Comme prévu, le député de Zouérate et bras droit du président Aziz, M. Cheikh ould Baya, a été intronisé ce matin sur le perchoir de l’Assemblée Nationale. Ce scénario longuement muri par le pouvoir a été exécuté sans encombre et M. Ould Baya a été élu avec une majorité fort réconfortante, avec 118 voix sur 149.
Cette élection sonne comme une grande victoire pour le parti Etat et au-delà pour le pouvoir, notamment le président de la République qui voit ainsi l’un de ses plus fidèles lieutenants accéder à la tête de cette chambre parlementaire qui aura la haute main sur toutes les grandes décisions y compris celles ayant trait à une éventuelle révision constitutionnelle, qui pourrait remettre en cause la limitation des mandats présidentiels.
engagement prématuré
Cette probable éventualité donne la chaire de poule à une opposition encore sonnée par sa débandade électorale.
Et même si le tout nouveau patron de l’Assemblée Nationale s’est montré rassurant dans son premier discours, je cite : « Je m’engage à déployer tous les moyens dont je dispose pour que le parlement mauritanien exerce ses prérogatives sur la base de la loyauté à la République et le respect du principe de séparation des pouvoirs, leur coopération et leur cohésion au service du peuple mauritanien », les élus de l’opposition sont loin d’être rassurés sur les véritables intentions du pouvoir.
Quoiqu’il en soit, M. Ould Baya aura du pain sur la planche et il doit d’ores et déjà se retrousser les manches pour faire passer ses décisions face à des élus de l’opposition qui semblent déterminés à ne plus accepter de se faire avaler des couleuvres.
Du pain sur la planche
Et, vu la carrure des députés de l’opposition on devrait assister à de chaudes empoignades en perspective mais pour quel résultat serait-on tenté de nous demander.
En tout cas, avec la suppression du Sénat, cette assemblée aura plus de poids ; c’est désormais la seule chambre représentant le pouvoir législatif et qui sera chargée de légiférer ; son président est le successeur constitutionnellement désigné du président de la République, en cas d’empêchement d’où son importance au sein de l’échiquier du pouvoir.
Donc les dès sont jetés avec cette ouverture tumultueuse de cette législature qui revêt un cachet particulier vu les enjeux qui pointent à l’horizon, avec notamment l’organisation dans quelques mois de l’élection présidentielle avec la question du troisième mandat qui sera sans nul doute le principal sujet d’attraction au sein de cette assemblée.
De ce fait les députés auront un rôle décisif à jouer car ce sont eux en fait, qui détiennent la clé de l’avenir du pays car leurs décisions dans cette première période seront capitales. Ils ont donc le devoir d’avoir le sens des responsabilités en agissant pour une fois dans l’intérêt du pays.
En effet, malgré une accalmie qui s’est traduite par la tenue d’élections plus ou moins apaisées, la situation politique, demeure malheureusement tendue et un consensus doit être trouvé coûte que coûte pour éviter au pays de s’engager dans l’aventure de l’instabilité.
Bakari Guèye