Alasan Mammadu Dawuda Baro dit Aly Thierno : D’ Al Azhar à Toullele Baroobe…

Samedi 24 avril, Alasan Mammadu Dawuda Baro dit Aly Thierno, ancien ambassadeur, 23e Thierno des Baroobe (Cerno Baroobé), a été rappelé à Allah. Le ministre des Affaires étrangère, de la Coopération et des Mauritaniens de l’Extérieur a présenté, en son nom et au nom des travailleurs de son département, ses condoléances à la famille de l’ambassadeur Baro. Alasan Mammadu Dawuda Baro dit Aly Thierno, né en 1930 à Sara Ndoogu, localité située dans la commune de Boghé, a consacré sa vie « à l’Islam, à son pays, à la paix, à la solidarité et à la cohésion sociale. » Il a fait carrière dans l’éducation nationale et dans la diplomatie. En 2017, Alasan Mammadu Dawuda Baro a été investi 23e Thierno des Baroobé à Toullele Baroobé, localité située dans la commune de Boghé. Retour sur le parcours du premier mauritanien licencié en littérature arabe. Horizons reproduit la biographie de Alasan Mammadu Dawuda Baro dit Aly Thierno ecrite en 2017, par l’Association des Barrobé de Mauritanie (Fedde Baroobé Mauritanie) lors de son intronisation (fiilngol) comme 23è Ceerno Barooɓe.

 

Alasan Mammadu Dawuda Baro dit Aly Thierno est né vers 1930 à Saare-Ndoogu (Moughataa de Boghé, Mauritanie). Son père est Alfa El Hadj Mamadou Daawuda Baro, éminent « Aalim » qui fut cadi de Boghé 35 ans durant. Sa mère, originaire de Mboumba, s’appelait Hadja Raky Aly Thierno Wan.

Dès sa plus tendre enfance, son père l’initia à l’alphabet arabe et guida ses premiers pas dans la quête des connaissances islamiques. Il fréquenta, par la suite, certains foyers/dudhé d’enseignements coraniques de référence dans le Fouta. C’est dans cette voie qu’il a pu avoir, entre autres maîtres, Thierno Élimane Baïla Kane de Mboumba; El Hadj Mamadou Selly Thiam de Kanel; Thierno Harouna de Wending et Thierno Hamidou Sy qui résidait à Dakar.

 

Etudes supérieures

En 1954, en compagnie de feu Thierno Mamoudou Dia, il se rendit au Maroc où, après une seule année d’études, il passa et réussit l’examen du brevet de l’enseignement secondaire. Il eut l’ambition de fréquenter des universités d’un standing certain, spécifiquement la prestigieuse université, Al Azhar (Egypte). Il accéda à cette université en 1956, et ce, à l’issue d’un test de niveau qu’il passe avec brio, il entre directement à l’Institut de Recherches Islamiques d’Al Azhar où il complète ses études secondaires.

Au bout de seulement deux années d’études, il obtint son baccalauréat, ce qui lui permit d’accéder à la faculté de Dar Al Ouloum (la Maison des Sciences), à l’Université du Caire. Les quatre années d’études qu’il y passa ont été sanctionnées par une Licence en Littérature Arabe et en Histoire. Ce diplôme fut dignement célébré par l’ambassadeur de Mauritanie en Égypte de l’époque, SEM. Hadramy ould Khatry, qui organisa un diner en l’honneur du premier mauritanien à l’obtenir.

 

Professeur et syndicaliste

Á son retour en Mauritanie en 1965, il fut reçu par le Président de la République, Me Moctar Ould Daddah, en sa qualité de premier licencié en langue arabe de la Mauritanie sortant de la prestigieuse institution égyptienne. Il a entamé son parcours professionnel comme professeur d’Arabe au Lycée National de Nouakchott. Ses premiers mois dans l’enseignement l’amènent à faire certains constats qui nourrissent sa réflexion sur le système d’éducation national, et aboutissent à des propositions de révision des méthodes d’enseignement. Son concept de scinder les classes en plusieurs niveaux pour tenir compte des différences de niveau de maîtrise de la langue arabe, suscite l’intérêt de sa hiérarchie. Le ministre de l’Éducation nationale de l’époque, M. Ely Ould Alaf, soutient l’idée dont la mise en œuvre a permis d’enregistrer des avancées pédagogiques significatives.

