En Mauritanie les élections présidentielles de juin 2024 se rapprochent à grands pas. A un mois de l’annonce de la clôture du dépôt des candidatures au niveau du Conseil Constitutionnel, la situation demeure encore floue.
Si au niveau du camp du pouvoir, la candidature du président Ghazouani ne fait pratiquement aucun doute même si un faux suspens est savamment entretenu, du côté de l’opposition des candidatures sans grande envergure ont été annoncées ça et là, les tentatives d’une candidature unique de l’opposition ayant été renvoyées aux calendes grecques, laissant ainsi le champ libre à un remake du candidat du pouvoir.
Les réceptions-rupture du jeûne organisées au Palais présidentiel durant le mois de ramadan, sont des signes qui ne trompent pas. Il s’agit visiblement d’actes annonciateurs d’une précampagne qui permet au président candidat à sa propre succession de bien se remettre sur orbite en prévision des toutes prochaines joutes électorales.
Ghazouani est d’autant plus à l’aise qu’il n’a pratiquement pas de concurrent sérieux après la pacification de la scène politique et la domestication de la tête de pont de l’opposition radicale qui a été réduite à la portion congrue suite à la signature du pacte Républicain entre le gouvernement, l’Union des Forces de Progrès (UFP), le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD) et INSAF.
Ce fameux pacte a été unanimement rejeté par les autres partis de l’opposition qui ont réitéré leur rejet le10 mars dernier, à l’occasion de l’ouverture des Ateliers sur sa mise en œuvre.
Et c’est curieusement l’Union des Forces de Progrès (UFP ) qui fait figure de cheval de Troie en jouant le jeu du pouvoir qu’il avait jusque-là voué aux gémonies le qualifiant d’être à l’origine de tout le mal que connait le pays.
Et c’est aujourd’hui ce même parti qui donnait un peu de crédit à l’opposition qui s’est rangé avec armes et bagages du côté du pouvoir et qui se dirige vers un soutien à son candidat.
La résolution du Conseil National publié le 02 avril à propos de l’élection présidentielle en dit long sur les intentions du parti.
Comment expliquer ce retournement de veste ? S’agit-il d’un deal avec le pouvoir comme le soupçonnent certains ?
Le parti aurait eu une bonne part du gâteau au niveau des structures de la CENI. Dans un second temps des postes au niveau de l’administration seraient également prévus.
Ainsi, au sein du parti, l’approche d’une intégration au sein du pouvoir et d’une poursuite de la lutte à partir de l’intérieur du système semble prendre le dessus.
Quoiqu’il en soit, il y a anguille sous roche et les prochains jours nous édifieront sans doute sur la position définitive de ce parti visiblement éprouvé par une difficile traversée du désert.
Une chose est sûre, entre l’UFP et le pouvoir c’est la lune de miel et le parti a la côte au niveau des hautes sphères.
Un copinage avec le pouvoir, le temps de recharger les batteries semble donc être l’option la plus plausible.
Bakari Gueye