Le Conseil Régional du Hodh Charghi : Un bilan encourageant

La politique de décentralisation engagée par les plus hautes autorités de l’Etat commence à porter ses fruits. Au Hodh Charghi, région immense recélant de grandes potentialités agro-pastorales, le président du conseil régional Mohamedou Tijani Mbeiry est plutôt confiant. Pour lui 

: « La volonté politique de l’Etat d’accompagner les Régions s’est matérialisée à travers les dotations accordées aux Conseils Régionaux et les mesures prises pour assurer un transfert effectif de compétences. La redynamisation des instances de pilotage de la décentralisation et l’adoption de la stratégie nationale de décentralisation et de développement local traduisent les engagements du président de la République à faire de la décentralisation un levier de développement régional. »

Le président du Conseil Régional s’est félicité des appuis apportés par l’ensemble des départements ministériels, à la Région aussi bien sur le plan matériel que technique, des appuis qui ont été déterminants dans la mise en œuvre des plans d’actions.

Ainsi, les partenaires techniques et financiers (PNUD, GIZ, HCR, AFD, UNICEF et PAM ont apporté des appuis inestimables souligne Mohamedou Tijani, des appuis ayant permis à la région de renforcer ses capacités techniques, d’élaborer des documents de planification et de réaliser des projets destinés aux couches vulnérables.

La collaboration des autorités administratives régionales, des services techniques, des élus locaux et des acteurs de la Société Civile et leur disponibilité ont beaucoup joué dans la réalisation de ce bilan, note le président de la Région qui ajoute que les populations de la Région dans leur ensemble et en particulier ceux ayant bénéficié directement des actions réalisées ont fortement contribué à l’atteinte des objectifs de ces plans d’actions grâce à leur engagement et à leur sens du civisme.

Le bilan du Conseil Régional du Hodh Charghi se présente comme suit.

Contexte général

Le Hodh Charghi couvre une superficie de 182.700 km2, représentant environ 17,73% du territoire national avec une population de 430.668 habitants.

Le Dhar, chaîne de montagnes culminant à 135 m, s’étendant de Néma à Walata, délimite deux grands ensembles géomorphologiques : les formations dunaires du Dhar et de l’Aouker qui rejoignent la Majjabat El Koubra au Nord, et à l’Ouest et au Sud les plaines de Kouch et Tilimsi qui constituent une sorte de cuvette donnant son nom à la Wilaya. Elle est limitée à l’Ouest par le Hodh El Gharbi, le Tagant au Nord-Est et au Nord par l’Assaba et l’Adrar, à l’Ouest et au Sud par le Mali.

Sur le plan administratif, la wilaya compte sept Moughataa et trois arrondissements.

La wilayya souffre depuis plusieurs années de conditions climatiques défavorables qui ont largement affecté son potentiel productif.

La diminution des potentialités agro-pastorales, la dégradation de l’environnement et la limitation de l’accessibilité à l’eau pour les populations, ont été à l’origine de la baisse des revenus et de la détérioration du cadre environnemental, entraînant une migration des populations vers les grands centres urbains notamment Nouakchott et ers le Mali, pas frontalier, vers lequel existe une longue tradition de mouvements migratoires.

Dans ce contexte généralisé de dégradation des ressources naturelles et de désagrégation du tissu social, la Wilaya doit faire face à un défi majeur consistant à restaurer la viabilité et la pérennité des systèmes productifs et à consolider la base économique.

Le développement et la réduction sensible de la pauvreté dans la wilaya, passent bien évidemment par l’accroissement de la productivité des systèmes de production locaux : élevage, cultures pluviales, cultures de décrue et maraîchage.

L’amélioration de la couverture sanitaire, l’éducation et la sensibilisation des populations ainsi que la lutte contre les tares sociales et les mentalités rétrogrades, revêtent une importance capitale sur la voie de la réalisation des objectifs.

Le Conseil Régional de la wilaya, récemment installé, a été doté d’un ensemble de prérogatives lui permettant de prendre en charge certains aspects du développement local.

