La ville de Nouakchott fait face à de grands défis en matière d’approvisionnement en eau potable et ce malgré les investissements importants et les grands projets lancés par le gouvernement ces dernières années.
Seulement face à la progression exponentielle de la capitale qui compte aujourd’hui environ 1.500.000 habitants, la demande ne cesse d’augmenter.
Et en 2035, il va falloir compter avec une population de près de 2 millions d’habitants et elle passera à 2.700.000 habitants en 2050.
C’est donc sur ces chiffres que travaille le gouvernement et d’importants projets sont actuellement en cours d’exécution pour garantir dans un premier temps un approvisionnement régulier à l’horizon 2030 et même au-delà, en attendant la réalisation des projets à moyen et long termes, à l’horizon 2050 où la ville aura besoin de 600.000 mètres cubes par jour.
Déjà, les efforts déployés par le gouvernement de 2020 à 2024 ont permis d’augmenter le régime de la production d’eau potable qui est passée de 132.000 mètres cubes/jour à 200.000 mètres cubes/jour.
Cette évolution est illustrée par l’augmentation du linéaire du réseau qui est passé de 600 km en 2012 à 3200 km en 2025 et le nombre d’abonnés de la SNDE dont le nombre est passé de 35 000 en 2008 à 200 000 en 2024 .
Pour faire le point des efforts déployés, le magazine HORIZONS a rencontré Mr Kane Oumar Mamadou, Coordinateur National du Projet de Renforcement et de Sécurisation de l’AEP de la ville de Nouakchott.
Au niveau du champ captant d’Idini le département de l’hydraulique est en train d’exécuter depuis 2020 un plan d’action en plusieurs composantes.
-Le redémarrage de l’ancienne station de pompage abandonnée depuis 2010 avec la mise en service du projet Aftout Essahili.
-La pose de 2 nouvelles conduites de diamètre 500 mm entre Idini et Nouakchott.
Ces 2 actions ont fait passer la production du champ captant d’Idini de 17.000 mètres cubes en 2020 à 45.000 mètres cubes en 2024.
Renforcement et sécurisation de l’AEP de la ville de Nouakchott à partir du champ captant d’Idini
La ville de Nouakchott est actuellement approvisionnée en eau potable à partir de l’adducteur de l’Aftout Essahli et le champ captant d’Idini qui assurent une production journalière de 195 000 m3/jour dont 150 000 m3 à partir de l’Aftout et 45 000 m3 à partir d’idini.
L’adducteur de l’Aftout Essahli, principale source d’approvisionnement de la ville de Nouakchott est dimensionnée pour assurer un débit de 150 000 m3/jour en première phase, et un débit de 225 000 m3/jour en deuxième phase.
A sa mise en service en 2010, les équipements de l’Aftout ont été consignés à un débit de l’ordre de 90 000 m3/jour qui correspondait à la demande en eau à cette époque qui était relativement faible. Ce débit a évolué jusqu’à 115 000 m3/jour en 2022.
Avec l’expansion rapide de la ville au cours de ces dernières années et l’extension du réseau de distribution dont le linéaire est passé de 600 km à 3200 km, les besoins en eau de la ville ont connu une augmentation très importante.
Cette croissance des besoins en eau, explique le déficit de production auquel la ville de Nouakchott est confrontée depuis quelques années, obligeant la SNDE de recourir souvent à une distribution alternée.
Cette évolution est illustrée par l’augmentation du nombre d’abonnés de la SNDE à Nouakchott qui est passé de 35 000 en 2008 à 200 000 en 2024.
Face à cette situation, les pouvoirs publics ont engagé plusieurs actions pour améliorer le niveau de la production de la ville qui est passé de 140 000 m3/jour à 195 000 m3/jour dont 150 000 m3/jour à partir de l’Aftout et 45 000 m3/jour à partir d’Idini.
Cette évolution a été réalisée grâce à :
-la remise à niveau des installations de l’Aftout Essahli dont les travaux sont en cours ;
-le renforcement du champ captant d’Idini pour un apport supplémentaire de 20 000 m3/jour.
Malgré ces résultats, des problèmes d’approvisionnement en eau persistent au niveau de certains quartiers de Nouakchott du fait :
-du déficit de production ;
-de l’existence de zones non encore couvertes par le nouveau réseau ;
-de certaines perturbations de l’alimentation en électricité de nos installations dont la plupart n’est pas sécurisée.
Plusieurs secteurs de la ville ne sont pas régulièrement desservis et restent sans eau pendant quelques jours par semaine, d’autre secteurs continuent d’être approvisionnés par des citernes et des bornes fontaines.
En plus de ces éléments, l’augmentation de la turbidité en période d’hivernage qui a atteint le seuil de 2000 à 3800 NTU au cours de ces dernières années, perturbe également la production avec une baisse de plus de 40% pendant les périodes de crue.
En effet la turbidité dépasse de loin les seuils pour lesquels le système de traitement est surdimensionné soit 700 NTU.
