À l’occasion de la Journée mondiale des migrants, l’Association Mauritanienne pour la Citoyenneté et le Développement (AMCD) alerte sur l’aggravation des violences et des violations des droits humains subies par les migrants mauritaniens, de leur pays d’origine jusqu’aux centres de détention à l’étranger.
Du bitume de Nouakchott aux cellules surpeuplées de Laredo, aux États-Unis, le parcours de nombreux migrants mauritaniens s’apparente aujourd’hui à une épreuve de survie. Arrestations arbitraires, rafles policières, détentions inhumaines : en ce 18 décembre, l’AMCD dresse un constat alarmant et dénonce une politique de la peur qui relègue la dignité humaine au second plan.

« La question est simple et dérangeante à la fois : la sécurité doit-elle primer sur la vie des gens ? », interroge l’association, alors que les violences à l’encontre des migrants se multiplient, aussi bien en Mauritanie que sur les routes de l’exil.
Selon Elhadj Amadou Mbow, président de l’AMCD, la situation a atteint le seuil d’une véritable catastrophe humanitaire. Le durcissement des contrôles, conjugué à l’absence de mécanismes de protection, expose les migrants à des violations graves et répétées de leurs droits fondamentaux.
« Il y a des faits mentionnés dans le rapport de Human Rights Watch que l’État mauritanien a démentis. Pourtant, les récits que nous recueillons font état de violations très graves des droits humains. Lors des grandes rafles à Nouakchott, nous n’avons pas seulement entendu des témoignages : nous avons été témoins directs de ces abus. Face à cette violence, nous avons produit un document officiel de dénonciation », affirme Elhadj Amadou Mbow.
Pour l’AMCD, ces pratiques s’inscrivent dans une dynamique plus large, marquée par la pression croissante de l’Union européenne sur les pays de transit, poussés à renforcer leurs politiques migratoires au détriment des droits humains. Résultat : le parcours du migrant devient un chemin de souffrance, de peur et d’humiliation.
Cette réalité prend un visage humain à travers le témoignage d’Ousmane Ba, un jeune Mauritanien refoulé des États-Unis après une tentative de migration. Son récit des centres de détention américains glace le sang.
« À Laredo, j’étais enchaîné aux pieds, aux mains et au ventre. Même devant le juge, je suis resté attaché. Nous étions 520 personnes enfermées, sans possibilité de sortir, même en cas d’urgence. Les gardes ne faisaient que nous compter, et la nourriture était largement insuffisante », confie-t-il, la voix chargée d’émotion.
Pour l’AMCD, la Journée mondiale des migrants ne doit pas se limiter à des discours symboliques. Elle rappelle une vérité fondamentale : un migrant est avant tout un être humain. Qu’il soit arrêté lors d’une rafle à Nouakchott ou détenu dans une prison à des milliers de kilomètres de chez lui, il a droit au respect, à la dignité et à la protection de ses droits.
L’association appelle les autorités mauritaniennes et leurs partenaires à cesser de fermer les yeux sur ces souffrances et à replacer l’humain au cœur des politiques migratoires. « Il est temps que la sécurité ne passe plus avant la vie des personnes », conclut l’AMCD.
Oumar Elh. Thiam JP
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