Néanmoins, force est de constater que les moyens affectés et les capacités de ses instances, ne leur permettent pas de jouer le rôle qui leur a été assigné. D’où la nécessité d’un engagement fort de l’Etat et au plus haut niveau pour accompagner ces instances. En dépit de cela, le Conseil Régional du Hodh Charghi a selon son président déjà lancé une dynamique en vue d’aborder la question du développement local dans une démarche participative innovante qui met en valeur les acteurs locaux et mobilise les partenaires techniques et financiers nationaux et internationaux.

Grâce aux moyens financiers alloués par l’Etat en 2021 et l’appui des partenaires (PNUD, UNICEF, GIZ, HCR, etc), le Conseil a réalisé un certain nombre d’activités qui ont permis de contribuer substantiellement aux efforts nationaux en matière de réduction des conséquences socioéconomiques de la Covid 19.

Plan d’Actions 2021

L’année 2021 a été particulière pour le Conseil Régional du Hodh Charghi en raison des importantes activités réalisées grâce aux appuis de l’Etat et des partenaires.

Grâce aux appuis de ses partenaires, la Région a disposé d’une assistance à la maîtrise d’ouvrage dont l’apport a été déterminant dans la mise en œuvre du Plan d’Actions 2021.

Par ailleurs, la Région a élaboré certains documents importants pour le pilotage du développement régional.

Pour assurer une meilleure coordination avec les interventions des autres acteurs, ceux-ci ont été impliqués dans les différentes phases d’élaboration de ce plan d’actions.

Les bénéficiaires potentiels ont été à leur tour consultés à travers des réunions de concertation organisées au niveau de quelques départements. Enfin, l’avis des autorités administratives et des services techniques régionaux ont été pris en compte, notamment pour les aspects liés aux types de bénéficiaires et des modalités de mise en œuvre.

Dans le domaine de l’éducation, l’intervention de ce programme a déjà touché six établissements prioritaires qui sont : le lycée 2 de Néma, le lycée de Timbédra, le lycée d’Amourj et l’école fondamentale de Guelb Jmel.

Les travaux ont porté entre autres sur la construction de nouvelles salles de classes, la fourniture de tables-bancs, la réparation de la menuiserie, la réfection des dalles, la réhabilitation des clôtures et la réfection des latrines. Le nombre d’élèves bénéficiaires de ces services est estimé à 2800.

Dans le domaine de la santé animale, dix parcs de vaccination ont été réalisés au niveau des localités de Mahmouda, Boukhzama, Ain Oulad Nayayri El Megva, Nbeikite Lahwach, Kumbi Saleh, Djiguéni, Jreive, Nyaye et Ehel Deide.

Ces parcs ont été réalisés suivant le lieu identifié en collaboration avec les services techniques, les communes, les éleveurs et les populations locales.

Dans le domaine agricole, trente diguettes (30) ont été réalisées au profit de 600 ménages répartis entre les communes de Néma, Timbédra, Bougadoum, Oum Avnadech et Oualata, en plus de la fourniture de matériel de protection de cultures, de charrues à traction animale et la mise à disposition d’un tracteur.

Dans le domaine de la santé, la région a financé les travaux de réhabilitation du centre de santé de Oualata dont le bâtiment était dans une situation dégradée.

Les travaux ont porté sur la reprise des enduits, de la menuiserie, la peinture et le carrelage. Rappelons qu’il s’agit de l’unique structure de santé au niveau de la zone et par conséquent elle bénéficie à une population de plus de 10.000 habitants.

S’agissant des activités génératrices de revenus, au total 10 GIE de jeunes (50 jeunes) ont été appuyés pour la mise en place d’ateliers. Chaque GIE a reçu un lot d’outillage et un fonds de roulement.

La première phase de ce programme a touché les moughataas de Néma, Djiguéni, Adel Bagrou et l’arrondissement de Aoueinat Zbil.

Par ailleurs, le Conseil a financé 29 coopératives féminines au profit de femmes issues de ménages pauvres. Les coopératives financées s’activent essentiellement au niveau du petit commerce, du maraîchage et de l’artisanat. Le nombre de femmes bénéficiaires est de 290 femmes réparties entre les communes de Néma, Bassinou, Amourj, Adel Bagrou et Bangou.

