Education nationale : la reforme prochaine sera-t-elle la bonne ? (Horizons)

La réforme de l’éducation nationale de 1979 à divisé l’école mauritanienne en deux filières arabophone et francophone. Conséquence : Un seul pays et deux écoles séparées pendant 20 ans avec de lourdes conséquences  sur l’unité nationale. En 1999, une nouvelle réforme met fin à la séparation. Il n’y a plus « d’arabisants » et de « francisant ». Les enfants du pays se retrouvent dans les mêmes classes. La réforme de 99 unifie l’école et  procède à une répartition des disciplines entre les langues d’enseignement. Les matières littéraires (littérature, histoire, géographie, philosophie, instruction civique, instruction religieuse et philosophie) sont enseignées en arabe. Les matières scientifiques (Science physique, sciences naturelles, mathématiques) sont enseignées en Français. Mais, la réforme de 1999, improvisée, n’a pas donné les résultats attendus. « Nos enfants étaient arabophones ou francophones. Actuellement, ils sont médiocres dans toutes les langues » constate  amèrement un parent d’élèves.

Un des principaux engagements du candidat Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani en 2019 était « une  réforme de l’éducation centrée sur l’élève, dont la réussite constituera l’ultime objectif, et aura comme premier allié l’enseignant, dont le rôle sera reconnu socialement, valorisé et renforcé.»

Sidi Ould Salem,  ministre mauritanien de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, porte-parole du gouvernement, a déclaré lors du point de presse hebdomadaire d’après conseil des ministre que «Les actions de cette  réforme de l’éducation nationale seront conduites de façon participative et en parfaite coordination entre les trois ministères concernés (Fondamental, secondaire et supérieur) et  mettront l’accent sur la révision des programmes, la formation des formateurs et les manuels scolaires de manière à lancer effectivement les réforme dès le début de l’année scolaire prochaine, 2020-2021.» En perspective de cette nouvelle réforme de l’éducation nationale, Horizons recueille les avis de professionnels du secteur. Nous entamons cette série avec Sidi Boudide, secrétaire général du Syndicat national de l’enseignement secondaire (SNES) et Ahmed Taher  IZEGZEN,  Inspecteur de l’enseignement fondamental

Sidi Boudide, Secrétaire général du SNES

Sidi Ould Boudide, est professeur de sciences naturelle, secrétaire général du Syndicat national de l’enseignement secondaire (SNES) et président de la coalition mauritanienne des organisation pour l’éducation ( COMEDUC).

Pour une “charte de l’education”

“Le plus grand problème de notre système éducatif est politique. C’est pourquoi toutes les précédentes réformes sont des réformes politiques. Celle-ci ne doit pas déroger à cette règle. Mais différemment. Toute réforme qui ne passe pas par le règlement de la question culturelle dans ce pays sera inachevée. Pour ce faire, il est urgent de réunir tous les acteurs du microcosme socio-politique national autour d’une table pour décider, ensemble, de manière consensuelle et sans exclusive ce que nous devons enseigner à nos enfants. Nous aurons à en sortir avec une charte de l’éducation que, tous, nous respecterons religieusement. C’est à ce prix que nous saurons mettre l’éducation de nos enfants à l’abri de l’instrumentalisation politique.”

“La reforme de 1999 a été improvisée”

“La réforme de 1999 a été improvisée et élaborée à la va-vite. Elle avait, visiblement, deux visées : uniformiser le système et y réintroduire une forte dose de français. Cependant, elle est passée à côté de la première visée et mal réussi la seconde. Elle est passée à côté de l’uniformisation car, si d’un côté, les disciplines scientifiques (sciences naturelles, mathématiques et physique chimie), mal enseignées à tous les élèves mauritaniens à cause, justement, de la barrière de la langue, sont, neanmoins, mieux appréhendées par ceux qui, grâce à la précédente réforme ont généralement un soutien francophone dans leur famille, de l’autre côté, les disciplines littéraires (instructions religieuses et civiques, histoire, philosophiesont) et la géographie sont aussi mal enseignées une importante partie des élèves mauritaniens, à cause également de la barrière de la langue.

Elle a mal réussi la réintroduction du français dans le système, réintroduction quasi Impossible sans l’apport des disciplines littéraires.”

Insuffisances des programmes et des manuels scolaires  actuels

“La plus grande insuffisance des manuels scolaires est liée à leur gestion. Les marchés en regorgent au moment où les établissements d’enseignement n’arrivent pas à en acquérir un exemplaire pour les enseignants.

Leur contenu doit être soumis à plusieurs révisions  afin d’éliminer toute faute d’inattention avant validation par des spécialistes en pédagogie et psychopédagogie en vue de garantir sa pertinence et d’éviter toute incongruité ou message véhiculant des stéréotypes négatifs. Il doit accorder autant de place à la motivation, la pratique et l’application qu’à l’information, et faire place à davantage d’activités ludiques. Par ailleurs, le manuel de l’élève doit être lié étroitement au guide de l’enseignant afin de guider la progression du cours et meubler pleinement la séance.

Les programmes doivent accorder davantage de place aux activités culturelles et sportives.

Ahmed Taher  IZEGZEN est Inspecteur de l’enseignement fondamental

Ahmed Taher  IZEGZEN est Inspecteur de l’enseignement fondamental à la retraite. Il est spécialiste en pilotage et gestion des systèmes éducatifs,

Ahmed Taher estime  que la réussite de la future réforme nécessitera « l’élaboration d’une loi d’orientions du système qui définit les finalités de l’éducation, la conception éducative appropriée, les mécanismes de coordination,… »

Autres condition pour une réussite de cette future réforme : «  la mise en place du manuel de procédures des incitations motivantes du personnel enseignant et d’encadrement, une vision stratégique en termes d’études prospectives, la mise en place de dispositifs de suivi évaluation. »

Concernant la répartition (matière scientifiques en français et matière littéraire en arabe)  de la réforme de 1999, l’inspecteur estime « qu’elle est pertinente et que  si l’on veut aller vers la  conquête du savoir mondial on,  peut même ajouter l’apprentissage de l’anglais à partir de la 3è année du fondamental. »

Pour monsieur Taher, « Les insuffisances des programmes actuel résident dans l’absence d’activités socioéducatives qui renforcent la sociabilité et la cohésion sociale. »

Quant aux manuels scolaires « leurs contenus  ne reflètent pas la réalité socioculturelle de la Mauritanie et  n’est pas connecté aux finalités de l’éducation inscrites dans la loi 023/7»

Khalilou Diagana

Quotidien National Horozons

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