Au premier jour du forum de Lomé sur la santé infantile organisé par le Réseau des Médias Africains pour la Santé et l’Environnement (REMAPSEN) en partenariat avec l’Unicef, les participants ont suivi une communication du Dr Boon Alexandre de l’UNICEF, communication portant sur la santé néonatale et infantile en Afrique de l’Ouest et centrale (AOC).
Un tableau sombre de la santé néonatale et infantile en AOC
95 millions d’enfants de moins de cinq ans vivent en Afrique de l’Ouest et centrale en 2021, soit 14 % des enfants de moins de cinq ans dans le monde.
Cette région se trouve en très mauvaise posture comparée au reste du monde. En effet, les taux de mortalité en AOC sont les plus élevés au monde.
Les chiffres sont effarants et cette situation perdure. Déjà en 2000, les décès chez les enfants de moins de 5 ans étaient estimés à 2,2 millions soit 6 000 décès par jour, 250 décès par heure.
En 2021, les décès chez les enfants de moins de 5 ans représentaient1,9 millions soit l’équivalent de 5 200 décès par jour, 220 décès par heure.
Sur les 5 millions de décès chez les enfants de moins de 5 ans en 2021 dans le monde, 40 % sont survenus en AOC.
Chez les nouveau-nés, les décès survenus en 2021 s’élevaient à 2,3 millions dont 650.000 soit près de 30 % de ces décès en AOC.
Par ailleurs, même si le nombre de décès chez les enfants de 1 à 59 mois se réduit constamment, une proportion importante de décès survient entre 1 et 59 mois.
De ce fait, le nombre de décès néonatals ne se réduit pas. Une proportion importante des décès intervient dans la période post-néonatale.
Causes, conséquences et remèdes de la mortalité infantile
Les causes des décès des enfants de moins de 5 ans sont multiples. Elles peuvent être dus au paludisme, la rougeole, le tétanos, l’encéphalite, les anomalies congénitales, le septicémie, l’asphyxie à la naissance, à des infections respiratoires aiguës, à la diarrhée, la prématurité, le VIH…
Mais près de la moitié des décès d’enfants de moins de 5 ans sont imputables à la malnutrition.
Cette situation peu reluisante a des conséquences néfastes sur la vie et le développement des enfants. Elle impacte aussi considérablement l’atteinte des cibles ODD à l’horizon 2030.
Qu’est-ce qu’on peut faire pour éviter des décès ? A cette question, le responsable de l’UNICEF a noté que ces décès peuvent être évités par des interventions appropriées du secteur de la santé.
Entre autres par la couverture effective avec l’accessibilité et la qualité des services de santé et de nutrition essentiels tout au long du parcours de soins qui aident les enfants à survivre et à s’épanouir.
Des efforts accélérés seront aussi nécessaires pour réduire la mortalité tout au long du cycle de vie.
Les soins de santé primaires doivent par ailleurs être au cœur d’une réponse complète.
Il convient aussi de poursuivre activement l’alignement avec les efforts des autres secteurs et programmes. Et cela suppose l’intégration des services concernés.
L’engagement avec la population et les communautés est aussi important en plus du suivi rapproché et le rapportage des données de qualité.
Autre volet non moins important, les politiques et les actions multisectorielles qui doivent se traduire par une gouvernance et une coordination efficaces.
Il s’agira également de mener des actions ciblées pour la mise en œuvre des interventions révolutionnaires et prioritaires afin de sauver de vies.
Et pour se faire il conviendra d’œuvrer pour la mise en œuvre de la stratégie mondiale pour mettre fin à la mortalité maternelle évitable et le plan d’action « Chaque nouveau-né ». Ces actions doivent se traduire par des soins prénatals, des accouchements par du personnel qualifié ainsi que des soins postnatals, des soins obstétriques d’urgence, une prise de décisions pour la santé sexuelle et reproductive et des soins aux nouveau-nés malades et de petit poids.
L’action pour la survie de l’enfant doit aussi être implémentée ce qui devrait se traduire par l’immunisation des services intégrés de prévention, de diagnostic, de traitement des maladies des enfants (par ex. PCIME, PCIME-C, PSBI, TETU).
Cela nécessite des interventions à haut impact avec un renforcement du système de santé et une meilleure intégration des politiques dans les domaines de l’eau, de l’assainissement, de l’hygiène et de la nutrition.
Rappelons que le forum de Lomé qui a réuni une soixantaine de journalistes africains venus de 23 pays s’est tenu du 23 au 25 novembre dernier.
Bakari Gueye