Bilan des activités réalisées

Sur le plan institutionnel, le Conseil Régional du Hodh Charghi a organisé toutes les sessions statutaires avec une forte présence des conseillers régionaux.

Ces sessions ont été mises à profit pour valider le budget et le Plan d’Actions 2021 tout comme pour passer en revue les problématiques de développement de la wilaya et le rôle que doit jouer la Région, en collaboration avec les autres acteurs pour engager une nouvelle dynamique de développement. Il faut rappeler que le Conseil Régional ne dispose pas de ressources humaines lui permettant d’assurer pleinement les missions qui lui sont dévolues.

En dépit de ces contraintes, le Conseil a engagé une campagne de sensibilisation des acteurs, aussi bien au niveau central que régional en vue de créer des partenariats pour la mise en œuvre de son Plan d’Actions. Ces contacts ont permis de mobiliser trois partenaires qui sont : le PNUD à travers le PAGOUDEL, la GIZ et le HCR à travers PRONEXUS et l’UNICEF. Grâce aux appuis de ces partenaires, la Région s’est dotée d’une assistance technique, d’un Plan d’Actions prioritaires (2022-2025, d’une cellule de cohésion sociale, d’un plan régional de riposte aux conséquences socioéconomiques de la Covid 19.

Partenariat

Dans le cadre de la coopération décentralisée, le Conseil Régional a signé 2 importantes conventions de partenariat, l’une avec la Région de Fes-Méknes et la seconde avec la province de Schanxi en Chine.

Ces partenariats permettront de renforcer les capacités de la Région dans les domaines de l’aménagement du territoire, l’agriculture et l’élevage grâce à des transferts de compétences qui seront assurés par les deux régions partenaires au profit du Conseil Régional du Hodh Charghi.

La Composante Investissement : Mise aux normes des établissements scolaires

L’enseignement secondaire au Hodh Charghi fait face à plusieurs contraintes qui ont affecté fortement sa qualité.

Les principaux indicateurs du système éducatif pour la région sont parmi les plus bas au niveau national (taux de réussite au bac, taux d’enfants hors écoles, taux de scolarisation) ;

Aussi, le mauvais état des infrastructures et l’insuffisance du nombre de salles de classes sont des contraintes qui affectent négativement les conditions d’accès à l’éducation.

Pour contribuer aux efforts visant l’amélioration de la scolarisation, en particulier   le renforcement de l’école républicaine, la Région a identifié un programme de mise aux normes des établissements scolaires du secondaire, qui devrait à terme toucher tous les établissements. L’intervention de ce programme a déjà touché 6 établissements prioritaires qui sont le lycée 2 de Néma, le collège 1 de Néma, le lycée de Timbédra, le lycée de Djiguéni, le lycée d’Amourj et l’école fondamentale de Guelb Jmel. Les travaux ont porté entre autres sur la construction de nouvelles salles de classes, la fourniture de tables-bancs, la réparation de la menuiserie, la réfection des dalles, la réhabilitation des clôtures et la réfection des latrines.

Programme de construction d’équipements vétérinaires

L’élevage constitue la principale activité pratiquée par la majeure partie des populations de la région. Dès lors, son développement est une priorité sur laquelle l’ensemble des acteurs s’accordent. Pour contribuer aux efforts dans ce domaine, la Région a mené des rencontres avec les principaux acteurs du secteur (éleveurs, Délégation de l’Elevage, autorités, Société Civile, etc) afin de dégager les activités prioritaires qui peuvent être appuyées par le Conseil Régional. Il s’est dégagé de ces concertations, l’urgence d’améliorer la couverture sanitaire du cheptel à travers la construction d’infrastructures au niveau des zones de concentration du cheptel.

C’est ainsi que 10 parcs de vaccination ont été réalisés au niveau des localités de Mahmouda, Boukhzama, Ain Oulad Nayayri El Megva, Nbeikite Lahwach, Kumbi Saleh, Djiguéni, Jreive, Nyaye et Ehel Deide. Ces parcs ont été réalisés suivant le modèle agréé par le Ministère de l’Elevage, leur emplacement a été identifié en collaboration avec les services techniques, les communes, les éleveurs et les populations locales.

