Concertation, ils ont dit ? Ce qui équivaut à action de se concerter qui est une pratique consistant à faire précéder une décision d’une consultation des parties concernées. Peut-être sous d’autres cieux ou dans le rêve de ce qu’aurait dû ressembler à la Mauritanie.
La réalité de notre pagaille est un résultat recherché
Notre éducation nationale est sans éducation aucune et notre système éducatif se caractérise par une absence de vision, dans le meilleur des cas, fait d’incompétences et le pire de ‘’mine tey’’ ; c’est-à-dire fait sciemment dans une logique d’exclusion voulue, calculée, planifiée, et mise en exécution à la perfection. Un cynisme qui pourrait être un atout si seulement appliqué aux projets de développement. La réalité de notre pagaille est un résultat recherché.
En Mauritanie, la question nationale est une plaie béante et putride qui n’est conçue que dans le sens dominant / dominé. Que dans l’oppression et la surenchère du ‘’je suis’’ et ‘’tu ne seras sera jamais’’. Sinon réduite à l’état d’un rien, et ce, parce que ces quarante dernières années, le citoyen mauritanien ne s’est vu dans nos politique publiques que par le pluriel. Lequel des citoyens mauritaniens ?
Si on tente une explication, ce serait l’équivalent d’un circuit et, pour l’illustrer, arrêtons-nous à la réforme de 1979 qui a introduit le bilinguisme supposé et qui, populairement, était appelée ‘’arabisants’’ vs ‘’ francisants’’. Un premier pas vers la division et la stigmatisation du citoyen lambda mauritanien.
Soyez à la même école, ne vous parlez presque pas. Erigeons une sorte de compétition malsaine entre vous et surtout regardez-vous en chiens de faïence avec pour fond le mépris des premiers pour les supposés déracinés et suppôts de Satan, parce que ‘’ francisé’’ ; et les second avec des relents de ‘’je suis dans l’air du temps’’ et ‘’on ne boxe pas dans la même catégorie’’.
Une rupture pensée et largement consommée par deux décennies de mauritaniens qui n’auront désormais de commun que la pièce d’identité, et encore, pour ceux qui ont le Graal de l’avoir !
la réforme de 1999 s’est voulu un pansement de nos maux
Ensuite faisons une escale à la réforme de 1999 qui s’est voulu un pansement de nos maux, sans une reconnaissance quelconque de notre hérésie nationale face à notre dit système éducatif. Du coup porté à notre Mauritanie par un noyau de compatriotes en mal d’être mais avec une pensée rétrograde et une mission de déconstruction, oubliant que nous sommes un peuple multiple et divers à l’image de la sourate Al Hujurat-49-13 : « O hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez. Le plus noble d’entre vous, auprès d’Allah, est le plus pieux. Allah est certes Omniscient et Grand Connaisseur. »
De la pensée séparatiste au discours de déconstruction, le palier action de morcellement a débuté avec l’école avant de s’étendre à tous les niveaux jusque dans les foyers.
En fractionnant l’école, on a fracturé exprès nos communautés
Les différentes réformes se sont sciemment voulues décroissantes dans le sens du vivre ensemble, de la cohésion sociale, de l’éducation, de la compétitivité, du développement et, aussi et surtout, des perspectives d’avenir. Notre approche est la version du film « l’étrange Histoire de Benjamin Button » sans la beauté ou la tendresse de ce dernier.
En fractionnant l’école, on a fracturé exprès nos communautés et jusqu’à nos familles car à éducation diluée et sabotée, point de salut pour personne ; même pas les stratèges et artificiers de la discorde. Quand ma paille brûlera, elle emportera ton zinc, ta concession, ta maison en terre cuite et bien entendu ton bâtiment en béton, car le malheur sera un destin commun pour la demeure Mauritanie. Je ne partirai pas. Tu ne partiras pas. Lui non plus. Elle encore moins. On sera ou on ne sera pas !
La Mauritanie est un pays multiculturel, n’en déplaise aux chauvins et c’est inscrit dans notre constitution en son Article Premier dit des Dispositions Générales et Principes Fondamentaux en ces termes :’’ La Mauritanie est une république Islamique, indivisible, démocratique et sociale. La République assure à tous les citoyens sans distinction d’origine, de race, de sexe ou de condition sociale l’égalité devant la loi. Toute propagande particulariste de caractère racial ou ethnique est punie par la loi ‘’. Et de poursuivre à son article 2 l’assertion suivante ‘’ (…) Aucune fraction du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice… ‘’ Et a l’art 6 de rappeler que ‘’ Les langues nationales sont l’arabe, le poular, le soninké et le wolof ; la langue officielle est l’arabe’’.
Partant de cela, on peut clairement dire qu’aucun choix n’est à faire, encore moins une partisannerie quelconque et clairement pas, entre nos langues nationales et le français, notre butin de guerre pour lequel un lourd tribut a été payé et qui désormais est le nôtre.
