Gaz butane, charbon et bois de chauffe : Quel combustible dans nos foyers ?

En Mauritanie l’approvisionnement, la commercialisation et la distribution du gaz butane sont assurés par la SOMAGAZ et plusieurs autres sociétés de la place. La SOMAGAZ dispose d’une cargaison d’environ 300 TM de capacité pour desservir l’ensemble des points de vente du pays.

A côté du gaz butane, le charbon fait office de combustible encore indispensable dans beaucoup de foyers. Mais cette denrée devient de plus en plus chère.

A la socogim Bagdad vers le carrefour Touré, lieu où se trouvent les fournisseurs et distributeurs du charbon à Nouakchott, Yislim, un de ces fournisseurs explique : « Le charbon que nous utilisons vient de Kiffa et d’Aioun. Ildevient de plus en plus difficile à trouver.Non seulement il faut avoir un permis d’exploitation, mais  c’est trop cher et la clientèle baisse jour après jour surtout en ce temps de confinement où les déplacements sont limités. Les restaurants qui utilisaient plus nos produits ne sont presque plus opérationnels. »

Selon, Yislim, les commerçants, quand ils achètent en gros n’arrivent plus à écouler très vite leur marchandise…

« Cela peut durer des mois et des mois avant qu’ils ne reviennent pour acheter. » Souligne-t-il avant de poursuivre : « Très souvent certaines personnes venaient pour acheter le charbon ou le bois pour des cérémonies de mariage. C’étaient des cas exceptionnels mais qui sont devenus plus que rares  depuis la survenue de la pandémie. »

Selon les enquêtes de ménages réalisés chaque 5 ans par le département de la protection de la nature au ministère de l’environnement, à l’échelle nationale la consommation des combustibles que sont le charbon et le bois de chauffe est de 49%.

Ethmane  Ould Boubacar, Directeur Général de la Protection de la Nature nous renseigne sur les énergies utilisées par les ménages pour les cuissons : « Dans le milieu rural, le bois augmente jusqu’à 60-70% et diminue  jusqu’à 10% dans les grandes villes. »

 Le bois est la deuxième énergie de cuisson après le gaz. C’est le plus facile et le plus abondant parce que c’est un arbre mort tandis que le charbon a un coût de transformation qui n’est pas à la portée de n’importe qui en termes de technicité  et de moyens financiers. Explique encore Ould Boubacar.

Il semble par ailleurs que  le ministère de l’environnement ne dispose pas informations fiables sur la quantité de bois utilisé du fait de  l’absence de marché pour les bois de chauffe qui du reste n’est  pas transporté vers Nouakchott. « Tout  ce qu’on voit comme bois c’est juste ceux qui sont coupés dans les tailles d’arbre ou sur la ceinture verte de façon frauduleuse et sont utilisés souvent dans les cuissons de « méchoui », dans les hammams ou pour la teinture. » poursuit le Directeur.

Ould Boubacar a indiqué en outre que  concernant le charbon également aucune statistique fiable n’est disponible.

 « On a deux types de bois qu’on transforme en charbon : il y a le charbon qui est issu d’une exploitation frauduleuse, des personnes qui rentrent dans la forêt et qui coupent les arbres sans autorisation. Quand ont les  attrape ont saisit tout et on revend aux enchères. » Rajoute-il.

 Selon les statistiques ces quantités avoisinent 19.000 tonnes de charbon entre 2010 et 2018.

La quantité transportée des régions agropastorales qui sont dans les zones de l’Assaba, le Gorgol, le Guidimakha et le Trarza est de 91.000 tonnes de charbon.  « Nous avons estimé que, pour produire cette quantité de 91000 tonnes, il faut un défrichement de 16000 hectare de forêts. C’est uniquement la quantité officielle. On ne compte pas la quantité qui rentre en fraude à travers des petites ou grandes voitures ou avec des camions. » A rappelé Ould Boubacar pour qui des mesures pour éviter les fraudes ont été prises.

«  Il y a des documents à fournir pour un  camion transportant  du charbon rentre à Nouakchott  et une délégation doit réceptionner les camions à l’entrée. Ils vont montrer leur permis de circulation. » A-t-il encore précisé.

Couper du bois et utiliser du charbon dans les ménages ont des impacts négatifs sur l’écho système : Réchauffement climatique, manque de pâturage,  déséquilibre de la biodiversité.

Awa est une femme au foyer qui utilise plus le gaz pour ses cuissons et peu de charbon. Elle  trouve que le gaz est plus économique, plus sur et moins dangereux pour les ménages. « Avant les femmes utilisaient plus le charbon pour plusieurs raisons. La cuisson est plus savoureuse et ça coutait moins cher. » Explique Awa pour qui quand on fait le calcul, il est préférable d’utiliser le gaz pour plusieurs raisons : « non seulement on peut l’utiliser plusieurs fois et ça dure plus longtemps par rapport au charbon.

Le  kg de charbon peut être utilisé une seule fois et ça coûte 300 ouguiya alors que le gaz de 3 kg coûte dans certains quartiers 800 et dans d’autres 900 mais dure plusieurs jours sans compter qu’il y a moins de pollution par rapport au charbon qui peut créer plus de mal que de bien. »

Dans les foyers le petit espace réservé au charbon reste quand même l’encensoir communément appelé « ande thiouraye ». Remarque sur un ton de plaisanterie  Aïcha une voisine d’Awa.

Amy Fofana

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