Editorial : Le président de la République promet l’amélioration des conditions morales et matérielles des enseignants

A l’occasion de la journée mondiale de l’enseignant célébrée le 05 octobre de chaque année, le président de la République a « saluer le sacrifice que donnent nos enseignants dans l’accomplissement de leur noble mission, tout en confirmant que le Gouvernement s’attellera à l’amélioration de leurs conditions morales et matérielles.»

Voilà ce qui ressort du dernier communiqué du Conseil des ministres qui s’est tenu ce mercredi.

Cette belle déclaration d’intention fait renaître l’espoir au sein d’une corporation longtemps malmenée et dont les membres ont jusque là fait figure de dindon de la farce. Et cela depuis la décrépitude de notre système éducatif, une descente aux enfers qui a débuté en 1979, juste après la prise du pouvoir par nos vaillantes forces armées.

Cette situation a eu pour conséquence entre autres une éducation au rabais et la dévalorisation de la fonction enseignante, l’enseignant ayant toujours été le phare de la société.

Malheureusement il a perdu ce statut, la politique étant passé par là et dorénavant n’importe qui pouvait être enseignant. Nul besoin de vocation. Et on a en mémoire les recrutements massifs au tout début des années 90 du siècle passé avec la fameuse politique d’arabisation et l’ouverture de l’ENI aux titulaires du brevet et quel brevet !

Voilà qui explique en grande partie les déboires de l’enseignant à qui plus personne ne croit : foulé aux pieds par la société et crânement ignoré par l’Etat. Le résultat on le connait. Il est terrifiant, écœurant. C’est un coup de massue ; un coup de poignard dans le dos. Et c’est l’école mauritanienne qui est à l’agonie ; une école qui est sous perfusion depuis des décennies. Et c’est l’avenir du pays tout entier qui est en cause. Et le comble c’est qu’on ne fait rien ou du moins pas grand-chose pour sauver le navire.

Car, il se trouve que la solution ne pourrait venir que de l’enseignant. Je veux dire le vrai enseignant. Celui qui est sur le terrain et qui travaille souvent dans des conditions inouïes pour  un maigre salaire.

Comment peut-on admettre qu’un petit agent du département des finances ou qu’un planton de la BCM, soit mieux payé qu’un enseignant. Les exemples sont légion.

Et pourtant une seule journée de travail d’un enseignant vaut souvent un mois de « travail » d’un bureaucrate enfermé dans un bureau climatisé calfeutré sur un fauteuil douillet et dont le travail se réduit le plus souvent à quelques heures passées en surfant sur un ordinateur. Et ironie du sort, ce bureaucrate avec un rendement parfois en dessous de zéro est n fois mieux payé que le pauvre enseignant travailleur et jouit de moult avantages.

Voilà le secret de l’échec de notre système éducatif. Ainsi, le régime sortant était venu avec son gros slogan « priorité à l’éducation » mais la suite on la connait. Les gros investissements dans le cadre du Projet Education sont allés en grande partie vers les infrastructures et même là le résultat est très mitigé.

On espère donc que le pouvoir du président Ghazwani tire les leçons du passé récent et concrétise ses promesses envers les enseignants et que l’école républicaine qu’il a promis de mettre en œuvre ne soit pas un slogan de plus.

Pour ce faire le gouvernement doit accorder plus d’importance aux ressources humaines et faire en sorte que, dans un premier temps les enseignants mauritaniens aient le même niveau de traitement que leurs collègues de la sous-région.

Il serait également impératif d’adopter un statut pour les enseignants du secondaire car on ne peut pas concevoir qu’un professeur qui a bac plus quatre ait pratiquement le même traitement qu’un instituteur qui a juste son brevet.

Il y a quelques jours, le Premier ministre Mohamed Ould Bilal a écrit dans un tweet que l’enseignement était la priorité de son gouvernement. Et aujourd’hui c’est le président Ghazwani qui est monté au créneau pour réaffirmer cette orientation. Les enseignants peuvent donc se frotter les mains en espérant que cette fois-ci sera la bonne et que la nouvelle année scolaire qui s’annonce sera le début du changement.

Bakari Guèye

 

 

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