Ces infrastructures ont été réalisées en collaboration avec les communes qui ont procédé à la mise en place des Comités de gestion pour assurer la durabilité des investissements. On estime la capacité de ces parcs à plus de 80.000 têtes de bétail par an.

Programme de construction de diguettes

Le programme de construction de diguettes a pour objectif principal d’accroitre les superficies cultivables et d’améliorer la sécurité alimentaire au niveau de la Wilaya.

Ce type d’ouvrages peu coûteux et dont l’exécution est plus ou moins facile, permet de retenir les eaux pluviales au niveau des zones de cultures dont la plupart ont subi des dégradations en raison des déboisements et du changement climatique.

En 2021, la région a loué un chargeur pour une durée de 45 jours. Grâce à cette opération plus de 30 diguettes ont été réalisées au profit de 600 ménages répartis entre les communes de Néma, Timbédra, Oualata, Bougadoum et Oum Avnadech.

En 2022 la Région a acquis un tracteur pour aider les paysans dans les opérations de défrichage et de labour. Elle a aussi distribué un important lot de charrues à traction animale.

La Région a procédé aussi à la distribution de matériel de protection des cultures au profit des populations bénéficiaires du programme de diguettes. Il convient de souligner que cette intervention permettra d’atténuer les tensions entre éleveurs et agriculteurs tout en assurant une bonne production agricole.

Les principaux bénéficiaires de ce programme sont les populations vulnérables.

Programme de mise aux normes des centres de santé

Dans le domaine de la santé, la Région a financé les travaux de réhabilitation du centre de santé de Oualata dont le bâtiment était délabré. Les travaux ont porté sur la reprise des enduits, de la menuiserie, la peinture et le carrelage.

 Le centre est désormais dans un état qui permet au personnel soignant d’offrir des soins de santé selon les normes. Rappelons qu’il s’agit de l’unique structure de santé au niveau de la zone et permet d’assurer une couverture sanitaire à une population  de plus de 10.000 personnes habitants dans la zone.

Programme d’accès à l’eau

Dans ce domaine, l’intervention a porté sur la mise en place d’un système d’exhaure et d’ouvrage de stockage d’eau au niveau de 8 puits. Ces projets sont destinés à l’abreuvement du cheptel et en même temps à l’alimentation en eau potable des populations nomades vivant autour de ces points d’eau.

La mise en place des moyens d’exhaure solaire permettra d’assurer un approvisionnement régulier des différents usagers tout en réduisant les coûts d’exploitation. Les réserves d’eau sont munies d’ouvrages permettant d’alimenter séparément les populations et le cheptel.

Programme d’appui aux initiatives des jeunes et aux coopératives féminines

Ce programme a pour objectif d’appuyer les initiatives portées par les jeunes, notamment ceux disposant d’une formation professionnelle. A travers ce programme, la Région vise à réduire le chômage assez élevé des jeunes, tout en améliorant l’offre de services dans certains secteurs –clés tels que la plomberie, la maçonnerie, l’électricité et le froid.

Au total, 10 GIE de jeunes (50 jeunes) ont été sélectionnés sur la base de critères fixés par la commission mise en place par le Conseil Régional. Chaque GIE a reçu un lot d’outils et un fonds de roulement pour la mise en place d’un atelier. La première phase de ce programme a touché les Moughataas de Néma, Djiguéni, Adel Bagrou et Aweynat Zbil.

Par ailleurs, le Conseil a financé 29 coopératives féminines au profit de femmes issues de ménages pauvres. Les coopératives féminines financées s’activent essentiellement au niveau du petit commerce, du maraîchage et de l’artisanat. Le nombre de femmes bénéficiaires est de 290 réparties entre les communes de Néma, Bassiknou, Amourj, Adel Bagrou et Bangou.

Au vu de sa courte expérience et de moyens humains et matériels encore très limités, ce bilan du Conseil Régional du Hodh Charghi est globalement positif. Néanmoins il est naturellement en dessous des attentes des populations de cette région au grand potentiel sylvo-agro-pastoral qui a encore besoin de beaucoup d’investissements de la part de l’Etat et des bailleurs de fonds pour assurer son décollage économique.

Par Bakari Gueye

Source : Mensuel HORIZONS N°033/Avril 2023

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