En matière de lutte contre les mutilations génitales féminines comme pratiques traditionnelles nuisibles, la Mauritanie dispose d’un cadre législatif et réglementaire suffisamment consolidé. Mais les défis pour faire reculer le phénomène, voire le faire disparaître, sont encore majeurs.
Malgré une panoplie d’engagements matérialisés par la ratification de plusieurs conventions internationales, dont CDE et la CEDEF qui protègent les droits des enfants et des femmes, on note un dysfonctionnement dans la mise en œuvre de la stratégie nationale dont le pays s’est doté dans le but de promouvoir l’abandon des mutilations génitales féminines entre 2016 et 2019. Et pour cause, en 2007 déjà la lutte contre ces pratiques néfastes faisait face à différentes contraintes. En tête de celles-ci l’absence de fonctionnement du comité national intersectoriel de lutte contre les violences faites aux femmes y compris les MGF.
Les auteurs de la stratégie ont relevé également une faible capacité technique et financière de la cellule technique MGF chargée de la coordination nationale et des coordinations régionales et départementales pour assurer le suivi des activités sur le terrain.
D’autres contraintes portent sur « l’insuffisance de l’implication de certains leaders religieux encore réticents dans la vulgarisation de la FATWA sur les MGF. » Déplorent les organisations de la société civile actives dans la lutte contre les MGF.
Il a été souligné également la difficulté, compte tenu de l’étendue du pays, d’assurer une couverture régionale des 7 wilayas cibles de la stratégie et qui ont une haute prévalence. « Les préjugés socioculturels continuent à jouer un rôle prédominant dans la persistance des pratiques néfastes à la santé. » Rajoutent les auteurs de la stratégie qui poursuivent que l’absence de bénévolat communautaire dans la lutte contre les MGF en vue de s’assurer de la diffusion de messages à grande échelle et de la pérennité des actions constitue également un frein sans compter qu’il n’existe pas encore de de loi pour la criminalisation des MGF.
Au-delà de ces contraintes, il est à souligner que pour plus de cohérence et une meilleure articulation des stratégies avec les objectifs et engagements internationaux du pays, le gouvernement mauritanien a adopté plusieurs mesures tendant à la mise en place d’une structure chargée de santé de la reproduction et d’élaboration de documents cadres. Un nouveau projet de loi portant sur les discriminations à l’égard des femmes a été approuvé par le Conseil des Ministres en mars 2016.
De plus, selon la stratégie, élaborée par le bureau Stat Consult avec l’appui de l’UNFPA, la République Islamique de Mauritanie a connu des avancées en matière de promotion du statut des femmes, notamment leur représentativité à l’assemblée (22,5 pour cent) et au sénat (18 pour cent). Cependant, les femmes sont confrontées à plusieurs formes de violences : mutilations génitales féminines (66,6 pour cent), mariage des enfants (35,2 pour cent) et grossesses des adolescentes (21,5 pour cent).
Pour rappel, c’est en 2007 qu’a vu le jour en Mauritanie un programme de lutte contre les Mutilations Génitales Féminines (MGF). Il avait été élaboré une Stratégie Nationale de Promotion de l’Abandon des MGF et un plan d’action mis en œuvre en partenariat avec le Ministère des Aaffaires Sociales de l’Enfance et de la Famille. Des comités régionaux et départementaux de lutte contre les MGF et des ONGs nationales et internationales engagées dans la protection des droits des femmes et des filles et en particulier contre les pratiques néfastes telles que les Mutilations Génitales Féminines et le Mariage des Enfants s’étaient charées de sa mise en ouvre.
Depuis, l’engagement du Gouvernement à travers l’adoption de l’arrêté du MASEF créant un comité national de suivi des violences basées sur le genre et la mise en place des comités régionaux présidés par les Wali a permis une appropriation de la stratégie d’abandon des MGF au niveau national et régional ainsi qu’une démystification de la problématique des MGF.
Parmi les organisations de la société civile qui se sont approprié cette stratégie l’Association ABEPAD qui vulgarise les contenus de ce document auprès des populations jeunes et de façon spécifique et soutenue auprès des jeunes filles leaders. Une stratégie qui permet ainsi de mener des actions de sensibilisation auprès des jeunes en milieu scolaire également.
Synthèse : Mame Penda pour Initiatives News