Mauritanie : Racisme d’État ou dérives individuelles ? Une mise au point nécessaire


Par Khalilou Youssoufi Tandia,
Juriste et expert électoral

Par les temps qui courent, l’espace virtuel mauritanien est agité par des tiraillements incessants entre deux camps farouchement opposés. Pour les uns, l’État mauritanien entretiendrait une politique d’apartheid ; pour les autres, une telle accusation est excessive et infondée, car elle assimile injustement la Mauritanie à un État raciste.

Je souhaite apporter ma modeste contribution à ce débat, en exprimant un point de vue sincère et nuancé — loin des exagérations de l’opposition politique comme des éloges complaisants du camp au pouvoir.

L’apartheid, une notion étrangère à la Mauritanie

L’apartheid, rappelons-le, tire sa légitimité d’un cadre juridique officiel : il repose sur un système qui érige la séparation entre les citoyens en principe, confère des privilèges institutionnels à certains groupes et consacre l’infériorité légale des autres.

Or, une telle conception est étrangère à la Mauritanie. Notre Constitution consacre, sans ambiguïté, l’égalité de tous les citoyens en droits et en devoirs, sans distinction de race, de couleur, d’origine sociale ou d’appartenance tribale.

Des discriminations réelles, mais non institutionnelles

Cela ne signifie pas pour autant que les discriminations ou comportements racistes soient inexistants. Certains individus occupant des postes de responsabilité abusent parfois de leur pouvoir pour favoriser leurs proches, leur groupe linguistique ou tribal.

Mais ces agissements ne procèdent d’aucune politique d’État : ils relèvent de comportements personnels contraires à l’esprit et à la lettre de la loi.

Un État égalitaire, une application défaillante

Par conséquent, il serait abusif de parler de racisme d’État en Mauritanie. L’État, tel qu’il est défini par la Constitution, repose sur une loi égalitaire et républicaine. Les discriminations observées engagent uniquement la responsabilité de leurs auteurs individuels.

La véritable question réside dans l’effectivité de la loi. L’État doit avoir le courage de sanctionner les autorités ou agents publics qui détournent leurs fonctions à des fins raciales ou ethniques.

Ne pas le faire, c’est laisser s’installer un dangereux décalage entre la norme juridique, fondée sur la justice et l’égalité, et certaines pratiques arbitraires qui la contredisent.

Pour une application rigoureuse de la loi

L’enjeu n’est donc pas de réécrire la loi, mais d’en garantir l’application stricte et rigoureuse, afin que nul ne puisse la détourner au service d’intérêts particuliers. C’est à ce prix que l’égalité républicaine cessera d’être un idéal proclamé pour devenir une réalité vécue.


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