Samedi 28 mars 2020. Il est 18 heures. A l’heure où débute le couvre-feu, le coup d’envoi d’un match de football est donné dans un espace qui fait office de terrain au PK 9 à Riyadh. Quelques spectateurs sont assis aux alentours et d’autres assistent au spectacle depuis la terrasse de leur domicile.
Pourtant le couvre-feu décrété pour cause de Coronavirus est en vigueur depuis 10 jours. Mais à 18 heures 20, pas de signe de présence des forces de l’ordre censées faire respecter cette interdiction de circuler.
Mokhtar, la trentaine, est debout derrière la ligne de touche à côté d’autres supporteurs. Un autre jeune les rejoint et serre la main de tout le monde. Mokhtar l’accepte car pour lui, refuser une main tendue est déplacé ; en plus dit-il confiant, « je connais tous ces jeunes, je sais qu’ils ne sont pas porteurs de coronavirus. »
Pourtant, depuis l’apparition du Covid -19 en Mauritanie, les autorités s’échinent à barrer la route au « fléau » en conseillant d’adopter les « gestes barrières » qui consistent notamment à réduire les contacts et les rassemblements. Deux choses inévitables quand il s’agit de football.
De temps à autre des femmes traversent le terrain en compagnie d’enfants. Un peu plus loin, deux jeunes femmes se crêpent le chignon et la bagarre crée tout de suite un attroupement. Mokhtar se déplace pour voir ce qui se passe.
Il revient et poursuit « le corona n’a pas besoin de nous, nous sommes de pauvres diables et ces jeunes joueurs ne croient même pas à son existence ». Pourtant la Mauritanie compte 5 cas et plus de 600 personnes isolées.
Le Covid 19 lui, parcourt le monde avec une vitesse de propagation exponentielle entraînant la mort de plus de trente milles personnes dans le monde et le confinement de la moitié de la population mondiale.
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19 heures 14, alors que le haut parleur d’une mosquée du quartier appelle à la prière du maghrib, l’arbitre siffle la fin du match. Score final : 1 but partout. Toujours pas de forces de l’ordre. Joueurs et spectateurs se dispersent par groupes en toute tranquillité, comme si de rien n’était. Ici, aucune odeur de couvre-feu.
Abou SY