui s’est avéré être un bon communicateur et un homme ouvert et très au fait des défis auxquels fait face le pays. Et pour compléter ce tableau il y avait le journaliste Isselmou Salihi et l’animateur du débat Yédali Fall.
Et comme il fallait s’y attendre le débat a démarré sur les chapeaux de roue. Les grands problèmes de l’heure ont été décryptés. Entre autres les questions de l’unité nationale et de la cohésion sociale, de l’Education, de l’Esclavage, de la gestion des affaires publiques ainsi que les perspectives offertes par la mise sur pied de la commission d’enquête parlementaire et la décrispation de la scène politique.
Les principaux protagonistes parlaient le même langage et étaient d’accord sur toute la ligne ; et ils ont insisté sur la nécessité d’établir des passerelles pour un dialogue permanent et constructif, seul à même de sortir le pays de l’ornière.
Le représentant du parti au pouvoir a exprimé sans ambages toute la disponibilité de son camp à ouvrir une nouvelle page allant dans le sens d’une concertation consensuelle avec l’opposition qu’il considère comme un partenaire incontournable.
Pour sa part, le représentant de l’UFP a donné des pistes de solutions pour éviter de retomber dans la gestion népotique de l’Etat. Il a invité à une large concertation autour du système éducatif qui souligne-t-il est le fondement, le socle sur lequel on peut bâtir un état solide et viable. Mr Lô a également préconisé la mise sur pied d’une commission parlementaire en vu de clarifier l’ampleur du problème de l’esclavage, une nécessité et une urgence selon lui car ce problème terni beaucoup l’image du pays.
Ce dialogue apaisé et responsable entre les acteurs politiques augure de lendemains meilleurs. Mais faudrait-il que le président Ghazwani maintienne ce cap et s’ouvre encore plus à toutes les forces vives, y compris les mauritaniens de l’Etranger. L’opposition ne doit plus être diabolisée. Elle a toute sa place dans le dispositif et elle doit jouer pleinement son rôle. Les compétences de ses cadres doivent être mises à contribution pour booster le développement du pays. C’est en effet à ce prix que la Mauritanie pourrait enfin voir le bout du tunnel et foncer à pleins gaz vers le développement.
Bakari Guèye