CVE – L’État mauritanien mène depuis plusieurs années maintenant, une politique active d’accaparement des terres de la vallée, au bénéfice exclusif de sociétés étrangères ou de mauritaniens ayant des accointances avec le pouvoir et généralement non originaires de la vallée.
Depuis plus d’un mois, l’état mauritanien tente vaille que vaille d’aménager des périmètres rizicoles dans la cuvette de Koylol Bilol qui s’étend sur des milliers d’hectares et qui constituent les seuls moyens de subsistance des populations.
Ce lundi matin, la police a usé de sa force de répression et à coup de grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants pacifiques de Ferrala et des arrestations ont été aussi signalées dont des journalistes qui pourtant ne faisaient s’exercer leur métier en couvrant la dénonciation des errements liés à l’expropriation des terres de paisibles citoyens.
On se rappelle, la CVE avait tiré la sonnette d’alarme, très tôt, à travers une déclaration rendue publique depuis le 20 mai 2019 qui n’a jusque là trouvé une réponse juste et équitable.
On se souvient également que l’Etat mauritanien et l’Autorité Arabe pour l’Investissement et le Développement agricole (AAAID) avaient signé une convention au terme de laquelle 3200 hectares de terres agricoles du Brakna allaient faire l’objet d’un bail au profit de AAAID.
Des représentants des populations des communes concernées d’Ould Birom, Dar El Barka et Dar El Avia (Moughataa de Boghé) étaient venus immédiatement à Nouakchott contester cette expropriation de leurs terres au profit de l’AAAID avec l’arrivée de techniciens dans la zone concernée voulant débuté les travaux d’aménagement.
Dès 2010, l’attribution des terres de cultures sous pluie et de décrue s’est accélérée. L’Etat avait envisagé d’attribuer 50500 hectares à la société saoudienne,Tabouk Eziraiya Errajihii, dans une zone à haute intensité pastorale, couvrant diverses parties des communes de Dar El Avia, Ould Birome, Dar El Barka et Boghé.
De même, au mois de mai 2013, 50 000 hectares et 31 000 hectares de terres du Trarza et du Brakna furent affectées au profit d’une seconde entreprise saoudienne Al-Rajihi, sous forme de bail, contraignant les populations de Donnaye à enterrer leurs morts de l’autre rive du fleuve Sénégal.
Aujourd’hui encore Dar El BARKA est dans une situation où 3500 ha (extensible à 9200 ha) de ses terres risquent d’être spoliés par le pouvoir en place.
Les expropriations foncières au profit de l’agrobusiness national ou international cachent systématiquement des opérations au profit de simples spéculateurs fonciers et non des projets de développement économique et social de la zone concernée.
Ainsi toutes les expropriations résultant des évènements de 1989 au profit d’autres populations du pays non originaires de la région constituent aujourd’hui un boulet et mettent à mal l’unité nationale et la cohésion sociale.
Devant cette situation d’abus du pouvoir, la Coalition Vivre Ensemble exige :
– L’arrêt immédiat des expropriations des terres agricoles du Trarza, Brakna et du Gorgol au profit de spéculateurs fonciers et au détriment des populations locales, propriétaires traditionnels de ces terres;
– Le respect par les autorités du droit coutumier de propriété des terres agricoles du fleuve;
– le respect des codes foncier, pastoral et environnemental pour permettre aux troupeaux, un déplacement aisé, aux villageois un accès facile et une réserve foncière à usage d’habitation;
– L’annulation de la décision d’expropriation actuelle des terres agricoles dans la commune de Mbagne, de l’arrondissement de Dar El Barka et de toutes les localités objet de ces expropriations.
Nouakchott, le 22 février 2021
Commission com de la CVE.
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