Dans la nuit de vendredi à samedi (16-17 février), une voiture (transportant des orpailleurs) a essuyé les tirs d’une unité de l’Armée mauritanienne embusquée en vue d’arrêter un élément ennemi essayant de traverser la frontière et d’entrer dans la zone de Bir Omrane (Bir Om Greyn). Refusant de s’arrêter après les premières sommations, le 4×4 tenta de forcer le passage. Ce qui obligea les éléments embusqués à tirer dans le tas provoquant l’arrêt de la voiture.
«Il s’est avéré par la suite que la voiture est pour des personnes s’adonnant à la prospection illégale de l’or et qu’à son bord se trouvaient huit individus dont un a été blessé à l’épaule par un coup de feu au cours de l’opération», nous apprend un communiqué rendu public aussitôt par l’État Major des Armées.
Expliquant ensuite que «l’unité, en exécution de sa mission principale, a donné les premiers soins au blessé» qui a été finalement «évacué par avion vers l’hôpital militaire de Nouakchott pour la suite des soins».
Pour finir par rappeler qu’«en tout état de cause, les instructions spéciales relatives à la zone militaire fermée seront rigoureusement exécutées sans aucune hésitation contre qui que se soit». Et en conséquence «les citoyens se doivent donc de respecter les instructions émanant de l’État major général des Armées à ce sujet pour préserver leur vie et la sécurité de leur patrie».
Il y a lieu de souligner ici deux phénomènes : la propension à violer les interdits et l’aventurisme des jeunes qui n’hésitent pas à tout laisser pour tenter le probable alors que le certain est là.
Commençons par ce phénomène révélé au grand jour par la ruée de milliers de jeunes abandonnant tout pour aller à l’aventure de la recherche de l’or.
Orpaillage : une aventure coûteuse
Chaque investissement de départ nécessite au moins trois millions d’ouguiyas. Assez pour entreprendre dans un domaine producteur comme l’agriculture ou la pêche et qui assure de rapporter en quelques mois. Mais non ! les jeunes mauritaniens préfèrent l’incertain, le dangereux pour tenter de s’enrichir sans gros efforts.
L’idée ici est de «frapper un coup». On a alors commencé à distiller ces histoires de chercheurs qui sont tombés sur un filon après quelques jours de recherche, parfois des heures seulement.
Dans une société où l’on ne parle que de surenchères dans les actions commerciales et où même la notoriété s’acquiert à travers l’exercice de la surenchère, des achats et des ventes les plus fous, l’enrichissement rapide est le but cultivé. Même s’il reste factice.
Dans cette quête de l’enrichissement facile et rapide, tous les moyens sont bons, particulièrement les plus illicites. Ce n’est pas pour rien que le «chipeko» est devenu la pratique générale. Les individus se transformant en banques pratiquant l’usure au vu et au su de tous.
La recherche de l’or prend des dimensions encore plus dangereuses dans le nord du pays là où s’activent les bandes criminelles vivant du terrorisme et des trafics de drogue, d’armes ou de cigarettes.
Érigées en zones militaires interdites d’accès, ces régions ne sont plus un territoire où l’on peut se mouvoir sans risques. Surtout si l’on est prêt à refuser d’obtempérer aux ordres de patrouilles qui sillonnent les lieux pour en assurer la sécurité.
Il est temps d’utiliser tous les canaux de sensibilisation pour convaincre ces milliers de jeunes mauritaniens qu’il est plus utile pour leur pays, plus rentables pour eux et plus sûr de s’investir dans un secteur productif comme l’agriculture ou la pêche.
Mais quel canal utiliser ?
Les journalistes, les intellectuels, les politiciens, les ministres et même les Érudits les plus populaires, tous sont occupés à chercher à «frapper un coup».
«Frapper un coup» pour s’enrichir au plus vite et à moindre frais. C’est le but premier de la vie de notre société. Un héritage des années néfastes 90 et 2000…
MFO (La Tribune 744)