Il est inquiétant de constater la propension de lynchage médiatique sur les réseaux sociaux, avec une volonté croissante de museler toute voix discordante, en interprétant les intentions des uns et des autres à travers des jugements à l’emporte-pièce.
Une minorité agissante de moralisateurs prospère aujourd’hui grâce aux espaces de liberté offerts par les réseaux sociaux. Ces acteurs n’hésitent pas à disqualifier leurs cibles par amalgame, s’arrogeant le droit de stigmatiser, d’ostraciser, de juger et de condamner.
Certains, persuadés d’être plus mauritaniens que les autres, restent malheureusement enfermés dans un prisme racial aveuglant, avec une référence systématique et obsessionnelle à l’appartenance communautaire. Ces nouveaux censeurs parasitent le débat public et exacerbent des polarisations identitaires lourdes de menaces fratricides.
Le député Khally Diallo ne s’est ni réjoui de l’assassinat ignoble d’un innocent, ni félicité de la libération d’un criminel. Il a simplement salué la libération d’un détenu qu’il considère, à tort ou à raison, comme innocent, et pour lequel il a mené un combat de dix ans.
Khally est un vrai patriote, passionné par son engagement pour la justice et la défense des exclus. Il n’a rien à prouver à ceux qui le livrent aujourd’hui à la vindicte publique. Comme chacun de nous, il peut commettre des maladresses ou des imprudences, mais il est loin d’être raciste et n’a pas de leçons à recevoir en matière de patriotisme.
Nous devons nous opposer à la dictature de la pensée unique qui cherche à confisquer le débat en imposant une lecture exclusiviste. Nous devons pouvoir échanger sereinement, de manière dépassionnée, sans que certains recourent systématiquement à la surenchère pour dévoyer les discussions et contraindre leurs interlocuteurs à l’auto-justification.
Mohamed El Mounir