C’est dans ce sens que s’inscrit la réalisation d’une nouvelle usine de traitement. Il s’agit d’un débourbeur qui a été greffé aux installations hydrauliques au niveau de la station de Béni- Naji. Ce déboureur permet le traitement de plus de 80% de l’eau boueuse avant son injection dans le réseau de distribution. Cette usine a été mise en service le 07Aout 2025 et inaugurée le 25 septembre de la même année par le président de la République.
Ainsi, pour faire face à l’évolution de la ville de Nouakchott dont le nombre d’habitants a atteint 1 500 000 habitants d’une part et aux effets du changement climatique d’autre part, il devient – urgent de renforcer et de sécuriser l’approvisionnement en eau potable de la ville en augmentant la production et en diversifiant les ressources en eau exploitées.
C’est à ce titre que le gouvernement Mauritanien a entamé le projet de renforcement et de sécurisation de l’AEP de la ville de Nouakchott à partir du champ captant d’Idini pour un apport de 100 000 m3/jour financé par le FADES pour un montant de 75 000 000 Euro. Ce projet consiste en :
-La remise à niveau des 48 forages du champ captant d’idini ;
-La réalisation de 24 nouveaux forages ;
-La pose d’une conduite de transport en DN1200 sur un linéaire de 60 km ;
-La construction de deux réservoirs de 2500 m3 et 5000 m3.
Le taux d’avancement des travaux serait actuellement de 40 %.
Le volet Aftout Essahili
Pour Aftout Essahili le plan d’action a consisté à la remise à niveau de toutes les installations du complexe et son renforcement par l’installation de 2 nouvelles lignes de pompage.
Il y a aussi la remise à niveau et la révision de tous les équipements électromécaniques (pompes, groupes de refroidissement, etc) ainsi que le renouvellement de l’équipement vieillissant.
En effet, le déficit de production au niveau de l’Aftout Essahili est accentué pendant les périodes d’hivernage durant lesquelles la turbidité du fleuve augmente considérables et atteint des seuils dépassant 2500 NTU entrainent une baisse de plus de 40-50% de la production.
Face à cette situation le gouvernement Mauritanien a engagé plusieurs actions pour améliorer le niveau de la production de l’adducteur d’Afout-Essahli, à travers :
-La remise à niveau des installations de l’Aftout Essahli et l’installation d’une quatrième ligne de pompage à Beni-nadji et d’une quatrième ligne de pompage à PK17 :
Ces travaux réalisés par l’entreprise chinoise CGCINT ont permis de faire passer le débit de l’adducteur de l’Aftout de 115000 m3/j à 150 000 m3/j en 2024. Ces travaux ont consisté en : Ajout d’une quatrième pompe à Béni Nadji ; Ajout d’une quatrième pompe dans la station de relevage du PK17 ; Réhabilitation et renouvellement des équipements électromécaniques ; Réhabilitation des ouvrages en génie civil ; Le curage du grand réservoir de 129 000 m3 du PK17.
Mise en place d’un système de débourbage à Beni-Nadji
Les travaux de construction du système de débourbage à Beni-Nadji ont été exécutés par l’entreprise chinoise SINOHYDRO, sous la supervision du bureau d’études marocain CID.
Cet ouvrage permet de réduire considérablement la turbidité de l’eau brute du fleuve pendant les périodes d’hivernage.
Il assure une production de 240 000 m³/jour d’eau décantée, avec un taux de matières en suspension (MES) en entrée de 2 400 mg/l et un taux de 500 mg/l en sortie.
Le système comprend six unités de débourbage lamellaire extensible en 10, chacune équipée d’un bassin de coagulation et d’un bassin de floculation.
Ainsi, les eaux brutes provenant de la prise transitent désormais par cet ouvrage avant d’atteindre les systèmes de traitement existants, lesquels comprennent deux décanteurs dimensionnés pour une charge en MES inférieure à 500 mg/l.
Cet ouvrage a été mis en service le 7 août 2025.
Projet Extension des installations de l’ Aftout Essahli
Le département vient de lancer les travaux du projet d’extension des installations de l’Aftout Essahli, dont la pose de la première pierre a été effectuée le 29 septembre 2025 par Son Excellence le Président de la République.
Le projet est financé à hauteur de 43 millions d’euros par le Trésor français, pour un délai d’exécution de 30 mois.
Ce projet vise à porter la capacité de production de 150 000 m³/jour à 225 000 m³/jour.
Les travaux comprennent notamment :
-L’expertise et la réhabilitation du système de traitement existant à Beni-Nadji ; L’extension de l’usine de traitement de Beni-Nadji par la construction d’un troisième décanteur ; La réalisation d’une station de surpression intermédiaire à Tiguent ; L’extension de la station de filtration du PK17 par l’installation de quatre filtres supplémentaires ; L’ajout d’une cinquième pompe à la station de pompage du PK17.
En outre, grâce à l’apport supplémentaire attendu à partir d’Idini (60 000 m³/jour), ces travaux permettront d’assurer à la ville de Nouakchott une production continue de 325 000 m³/jour, y compris en période d’hivernage.
