Editorial : Un remaniement ministériel pointe à l’horizon

La question d’un remaniement ministériel revient avec force au devant de la scène six mois et demi après la nomination d’un nouveau premier ministre et d’une nouvelle équipe. Le nouveau premier ministre Mohamed Ould Bilal qui est un homme du sérail présenté à sa nomination comme coordinateur de l’action gouvernementale ne semble pas avoir les coudées franches et c’est visiblement le président de la République avec son cabinet restreint qui est réellement aux commandes.

Quoiqu’il en soit le départ de Ould Cheikh Sidiya qui incarnait la Mauritanie profonde et l’arrivée de Ould Bilal qui représente la jeunesse, la diversité et l’espoir n’a pas changé grand-chose. Et l’attente du changement promis et tant attendu se prolonge toujours. Ni les hommes et encore moins le mode de gouvernance du pays n’ont changé. Les deux gouvernements successifs ont cruellement manqué d’esprit d’initiative et d’innovation. Et les mêmes causes produisant les mêmes effets, la situation générale n’a pas beaucoup évolué et beaucoup de ministres ont montré leurs limites, certains passant même complètement à côté de la plaque.

Les rumeurs de plus en plus insistantes d’un remaniement ministériel interviennent dans un contexte difficile, un contexte de crise aigue avec une hausse vertigineuse des prix qui met à mal le panier de la ménagère. A cela s’ajoute une grogne sociale qui s’observe à travers les manifestations quotidiennes.

Les départements ministériels sont pointés du doigt et mis dos à dos même si certains ministre sortent nettement du lot et s’investissent au fond dans leur mission. Malheureusement cet engagement à tout va et ce volontarisme viennent s’échouer sur une administration inopérante. En effet, le personnel administratif au niveau des ministères continue à être coopté sur des bases souvent fantaisistes, ce qui donne forcément le résultat que l’on connait. Ce recyclage y compris au niveau de la haute administration avec des personnes qui traînent des casseroles, fait beaucoup de dégâts.

De ce fait, avec le recours persistant aux anciennes méthodes de gouvernance, l’échec du gouvernement était programmé.

Et même les plus célèbres initiatives comme celle orchestrée par le ministre de la santé n’ont finalement été qu’un feu follet.

Au niveau du ministère de l’Education l’échec fut patent comme en atteste la grogne continue des enseignants, des professeurs du secondaire qui s’apprêtent à déclencher dès ce lundi un mouvement de grève de plusieurs jours. Et pour cause, aucun signe de changement et aucune étape franchie pour la mise sur pied de l’école républicaine, un des piliers du programme du président de la République.

Et pour couronner le tout la communication publique est totalement absente. Les médias d’Etat continuent à exceller dans un piètre travail de propagande qui passe inaperçu à l’ère d’internet et des réseaux sociaux. Ils sont inopérants et constituent une épine dans le pied de l’Etat qui a du mal à trouver une visibilité pour les actions entreprises.

Par ailleurs le train de vie des hauts responsables de l’Etat attise les frustrations et décrédibilise le discours officiel sur la question de l’exclusion et de la répartition équitable des richesses.

Voilà autant de raisons qui pourraient ou qui devraient pousser le président de la République à faire un nouveau remaniement pour  insuffler du sang neuf et donner un nouveau souffle à l’équipe gouvernementale.

Bakari Guèye

 

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