La Présidence comme boussole morale de la Nation : au-delà du pouvoir, une responsabilité éthique

Par Khalilou Youssoufi Tandia *

En Mauritanie, comme ailleurs, la fonction présidentielle dépasse de loin la simple exécution d’un mandat politique. Elle incarne une dimension morale, symbolique et institutionnelle qui fait du président non seulement le garant des institutions, mais aussi le dépositaire de l’unité et de la conscience nationale.
Le président, par sa voix, ses décisions et sa signature, engage tout un peuple. C’est cette dimension « supra-institutionnelle » que cette réflexion met en lumière.


Le président : au-delà des fonctions ordinaires

La fonction présidentielle se distingue fondamentalement de toute autre responsabilité publique ou privée. Le président n’est ni un ministre, ni un chef de parti, ni un leader communautaire ou religieux.
Sa mission transcende les logiques d’appartenance et les intérêts particuliers : il n’est pas au service d’un clan, d’une région ou d’une catégorie sociale, mais du pays tout entier.

Le chef de l’État ne gère pas un segment de la société, mais la nation dans son ensemble. En ce sens, il représente toutes les composantes du peuple mauritanien – Beydanes, Pulars, Soninkés, Wolofs ou Haratines – et défend, sans distinction, les intérêts du public comme ceux du privé.


Une fonction de responsabilité totale

Être président, c’est porter la responsabilité ultime du destin collectif. Quand la nation prospère, il en est le principal instigateur ; quand elle faiblit, sa responsabilité est première.
Le président doit donc s’entourer d’hommes et de femmes intègres, compétents et loyaux, car la défaillance de ses collaborateurs engage aussi son jugement et son autorité.

Cette responsabilité dépasse le cadre administratif : elle relève d’une exigence morale. La fonction présidentielle impose une conduite exemplaire, une hauteur de vue et une lucidité constante.


Une mission morale et symbolique

Le président n’est pas un citoyen ordinaire. Par sa posture et ses choix, il reflète la conscience collective et l’espérance du peuple. En Mauritanie, où la diversité culturelle et ethnique constitue à la fois une richesse et un défi, le président doit se situer au-dessus de toutes les appartenances : politiques, sociales, économiques ou communautaires.

Son regard doit embrasser l’ensemble du corps national – riches et pauvres, gouvernants et gouvernés – dans une égale sollicitude.
Il est, en quelque sorte, le père de la Nation, garant de la cohésion, de la sécurité et du bien-être commun.


Le président, miroir de l’espérance nationale

Dans la conception morale de la fonction présidentielle, le chef de l’État incarne l’unité et l’espérance.
« Après Dieu, il est l’incarnation de l’espoir de son peuple », écrit l’auteur, pour souligner la centralité du rôle présidentiel dans l’imaginaire politique mauritanien.
Cette affirmation, plus symbolique que théologique, traduit la place qu’occupe le président dans la perception du citoyen : celle d’un guide moral, garant de la justice et du destin collectif.


Le regard moral porté sur la fonction présidentielle invite à dépasser la simple lecture constitutionnelle du pouvoir.
Être président, c’est assumer la responsabilité suprême d’incarner la nation, de la protéger et de la servir sans distinction.
C’est être le point d’équilibre entre les forces, les communautés et les intérêts.
C’est, enfin, unir par l’exemple et gouverner par la morale.


*Juriste et expert électoral

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