Alassane Mamadou Daouda / Ali Thierno Baro, qui était aussi syndicaliste, joua un rôle important dans l’unification des organisations syndicales de l’enseignement, jusque-là séparées sur des bases linguistiques en syndicats des enseignants d’Arabe et syndicats des enseignants de Français. Á l’issue du processus, il occupa le poste de Trésorier dans le bureau national du syndicat unifié.

En 1969, l’État mauritanien lui accorde une bourse d’études pour faire une année de langue française. A son retour, il est affecté au lycée Technique de Nouakchott, qui manquait cruellement d’enseignants où il enseigna jusqu’en 1975.

 

Parcours diplomatique

En 1976, il est nommé premier conseiller de l’ambassade de Mauritanie en Libye, poste qu’il occupera jusqu’en 1980. Son passage dans ce pays fut une période riche en activités, durant laquelle de nombreux dossiers importants furent traités. Parallèlement à ses activités diplomatiques, il tira profit de son séjour pour poursuivre sa quête du savoir et enrichir son cursus académique, en obtenant un diplôme de Maîtrise dans sa spécialité, à l’Université Al Fateh.

De 1981 à 1987, il occupa la fonction d’ambassadeur de Mauritanie en Iran en couvrant aussi la Turquie, l’Inde et le Pakistan. Son ancienneté dans ce pays et sa notoriété lui ont valu le titre de doyen du corps diplomatique. Il y fut un ambassadeur exemplaire, hissant très haut le flambeau de la Mauritanie.

Après son retour en Mauritanie, il exerça au sein du Ministère des Affaires Étrangères en qualité d’Ambassadeur Conseiller Diplomatique, fonction qu’il occupa de 1987 à 1992, date à laquelle il est admis à la retraite.

Homme a la foi profonde, savant et maître en connaissances Islamiques, Alassane Mamadou Daouda /Ali Thierno Baro a consacré sa vie au service de l’Islam, de son pays, de la paix, de la solidarité et de la cohésion sociale.

Khalilou Diagana avec Fedde Baroobé Mauritanie

Quotidien national Horizons

Rôle de Ceerno Baroobé.

Le Ceerno Barooɓe joue un rôle essentiel de régulateur social du clan Baro, de gardien des traditions et de garant du patrimoine commun. La cérémonie d’intronisation du 23èmeCeerno Barooɓe a eu lieu le 3 décembre 2017, à Tulel-Barooɓe. Ce lieu, certes aujourd’hui inhabité, fut l’une des grandes stations du lignage des Baro au cours de sa longue histoire aussi un foyer ardent de transmission du savoir islamique. Ceerno Barooɓe est une référence et aussi un symbole et la mémoire des Baroobé. Tout porteur du titre de Ceerno Barooɓe, gère tout ce qui peut toucher de près ou de loin aux intérêts matériels, moraux et religieux dans du clan des Barooɓe voire en dehors.

Parmi les rôles de Ceerno Baroobé on peut citer:

  1. Il intervient et assure la prévention et la résolution de tout différend au sein de la famille.
  2. Il donne le tempo de toutes les activités liées à l’agriculture en général: désherbage, semis, récoltes, prières pour avoir de bonnes pluies ou pour conjurer toute situation maléfique.
  3. Il assure une fonction sociale très importante en étant au premier rang de toutes les manifestations rythmant la vie de la famille: mariage, naissance, décès, concertations en vue d’une prise de décision sur une question qui préoccupe la famille Baro, règlement des différents
  4. Il représente le « lefol » Ceerno Barooɓe dans les manifestations organisées par ses pairs détenteurs de « leppi ».

 

Le principe veut que le Ceerno intronisé ait une parcelle de terre dont la mise en valeur est assurée par les soins du clan Baro qui assure la récolte des produits ainsi que leur stockage dans les greniers du Cerno. Aussi, en tant que Ceerno, il reçoit de chaque membre du clan une part de la récolte du ou des champs.

 

Fedde Baroobé Mauritanie

 

 

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