Nos langues ne sont pas circonscrites au 1.036.000 kilomètres carrés
Empruntons un peu des ailes et sortons de l’épidermique pour prendre un peu de hauteur et nous faire observateur. Un clin d’œil à la logique et essayons de donner une exigence de sens à ceux qui veulent que pour une pseudo-compréhension ou facilitation de certains, que l’on transcrive les caractères du soninké, wolof, poular en caractères arabes et que ça soit une contrepartie d’un droit constitutionnel qui se veut inaliénable avec, pour objectif et possibilité unique, l’autarcie, le repli identitaire d’une partie de la communauté nationale qui nous conduira à une mort certaine.
En substance, la réponse à un mépris pareil serait juste un rappel logique. Nos langues ne sont pas circonscrites seulement au 1.036.000 kilomètres carré et encore moins à nos 5.000.000 d’habitants. Ce qui rend une telle loi aberrante d’ailleurs pourquoi pour être, nous serions soumis à nous départir de qui nous sommes, à manifester une quelconque bonne volonté vis-à-vis de qui d’ailleurs ou de quoi ? Exiger d’un citoyen à un renoncement à soi pour une reconnaissance en l’autre n’est-ce pas là, la preuve de négation ultime et d’inégalité prégnante ?
Ma langue, nos langues, sont les points d’entrées de qui nous sommes, notre identité première, porteuse de notre culture et de notre richesse et capacité à enrichir les autres et le monde. Et le renoncement est similaire à une mort certaine, un Hara-kiri sans honneur, car le suicide est rejeté par notre Sainte religion.
A quarante ans, me voilà réduite à me poser la question de « qui nous fûmes » comme seule perspective et cela n’est que la partie triste et désolante de la réalité de notre situation. Voilà à quoi on est réduit ! Triste réalité que la nôtre.
Au-delà de ce sort funeste, la question de savoir qu’adviendra-t-il de tous les ‘’francisant’’ de Mauritanie s’impose ? Le pas premier est de faire le distinguo entre théoricien du chaos et similarité ethnique. Refusons catégoriquement à ce que l’on fasse de la problématique de l’enseignement, une bataille rangée entre les communautés. Que la totalité des maures soient de facto des oppresseurs et les noirs de Mauritanie dans leur ensemble les oppressés ; le regard vicieux comme la déduction binaire sont des tares dont se nourrissent les hypocrites de tous bords.
Je suis noire, pleinement mauritanienne, francophile affirmée, multiculturelle à satiété comme tous mauritaniens. Quand je parle, l’ensemble de nos langues y transparaissent en couleur, en mots, et accents des quatre coins du pays. Ne vous en déplaise, voilà le plus effrayant pour les plus obtus de toutes catégories confondues.
Ces dernières années, on a vu des vagues de professeurs partir à la retraite, changer de profils professionnel, devenir enseignants d’une autre matière, migrer au bénéfice certainement de nos fameux 10% d’admis au bac.
L’arabe n’est la propriété exclusive de personne
La vérité est qu’il y a le vœu de certains et la réalité pratique de notre Mauritanie qui, administrativement parlant, est inspirée de la structuration et des documents occidentaux notamment celui de la France
Il n’y a pas de match qui vaille, ne vous en déplaise. L’arabe n’est la propriété exclusive de personne et encore moins d’un mauritanien. Et à ceux qui se donnent pour mission de nous assimiler, on est de la même confession, ne vous en déplaise et votre façon de procéder pour la défense de notre foi est plus cléricale que musulmane.
Quand cette énième réforme verra le jour en Mauritanie, je n’enverrais pas mes enfants ni ceux de mes proches à cette prison d’acculturation et de mépris assumé, et je recommande de faire de même sauf à la condition absolue de rayer l’école privée de la Mauritanie qu’ils veulent.
Djeinaba Yéya Touré
très bien madame nous sommes pres pour le combat
Ma cousine bravo pour ton texte limpide. Une analyse d’une extrême clarté qui aurait pu servir d’un document de base aux participants de la concertation.
Il appartient aux populations de prendre leur destin en main. Refuser dès maintenant cette réforme par des manifestations en masse et Pacifique. Manifester en responsable en respectant la constitution.
Le temps n’est plus à la parole, mais à l’action.
N’attendons pas que la réforme soit légiférée pour agir. Faisons entendre nos voix dès maintenant.
Je partage pleinement ton opinion ma soeur.
les forces obscurantistes qui ont pris l’l’etat mauritanien en otage depuis belle lurette voudrait talibaniser aujourd’hui’hui notre société.
la balle est au president, nous verrons sa capacité de réaction face a cette grande farce.
Le texte est limpide ma chère il ne sera rien de prêcher dans le désert la seule solution et unique c’est la séparation il faut voir la réalité en face faites un tour au 5 et 6 eme no comment merci
Tout simplement Excellent ! Merci pour cette brillante reflexion.
Merci yeya de ton franc_parler ,j’ai bien lu votre mot sur le système éducatif national, que je taxe personnellement cancer national, puisqu’il est source tous nos maux, la mésentente, le désaccord, l’aveuglement d’où les réformes truffées d’embûches, des réformes orientées sur des bases communautaires, tout le système éducatif fut prostitué ; nous remercions nos aînés qui étaient membres du premier gouvernement de moctar de leur vision conséquente et de leur esprit analytique, le chauvin président n’avait pas une attitude républicaine, il ne cherchait qu’à favoriser ses cousins au détriment des negro_africain.