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A Nouakchott, l’association Mauritanienne de lutte contre la tuberculose, le SIDA et le tabac, en collaboration avec ACBF « fondation du renforcement des capacités en Afrique » et ATCA, « alliance pour le contrôle des tactique de l’industrie du tabac », ont organisé aujourd’hui dimanche le 2 juin, un atelier de sensibilisation sur la journée mondiale sans tabac, célébrée le 31 mai de chaque année, qui vise à sensibiliser le public aux effets nocifs de l’industrie du tabac et à promouvoir des politiques efficaces pour réduire la consommation de tabac dans le monde entier. Pour l’année 2024, le thème retenu est « Protéger les enfants de l’ingénierie de l’industrie du tabac ». Cette journée revêt une importance particulière, car elle met en lumière l’urgence de renforcer les politiques antitabac afin de protéger les jeunes des dangers du tabagisme et des nouvelles formes de consommation de nicotine.
Monsieur Ba Aboubakry, chargé des finances, a ouvert la discussion en soulignant que « bien que la consommation de tabac ait globalement diminué, ce progrès est menacé par l’émergence de nouveaux produits addictifs. Selon les données de 2022, au moins 37 millions de jeunes âgés de 13 à 15 ans consommant du tabac sous une forme ou une autre dans le monde ». Il a en résulte que les jeunes sont une cible privilégiée pour les fabricants de tabac, car ils représentent les consommateurs de demain. « Selon les estimations mondiales, près de 9 fumeurs sur 10 commencent à fumer avant l’âge de 18 ans et 98 % avant l’âge de 26 ans. Plus l’initiation au tabac commence tôt, plus le risque de dépendance est élevé. De plus, la durée prolongée du tabagisme rend l’arrêt de la cigarette d’autant plus difficile », a-t-il ajouté.
Pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), cette journée doit être un catalyseur pour les jeunes, les décideurs politiques et les défenseurs de la lutte antitabac à travers le monde. L’objectif est d’alerter et d’exhorter les gouvernements à adopter des politiques
plus rigoureuses pour protéger les jeunes contre les pratiques de l’industrie du tabac et des industries connexes.
Monsieur Ba a également mis en garde contre l’apparition de nouveaux produits de nicotine, tels que les cigarettes électroniques et les sachets/perles de nicotine, qui sont largement promus auprès des jeunes, notamment via les plateformes numériques qu’ils utilisent. « En 2022, on estime que 12,5 % des adolescents de la région européenne ont utilisé des e-cigarettes, contre seulement 2 % des adultes. Dans certains pays de cette région, les taux d’utilisation des e-cigarettes chez les collégiens et les lycéens sont deux à trois fois plus élevés que les taux de tabagisme », a-t-il précisé. L’OMS rappelle
que les nouveaux produits du tabac et de nicotine ne sont pas sans danger. L’industrie du tabac et ses alliés tentent activement d’affaiblir les efforts de lutte antitabac en promouvant ces nouveaux produits comme moins risqués, afin de bénéficier de réglementations avantageuses, de recruter de nouveaux consommateurs et de maintenir les fumeurs actuels dans leur dépendance à la nicotine.
Madame Léou Camara, responsable du programme de l’organisation AMALUTS, a exprimé ses inquiétudes concernant l’augmentation de l’usage des e-cigarettes et du shisha parmi les adolescents en Mauritanie, bien que les statistiques
précises ne soient pas encore disponibles. Elle a souligné que l’industrie du tabac emploie diverses tactiques pour attirer les jeunes, notamment à travers des publicités séduisantes et des gadgets semblant. AMALUTS vise à sensibiliser les jeunes sur les dangers du tabac, à les dissuader de céder aux publicités trompeuses, et à les mettre en garde contre les nouvelles formes de consommation du tabac.
Elle a rappelé que le tabac est la première cause de mortalité évitable et entraîne une forte dépendance, tant physique (syndrome de manque) que psychologique et comportementale. La consommation de tabac expose les fumeurs à de nombreuses maladies
graves, y compris divers cancers (poumon, gorge, bouche, etc.), maladies cardiaques (infarctus, AVC, hypertension), maladie rénale chronique, BPCO (broncho-pneumopathie chronique obstructive) , insuffisance respiratoire et troubles érectiles. Madame Leou Camara a conclu en soulignant qu’il n’est jamais trop tard pour arrêter de fumer et que les bénéfices de l’arrêt du tabac sont rapides, dépendant de l’âge ou du nombre de cigarettes consommées par jour.
La Journée mondiale sans tabac 2024, sous le thème « Protéger les enfants de l’ingénierie de l’industrie du tabac », met en lumière l’urgence de renforcer les politiques antitabac pour protéger les jeunes. Bien que des progrès aient été réalisés dans la réduction de la consommation de tabac, la menace persistante des nouveaux produits de nicotine nécessite une vigilance accrue. Il est impératif que les gouvernements et les défenseurs de la santé publique intensifient leurs efforts pour contrer les stratégies de l’industrie du tabac et préserver les générations futures des dangers du tabagisme et de la dépendance à la nicotine.
Amy Fofana
