Editorial : l’évaluation des enseignants, un fiasco pour le ministère de l’éducation

Le ministère de l’Education nationale, de la Formation technique et de la Réforme a finalement franchi le Rubicon en organisant l’évaluation des enseignants tant contestée par les principaux syndicats de l’enseignement fondamental.

L’évaluation qui a été organisée les 8 et 9 mai a été largement boycottée par les enseignants.

Selon les chiffres avancés par les syndicats boycottistes sur les 14608 instituteurs concernés, seuls 2462 ont répondu présent et ont passé le test.

Ainsi le mot d’ordre de boycot lancé par les syndicats vendredi 07 mai au cours d’une conférence de presse a été largement suivi.

Il s’agit donc d’un énième fiasco pour le ministère de l’Education qui a pourtant mis les bouchées doubles pour forcer la main aux enseignants récalcitrants. Un cachet de 20000 ouguiyas avait été débloqué séance tenante pour tout participant.

Les DREN ont aussi déployé des trésors d’imagination et usé voire même abusé de leurs pouvoirs pour réaliser de bons scores. Et certains d’entre eux auraient même augmenté la somme versée aux participants.

Beaucoup de participants au test sont des directeurs d’écoles, et des enseignants au chômage technique dans les DREN et les inspections départementales. Des enseignants contractuels auraient même été rappelés à la rescousse pour gonfler la liste des présents.

Mais, malgré tous ces moyens peu orthodoxes le taux de participation était en deçà de la moyenne.

L’organisation de ce test a nécessité une mobilisation de fonds et des sommes importantes sont ainsi parties en fumée. Cet argent aurait pu être utilisé pour motiver les enseignants qui sont dans une situation intenable et dont les revendications sont crânement ignorées.

Curieusement le ministre de l’Education Mr Mohamed Melainine Ould Eyih a dans un message énigmatique posté sur les réseaux sociaux félicité les participants qui récolteront les fruits de ce test et il a interpellé les boycottistes. Ce mot du ministre se présente comme l’arbre qui cache la forêt.

Apparemment il n’a pas mesuré l’impact de ce nouvel échec suite au bras de fer dévastateur avec les syndicats.

En effet cette fameuse évaluation constitue une pomme de discorde et paralyse le secteur depuis plusieurs mois.

Et déjà le 06 février dernier, le ministre l’Education nationale avait pris les devants et créé un tollé en déclarant que seuls 4% des enseignants mauritaniens étaient capables d’enseigner correctement. Il se référait à des données d’une évaluation récente menée de concert avec les partenaires internationaux.

Cette déclaration avait mis le feu aux poudres et depuis lors le torchon continue de brûler entre le ministère et les syndicats  menaçant d’incinérer ce qui reste de notre système éducatif.

Ainsi l’année scolaire en cours a été émaillée d’incidents, de grèves, etc. Le ministère de l’Education s’est ainsi transformé en cellule de gestion des crises ; quant au projet d’’Ecole Républicaine dont tout le monde rêvait, elle semble releguée aux calendes grecques.

Bakari Guèye

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