Opposition mauritanienne : entre élitisme et immaturité politique

Par Bakary Seta Wagué

Le débat politique en Mauritanie est souvent animé, mais rarement structuré autour de véritables alternatives de fond. L’immaturité persistante de l’opposition joue un rôle central dans la consolidation du pouvoir en place, même lorsque ce dernier souffre d’une impopularité croissante.

Incapable d’incarner l’espoir ou la rupture tant attendue, l’opposition apparaît marquée par des trajectoires individuelles, des ambitions personnelles et des querelles de leadership. Elle se présente davantage comme une mosaïque de calculs solitaires que comme un front collectif au service du peuple.

Les échecs électoraux répétés, tout comme les accords politiques non suivis d’effet, n’ont donné lieu à aucune autocritique sérieuse. Ni stratégie commune, ni projet politique unificateur n’a émergé. Il en résulte une perte de confiance croissante de la population, notamment des jeunes, qui désertent les urnes et se détournent de la chose publique.

Comment une opposition qui peine à tisser des liens solides avec les populations marginalisées — rurales ou jeunes — souvent confinée dans les cercles urbains et élitistes, peut-elle faire face au rouleau compresseur d’un régime qui détient tous les leviers du pouvoir ?

Pour réconcilier les Mauritaniens avec la politique et en faire un levier d’épanouissement collectif, il faut une opposition capable de se réinventer : enracinée dans les réalités du pays, parlant le langage des opprimés, fédérant au-delà des clivages ethniques ou identitaires, et incarnant une véritable éthique de responsabilité.

Face à un pouvoir militaire solidement ancré, elle continue pourtant de s’appuyer sur des stratégies classiques — boycotts, appels au dialogue sans lendemain — sans renouveler ses méthodes de lutte. Ce pouvoir, bien qu’impopulaire, tire profit de cette vacance politique pour se maintenir sans grand effort, manipulant les institutions et instrumentalisant les faiblesses de ses adversaires. Une opposition faible est son meilleur allié.

Dès lors, l’opposition se doit d’être crédible, unie et proche du peuple. Sans cela, la Mauritanie ne changera pas — ou alors, pour le pire. Une dynamique unifiée n’est plus une option : c’est une obligation. L’heure est à la refondation, ou à l’effacement.

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