Editorial : Fuite de la principale épreuve du concours d’entrée en 6ème : La face visible de l’iceberg

La deuxième et dernière journée du concours d’entrée en 6ème a été marquée par le triste épisode de la langue arabe, la principale matière qui a fuité. En effet, depuis la veille, soit jeudi soir l’épreuve a circulé avec son corrigé à une grande échelle sur les réseaux sociaux (Wattsap, Facebook…)

Le ministère de l’éducation a été comme toujours dépassé par la tournure des événements. Selon certaines sources la reprise de cette matière aurait été décidé par le ministère.

Mais le mal est déjà fait et cela aura sans doute des conséquences catastrophiques et c’est la crédibilité même de l’examen et du ministère qui sera remise en cause. Et plus grave encore, ce sont des hordes d’analphabètes qui allaient en profiter pour se retrouver dans les classes du collège.

Cette situation en dit long sur le laisser aller, l’improvisation et la gestion chaotique de la direction des examens.

Et comme tout le monde le sait on n’en est pas au coup d’essai. La fuite des épreuves est un phénomène récurrent en Mauritanie et tout le monde a encore en mémoire la rocambolesque affaire du bac dans les années 2000 qui est allée jusqu’au sommet de l’Etat car c’est le ministre de l’éducation en personne qui était pointé du doigt. Et ironie du sort, les premiers responsables dans cette tonitruante affaire, au lieu d’être sanctionnés pour l’exemple, ont été, du moins pour certains d’entre eux promus à de grands postes de responsabilités.

En juin 2015 les candidats de la série D avaient repris l’épreuve de physique-chimie, suite à une fuite d’une très grande ampleur.

Il s’agit donc malheureusement là d’une vieille habitude. C’est dire que le vers est dans le fruit et l’origine du mal est connue. Et le ministère de l’éducation est comptable de cette situation car il maintient à leurs postes les brebis galleuses qui sont responsables de la démolition du système éducatif national.

Et au moment où on parle d’école républicaine, on continue la fuite en avant et la situation va de mal en pis.

En effet les examens nationaux se sont tenus cette année dans des conditions peu orthodoxes. En pleine pandémie de Covid, aucune mesure de prévention n’a été prise et le fameux protocole qui serait établi de concert entre le ministère de l’éducation et celui de la santé est resté lettre morte. D’ailleurs certains syndicats crédibles ont dressé un tableau exact de la situation.

Par ailleurs la surveillance du brevet et du baccalauréat a été marquée par la présence massive des instituteurs venus des DREN, une situation curieuse qui en a étonné plus d’un. Le secret dans cette invasion d’instituteurs réside dans l’octroi d’un maigre perdiem à l’issue de l’examen. De ce fait, les bras longs ont fonctionné à plein régime et les lycées ont été conquis par de drôles d’instituteurs : des dames nonchalantes et de vieux instituteurs bedonnants et somnolents, clopin clopan ; et la surveillance du brevet et du baccalauréat en ont fait les frais. On ne pouvait pas s’attendre à mieux. Comment peut-on faire confiance à un instituteur au moment où des professeurs formés pour la circonstance sont disponibles?

Ce n’est pas avec de telles pratiques qu’on parviendra à remettre l’école mauritanienne sur les rails.

Il est temps qu’on mette de côté les critères anachroniques pour nommer les responsables chargés du pilotage de notre système éducatif et de sévir contre les fonctionnaires véreux qui gangrènent le secteur de l’éducation et annihilent tous les efforts de décollage.

Bakari Guèye

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