A l’occasion du dîner de presse organisé jeudi soir au Palais présidentiel à Nouakchott, les intervenants concernant le premier volet consacré à la situation des médias en Mauritanie, ont mis en exergue les problèmes auxquels est confronté le secteur.
Un intervenant est nettement sortie du lot. Il s’agit du doyen Brahim Ould Abdallahi, un éminent journaliste et ancien directeur de télévision nationale.
Dans son intervention, Mr Brahim a parlé, comme à son habitude sans mettre de gants, loin de la langue de bois, généralement en vigueur dans ce type de manifestations officielles ; une langue de bois très prisée par nos « intellectuels », notre soi-disant intelligentsia que Mr Brahim a qualifié d’ « ignorancia », un néologisme qui en dit long sur l’état piteux dans lequel se trouve nos intellectuels et notre presse que l’éminent journaliste a assimilé à la tristement célèbre « Radio des mille collines » qui fût l’instrument redoutable du génocide Rwandais.
Dans son argumentaire Mr Brahim a fait allusion à la guerre ouverte contre la langue française, une guerre qui, comme on le sait est savamment entretenue par des lettrés monolingues au sombre dessein, dont les idées arriérées et anachroniques sont relayées justement par des centaines de sites électroniques sans foi ni loi.
Malheureusement, il se trouve que ce sont les gérants de ces officines de désinformation, qui sèment la zizanie, ce sont eux qui occupent le devant de la scène médiatique et mettent en danger l’avenir du pays.
Ils sont malheureusement très rares, ceux qui comme Mr Brahim ont une lecture aussi lucide de la situation de dépravation et de décrépitude de la presse mauritanienne.
En clouant au pilori cette situation, en faisant allusion à l’importance du français dans le champ médiatique et en insistant sur la nécessité de faire table rase du statut-quo, Mr Brahim jette ainsi un véritable pavé dans la mare et sème une bonne graine qui, si son conseil est pris en compte par le président de la République, pourrait ouvrir à la presse mauritanienne des horizons plus reluisants.
En effet, la marginalisation de la presse francophone est une grossière erreur. Au cours de ce dîner présidentiel ses membres se comptaient sur les doigts d’une main. Mais pour ceux qui ont une courte mémoire et pour les autorités, il convient de rappeler que c’est la presse francophone qui est à l’origine de la naissance et des avancées dans le domaine de la liberté d’expression et de la pratique du métier à une plus grande échelle.
Par ailleurs, le sérieux et le professionnalisme dont on a besoin est à rechercher du côté de la presse francophone qui, naturellement et vu les raisons évoquées devrait constituer partenaire de choix.
Quoiqu’il en soit, il n’ y a pas encore le feu dans la maison et on ne peut que s’en féliciter. Mais les choses ne cessent d’empirer et avec le président Ghazwani, une nouvelle occasion se présente à nous afin de redresser la barre.
Il est grand temps de remettre les choses sur les rails en s’appuyant sur les vrais compétences et d’effacer une fois pour toute cette mauvaise image qui colle à la Mauritanie qui est vu par tous ses citoyens honnêtes comme étant le pays du tout au rabais : pays du million de poètes, du million de docteurs, du million de journalistes, et j’en passe.
Bakari Guèye