La révolution des ventres vides

L’opulence est une tare pour celui qui ne sait pas que dans la gestion de la chose publique, l’appropriation est mère de toutes les dérives.


Au pays où le paradis est un refuge pour le désespoir des humains, un conseil des nantis aux riens, au même pas rien et le tout sous-tendu par une idéologie de l’acception du ‘’maktoub’’, l’on frôle la démence de la ‘’mécréance ‘’ du ventre vide.
Ventre affamé n’a point d’oreille, et oreille affamée se nourrirait-elle de quelques salives ? Patience est une insulte dans la bouche d’un glouton, Gargantua a fait des émules au pays des ramasseuses des graines évadées des camions qui sortent du port autonome sans autonomie de voisinages que misère et décrépitude, et la résilience comme seul abcès de survie et d’une réalité purulente.
3000 MRU pour 40 heures de travail hebdomadaire depuis le 1er septembre 2011 est le SMIG mauritanien qui soit dit en passant ne concerne pas la grande majorité de ceux qui tirent le diable par la queue et ne ramènent même pas le vide de leur paume par ce qu’asséché par la ténacité des ventres creux et des orbites atones que peuvent constituer comme abime le silence d’une marmite au cœur d’un foyer éteint, froid et seulement emplit de désespoir.
Désespoir, d’une mère, d’un père de famille à l’échine courbée et qui pourtant ne rechigne pas à la tâche mais qui pour autant porte la souillure de l’incapacité à assumer les besoins, comme les responsabilités primaires d’une maman, d’un papa au trime mais amputé de dignité. Au secours madame équité !
Ici-bas, qui ne connait la forte désillusion des ouragans des slogans de campagnes ? Ceux qui ne prétendent donner que pour mieux briser dans la plus crasse des arrogances ; d’ailleurs qui ne sait pas que les promesses n’engagent que ceux qui y croient. La dignité est finalement un luxe que ne peut s’offrir tout un chacun.
Nos politiques sont fortes de volonté en apparence et avec pour caractéristique une absence totale de vision et de baromètre sinon faites à l’aune de l’illusion de qui est le mauritanien et non de ce qu’il vit, de sa réalité prégnante.
Les réalités du citoyen lambda c’est trimer, ne rien avoir, se contenter de rien, remercier le ciel, avoir zéro de perspective et par la grâce de smartphone ; vivre par procuration et peut-être aussi que j’exagère un peu mais la grande question c’est certainement, comment faire pour avoir des citoyens, des Hommes repus au point d’avoir de l’intérêt pour les questions de la cité, d’être suffisamment rassasiés pour se rappeler d’appartenir à un Tout et d’y avoir des responsabilités et des comptes à rendre.
Si l’on se pose la question de savoir, comment l’intégrité peut-elle aider à répondre à l’oppression alors on sera dans l’obligation de prospecter et nos consciences et nos sens car à sciemment être sourd et aveugle des iniquités, des disparités sociales qui font et rendent illusoire la transition de nos états en nations.
Comment l’honnêteté peut-elle répondre à la duplicité, la tromperie, les mensonges ou encore, que fait la décence face aux insultes, aux agressions et aux attaques ? Aussi, que peut la vertu, face aux forces brutes si ne n’est le courage ?
Quand on ne sait que haïr, que l’on apprend à détester, alors on ne voit plus des concitoyens mais des ennemis et toutes formes de revendications de reconnaissances aussi logiques que légitimes portées par une partie de la communauté nationale, ne peuvent être vécues que comme une négation par la face confortable des citoyens qui se veulent et se voient comme unique norme d’une prégnante anormalité.

                                                                                                                             Djeinaba Abdoulwahab Touré

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