Le décryptage de la tournée de Biram Dah Abeîd au Guidimakha

Le mensonge est séduisant et fascinant.  Il  est également brillant  et éloquent mais seulement de manière éphémère comme une mauvaise herbe dans un  verger.

Aidez-moi à me retrouver. Je n’en peux plus. On m’a toujours fait comprendre qu’il n’y a pas d’esclavage chez les soninkés au Guidimakha.  Il y a juste ces dernières années  un mouvement extrémiste qui s’emploie à créer la zizanie au sein de la société. J’y ai cru bêtement.

Désormais, je renonce à cette assertion.  Et pour cause, j’ai suivi sur  Facebook la visite du député et président du mouvement abolitionniste, IRA chez les Soninkés dans la wilaya du Guidimakha.

Les images forcent l’estime de l’homme qui a changé de discours  et trouvé un interlocuteur attentif, en la personne  du président de la république, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani.

Au Guidimakha, ces cinq dernières années  sont marquées par une espèce de big bang social caractérisé par le réveil  de la majorité silencieuse appelée  esclaves. Au début, l’Etat a  fait semblant de ne rien entendre. Ensuite, elle a essayé de faire l’arbitrage  en faisant fi des lois du pays pourtant particulièrement sévères sur les pratiques esclavagistes. Et après, il mord à l’hameçon  des soninkés : la corruption. Conséquence le droit ne sera jamais dit. Les pauvres populations s’entredéchirent et s’organisent à soudoyer l’administration locale qui trouve la situation « appétissante ».

Contre toute attente.

Voilà un député qui fait cavalier seul en allant à la rencontre des populations pour les entendre sur une problématique devenue sérieuse du fait qu’elle impacte négativement un segment du vivre-ensemble et l’unité nationale : l’esclavage coutumier.

Dans d’autres démocraties, c’est l’assemblée nationale forte de sa légitimité et de sa stature de conglomérats de représentants du peuple qui se saisit de cette question aux relents de défense des droits humains puisse qu’il s’agit de la dignité humaine dont il s’agit. Mais hélas !

Je disais alors que j’ai été roulé dans la farine, en croyant naïvement à ce que me disaient mes amis soninké du Guidimakha sur la question de l’esclavage.

Mais quand, je regarde l’aura de l’accueil réservée à Biram Dah Abeîd, je comprends  aisément là où se situe la vérité.

Cet accueil est digne de celui d’un chef de l’Etat. Celui qui a brigué  au chiffrage universel. Celui qui gouverne et dirige  le pays. Il offre les postes ministériels et est dépositaire de la force publique et de tous les avantages y afférents : il tient les cordons de la bourse.

Un président de la république avec sa position jouit de tous les pouvoirs. Ainsi ses partisans peuvent mobiliser les foules par les mécanismes que nous connaissons tous. Mais la conviction et la sincérité ne sont pas là : C’est le piège de la  mise en scène.

En revanche, les images que j’ai vues montrent des populations déchainées et  libérées  accueillant Biram Dah Abeîd comme un libérateur.  Elles traduisent la vérité et le mal être des populations victimes de l’arbitraire.

Pendant les réunions aux allures d’audiences foraines, les anciens esclaves  se relaient  devant le député : chacun raconte son histoire et son calvaire lié au foncier.

C’est ahurissant !  Mais où est la république ?  A quoi servent toutes nos lois  votées contre l’esclavage ?  Le silence de l’Etat est coupable et complice. C’est le moins qu’on puisse dire.

En revanche, la démarche du Président du mouvement abolitionniste est salutaire et constitue un cours magistral  dispensé pour servir la démocratie et l’Etat de droit.

Abdallahi Sassine 

 

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