Ce volume garantira un renforcement et une sécurisation durables de l’approvisionnement en eau potable de la capitale jusqu’à l’horizon 2030-2035.
Projet de Renforcement de la capacité de stockage et de distribution d’eau potable de la ville de Nouakchott
Pour la distribution de ces volumes d’eau supplémentaires, note le Coordinateur national du Projet de Renforcement et de Sécurisation de l’AEP de la ville de Nouakchott, nous avons engagé le processus pour renforcer le pôle de distribution du PK 17 et réaliser 2 nouveaux pôles de distribution (Nouakchott-Nord et Nouakchott-Est).
En effet, compte tenu du déficit de production auquel la ville de Nouakchott est confrontée au cours de ces dernières années, il devient indispensable d’engager :
Les travaux d’extension des installations de l’Aftout Essahli et atteindre son débit d’équipement final qui est de 225 000 m3/jour ;
Les travaux de Renforcement de la capacité de transit du pôle de distribution du PK17 ;
La réalisation du nouveau pôle de distribution de Nouakchott Est (Dar Naïm) est un projet qui permettra la distribution des volumes d’eau supplémentaire engendrés par les travaux d’extension des installations d’Aftout Essahli et les travaux de renforcement de l’AEP de la ville de Nouakchott à partir du champ captant d’Idini devant subvenir aux besoins en eau potable de la ville de Nouakchott jusqu’à l’horizon 2035.
Situation actuelle
La ville de Nouakchott est actuellement approvisionnée en eau potable à partir de l’adducteur de l’Aftout Essahli et le champ captant d’Idini qui assurent une production journalière de 195 000 m3/jour dont 1 50 000 m3 à partir de l’Aftout et 45 000 m3 à partir d’idini, ce volume est insuffisant par rapport à la demande actuelle et future de la ville de Nouakchott dont la population a connu un accroissement très important.
Description des actions
Les travaux de ce projet consistent en :
-Renforcement de la capacité de transit du pôle de distribution du PK 17 ;
-Réalisation d’une nouvelle station de surpression au PK 17 ;
-Construction d’un réservoir au sol 6000 m3 d’eau traitée au niveau de site de PKI 7 ;
Dédoublement de la conduite d’adduction DNI 1200 entre le PKI 7 et le carrefour Nancy sur une longueur de 16.5Km ;
Le financement est acquis et le démarrage des travaux est prévu début 2026.
Réalisation du nouveau pôle de distribution de Nouakchott Est (Dar Naïm)
-Pole de Dar Naim : Construction d’un réservoir de 5000 m3 ;
-Réalisation d’une station de surpression a vitesse variable de 1800m3/h ;
-Construction d’un château d’eau d’une capacité 1200 m3 surélevé de 35 m ;
-Pose d’une conduite d’adduction en DNI 1 000 FD sur un linéaire de 3 km et pose d’une conduite de répartition en DN700 FD sur un linéaire de 10 km.
Les études sont achevées et la requête de financement a été lancée.
Réalisation du nouveau pôle de distribution de Nouakchott Nord
-Pole de Nouakchott Nord : Construction d’un réservoir de 5000 m3 ;
-Réalisation d’une station de surpression a vitesse variable de 1800m3/h ;
-Construction d’un château d’eau d’une capacité 1200 m3 surélevé de 35 m ;
-Pose d’une conduite d’adduction en DNI1 000 FD sur un linéaire de 10 km, pose d’une conduite de répartition en DN800 FD sur un linéaire de 2.1 km et pose d’une conduite de répartition en DN500 FD sur un linéaire de 7 km.
Les marchés sont en phase de signature et le démarrage des travaux est prévu pour bientôt.
A noter que ces 2 nouveaux pôles de distribution disposent chacun d’une station de relevage de 40.000 m3/Jour et un château d’eau surélevé de 40 m d’une capacité de 1200 m3 d’eau. Il s’agit là des 2 plus grands châteaux d’eau de Mauritanie.
Rappelons que la seconde phase pour la pose du réseau de distribution de la ville de Nouakchott qui a commencé en 2019, touche à sa fin. Cette seconde phase a concerné de vastes zones au niveau de la capitale dont notamment les zones de Dar El eida, Kossovo, Tarhil, El Mina Nord, Zone du Port, Mellah, Bouhdida site, Toujounine (Méyite Achra), Zone Nejah, Bewadi, Ain Talh, Amouratt, Zaatar, Lemgheity, Secteurs 3 et 4 de Dar Naim, Kandahar, tous les PK, du PK 7 au Carrefour Bamako, Carrefour Madrid, Lenguatt.
Et en dehors de la zone de Mellah où il reste encore à effectuer 4000 branchements et de El Bewadi et Zaatar, toutes les autres zones de la capitales sont déjà couvertes par le réseau, selon Mohamed Leziz responsable technique au niveau de l’Unité de gestion du projet du Réseau de distribution d’eau de la ville de Nouakchott.
Par Bakari Gueye
Source: Magazine mensuel HORIZONS/Novembre 2025
