Guillaume Orsal fait partie de l’organisation du « raid transmauritania ». Pendant six jours, des cyclistes traversent le désert et ses dunes et découvrent une autre culture.
Guillaume Orsal est un aventurier. Le quadragénaire ne dit jamais non à une nouvelle expédition. Enfin, si ! Mais pour la bonne cause. Pour la première fois, il a dû renoncer à « son » épreuve puisqu’il vient d’accueillir son deuxième enfant. Entre les couches et les biberons, il va participer à sa manière à ce raid.
« Je vais me charger de faire un suivi live de la course. En espérant que le réseau soit correct pour que je récupère les informations », explique Guillaume Orsal.
Les années précédentes, le live était en décalé d’une semaine. « Quand on était rentré le lundi, on racontait ce qu’il s’était passé le lundi d’avant… »
« Une épreuve unique »
Ils seront 24 à s’envoler pour participer à ce raid, du 18 au 25 février 2023. « C’est une aventure qui offre autant un voyage intérieur, qu’un voyage par les paysages », renseigne le co-organisateur. Le Nogentais revient sur l’origine de ce raid pas comme les autres. « C’est même une épreuve unique, car c’est la seule qui propose tant de dunes dans son parcours », précise-t-il.
C’est en 2017 que l’idée émerge chez Yann, un ami de Guillaume. « Il avait enseigné là-bas à Nouakchott (la capitale, NDLR). Le tourisme commençait à revenir, donc on a voulu accompagner cette relance. »
Joint à cela, « la démocratisation du fatbike ». Il n’en fallait pas plus aux deux amis fous de nature pour se lancer dans ce défi. Oui, car ce n’est pas sur un simple VTT que ce raid se parcourt, mais un fatbike. Un VTT plus solide avec de grosses roues en somme. Mais pour monter les dunes, pas trop le choix.
12 crevaisons
En 2018, avec cinq amis, Guillaume a traversé ce pays en repérage pour un futur raid. « On voulait remarquer les pièges, voir si c’était faisable. Bon, après 12 crevaisons avec les chambres à air, on a vite opté pour les pneus tubeless », sourit le sportif. Sur place, c’est Boydya, un guide qui leur fait découvrir son pays et devient rapidement l’homme à tout faire.
Un an plus tard, en février, ils étaient une petite dizaine d’aventuriers dans le désert mauritanien. En 2020, « on passe juste avant le Covid, on était une trentaine. Au retour, à l’aéroport, on a découvert que tout le monde avait des masques », se souvient-il.
Malheureusement, en 2021, l’épreuve a dû être annulée. « On s’inquiétait un peu pour les copains sur place », rembobine Guillaume. En 2022, tout est rentré dans l’ordre, « on avait une vingtaine de participants ».
Loisir et compétition
Chaque année, les organisateurs essayent de varier le parcours. « Car on a des gens qui reviennent d’une année sur l’autre. » Ainsi, ils passent par le célèbre Fort Saganne, décor construit pour le film du même nom avec Gérard Depardieu et Sophie Marceau ou encore l’oasis de Terjit… Des étendues à perte de vue…
Mais, en quoi consiste le raid ? Plutôt loisir ou compétition ? « Ce sont les deux. Ceux qui veulent la jouer sportif vont le plus vite possible, pour ceux qui veulent prendre leur temps pour de la randonnée, c’est possible aussi. Nous avons vraiment tous les niveaux. Finalement, au bout de quelques jours, même les compétiteurs s’arrêtent prendre quelques photos », glisse Guillaume, habitué au rôle de vélo-balai et du drone.
Car c’est une logistique énorme !
« Nous avons la chance d’atterrir directement à Attar, lieu du départ du raid. Ensuite, c’est que du bivouac hormis une petite auberge. Mais, il y a des voitures qui nous suivent, et encore elles ne peuvent pas aller partout. Dans certaines dunes, il n’y a que les vélos qui peuvent passer », raconte Guillaume Orsal.
Dix locaux embauchés
Des voitures avec des chauffeurs locaux. « On embauche une dizaine de personnes comme cuisiniers, chauffeurs… Et ils sont polyvalents. Mais aussi, le dernier soir, il y a un concert avec un groupe local, un méchoui. » Car participer au tourisme, c’est faire vivre quelques personnes de ce pays. « Une semaine de raid permet de faire vivre une famille pendant 15 jours », lance Guillaume à titre d’indication. Sur place, l’organisation reste deux semaines. Une semaine supplémentaire est prévue pour les reconnaissances de la prochaine édition.
En ce qui concerne, ce raid, c’est le principe de la course d’orientation, « on vient de ce milieu-là, donc c’est une balise à poinçonner quand on y passe ».
5 à 6 litres d’eau par jour
Devant l’étouffante chaleur qui pèse sur les organismes, les étapes – qui font entre 30 et 60 km – ne se disputent que le matin. « On se lève vers 6 h 30. Le départ est donné entre 7 h 30 et 8 h. Ensuite, à 13 h, tout le monde est arrivé. L’après-midi, c’est libre, sieste, visites… Et le soir, on mange tous ensemble », résume l’organisateur. Rien que dans la matinée, « la température peut monter jusqu’à 35° ».
Chaleur oui, mais donc beaucoup d’eau. « En moyenne, c’est cinq à six litres d’eau par jour et par personne. Ça fait un certain nombre de litres à transporter et à acheter. »
Ce raid, ouvert à tous, accueille des sportifs de toute la France, et au-delà. « On a eu des Américains qui vivaient en Mauritanie, des Espagnols… »
Le 18 février 2023, ils seront une soixantaine – accompagnateurs compris – à se retrouver dans le désert pour une semaine éreintante, mais ô combien enrichissante.
Par Valentin Mauduit