« Il n’y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où est le port ». L’augmentation du prix des matières premières de ces derniers temps a provoqué une hausse des prix de certains aliments et fait naitre beaucoup de préoccupations dans le monde, particulièrement les pays pauvres comme la Mauritanie, le Sénégal, le Benin, etc…
Dans cette alarmante situation, « le laisser aller » n’est pas une bonne option, au contraire il ne fait que rendre la vie de plus en plus chère, alors que le rôle d’un Etat sérieux c’est aussi de veiller à sa population.
Une voie à géométrie variable du marché mènera nulle part et engendra qu’une révolution sociale à l’épreuve de l’inflation.
La main invisible d’ADAM SMITH gagne du terrain dans les pays pauvres comme la Mauritanie, les denrées de premières nécessitées augmentent graduellement, les commerçants sont faiseurs de roi chez nous, ils augmentent les prix en leur guise au vu et su de nos autorités compétentes.
Malheureusement, force est de constater que le laxisme de l’Etat fait que ces derniers profitent pour augmenter leurs marges face à des ménages dépassés et qui n’ont pas le choix, oui seuls les consommateurs finaux sont perdants.
En temps de crise, un diagnostic très détaillé de la situation doit être fait pour alléger les souffrances de sa population, le rôle d’un gouvernement digne de son nom c’est contrôler le marché, c’est de veiller à ce que le prix soit stable, corriger les dysfonctionnements, améliorer le fonctionnement de l’économie du marché, réguler les prix marchés (politique économique pour favoriser et entretenir la croissance).
Une politique de relance Keynésienne s’impose également, réduire les impôts afin d’accroitre le pouvoir d’achat des ménages sont des mesures efficaces pour lutter contre l’inflation. L’intervention de l’Etat dans l’économie ne doit pas se limiter à un « Etat gendarme » comme disait Keynes, ce dernier peut pratiquer une politique de lutte contre l’inflation très interventionniste en fixant les prix des biens vendus par les commerçants (c’est le cas par exemple pour le pain, bien de base indispensable pour la population) et condamner ceux qui ne respectent pas ces prix.
Chers dirigeants, le Diagramme d’ISIKWA (tuer le mal par sa racine) est la seule méthode qui peut résoudre le problème d’une population qui est en colère face à une flambée de prix.
Effet papillon : « Un évènement minime et lointain peut provoquer une importante conséquence indirecte et insoupçonnée » Il est regrettable qu’au moment où le ciel se dégage après la Covid 19, d’autres nuages soient apparus. L’invasion, par la Russie, de l’Ukraine a fortement déséquilibré et impacté les économies africaines fortement tributaires de blé russe et ukrainien.
Un pays désertique tel que la Mauritanie, possédant des terres fertiles et cultivables dépend à 8% du blé russe et 48% du blé ukrainien, dépendance totale 56% (Source FAO). D’après l’Indice National des Prix à la Consommation (INPC), les produits alimentaires et boissons non alcoolisés ont enregistré une inflation de 4.3% au mois d’Avril (Source ANSADE).
Chers décideurs, nullement besoin de vous rappeler qu’en ce Siècle des Grandes Crises tout Etat sérieux et ambitieux doit adopter une politique de souveraineté nationale dans laquelle l’autosuffisance alimentaire doit occuper une place prépondérante qui passe par la priorisation des cultures vivrières, le soutien de nos producteurs locaux et la mise en place d’une politique protectionniste. Environ 20 millions d’hectares (soit 20% de la superficie du pays) sont aptes à diverses activités agro-Sylvio-pastorales (Source IFAD), à cet effet, il n’est pas trop tard avec un peu plus de volonté nous pouvons y arriver.
Un système d’agriculture irriguée grâce à l’eau du fleuve Fouta et de ses affluents, une pluviométrie assez importante, techniquement la production de riz doit être très importante.
Pourquoi nos dirigeants ne saisissent-ils pas les Opportunités ?
« Sans l’agriculture, pas de développement », rappelle le président de la BAD, Akinwumi Adesina
S’agissant de l’agriculture, la potentialité de la Mauritanie n’est plus à démontrer mais comme le disait M. Borlaug, « le potentiel ne se mange pas ! ».
Un pays qui a des terres arables et irrigables au fleuve Sénégal, il est plus que normal que ce dernier opte pour la résilience et des mesures de protection face aux chocs.
La résilience peut être définie comme « la capacité des communautés et systèmes à faire face aux chocs, mais aussi à s’y préparer, voire à les éviter et s’y adapter sur le long terme » (Lallau et al. 2018).
Le riz constitue par exemple l’un des secteurs les plus importants de l’agriculture mauritanienne, le pays doit prendre la décision de créer de nouveaux systèmes agraires, des systèmes qui permettent d’intégrer à la fois des petits exploitants et une nouvelle génération dynamique d’agro entrepreneurs familiaux et industriels, et surtout les protéger.
Par ailleurs, nous société civile, notre responsabilité doit être interpelée car nous devons aussi apporter notre pierre à l’édifice du développement, ne soyons pas fatalistes, n’attendons pas tout de l’Etat qui n’est que nous-mêmes.
En cette période de crise, c’est le rôle des organisations de la société civile de se lever et dire (manifester) au gouvernement de mettre en place des mesures pour réduire l’impact d’une telle hausse sur les consommateurs
A l’instar de l’ASCOSEN (Association des Consommateurs du Sénégal) qui défend et protège les intérêts des consommateurs, lutte contre la spéculation, lutte contre l’importation de produits non conformes et des produits dangereux au Sénégal, formation au consumérisme, etc.
Quand on veut on peut, alors soyons solution pour le pays
Par Souleymane Mangassouba dit Jules et Aly Koita