A Rosso où il vient d’effectuer une visite éclair dans le cadre d’une précampagne qui ne dit pas son nom, le président de la République apparemment gêné voire même excédé par les déclarations triomphalistes de ses soutiens plus prompts à jouer aux laudateurs qu’à mouiller la chemise et contribuer à la mise en œuvre de son ambitieux programme.
Comme il l’a déjà fait à Ouadane, à l’ENJAM et tout dernièrement à Tichit, à Rosso, Ghazouani a fait une intervention atypique qui va à contre courant des discours politiciens, dithyrambiques et le plus souvent creux et en porte-à-faux avec la réalité, distillés à tout-va par de soi-disant soutiens qui rivalisent de zèle pour demeurer dans les bonnes grâces du maître de céans.
En faisant son autocritique au cours de la réunion des cadres à Rosso et en optant pour une rupture totale avec la langue de bois, en se rendant à l’évidence et en reconnaissant les déficits au niveau de plusieurs secteurs gouvernementaux, Ghazouani a coupé l’herbe sous les pieds de ses ministres et autres grands décideurs de la haute administration qui, dans leurs discours quotidiens transforment par on ne sait quelle alchimie toutes leurs actions et celles du gouvernement en pépites d’or.
Pas de place pour l’erreur. C’est à croire que le mauritanien lambda n’a rien à envier à Alice au pays des merveilles.
Or, il n’en est rien bien entendu. La réalité est tout autre et cela transparaît en filigrane dans le discours du chef de l’Etat qui délivre là un précieux message pour sa garde politique rapprochée, aux membres de son gouvernement qui doivent comprendre que ce n’est pas avec les beaux discours frisant souvent la démagogie qu’on construit un pays. Au contraire c’est par des actes concrets, des projets bien ficelés, une vision claire et une gestion au dessus de tout soupçon des deniers publics, qu’on arrive à faire bouger les lignes.
On aura également toujours besoin de cette dose d’autocritique. Le président de la République a donc bien fait de jeter un cheveu dans la soupe. En espérant que son intervention fera figure de jurisprudence, nos ministres et autres dirigeants ne doivent plus être plus royalistes que le roi. Ils doivent profiter de cette brèche pour, dorénavant, parler honnêtement et objectivement de la réalité. C’est ce qu’on attend d’eux. Personne ne les oblige à faire autrement. Pas le Président de la République en tout cas, qui n’a pas besoin de ces guirlandes de fleurs qu’on lui jette à longueur de journée. Ce n’est ni dans son intérêt ni dans l’intérêt du pays.
Bakari Gueye