Post-scriptum : N’en déplaise aux donneurs de leçons, le monde s’est soulevé contre le racisme…

Kissima-Tocka

La mort d’un citoyen américain noir sous la pression du genou d’un policier a révolté l’humanité dans sa diversité. « I can’t breath », je ne peux pas respirer avait dit, agonisant, Georges Floyd…

En rendant son dernier souffle, Georges Floyd a adressé un ultime signe de détresse à tous ceux qui ont une conscience…Les réseaux sociaux et les médias classiques se sont fait immédiatement le relais des dizaines, voire des centaines, de milliers de manifestants qui ont bravé le coronavirus sournois pour dire avec la plus grande éloquence « Non au racisme ! » 

Aujourd’hui, avec la chute des statues un peu partout en Europe et au Etats-Unis, c’est à une réhabilitation de l’Homme tout simplement que l’on assiste. A une restitution de la dignité à toutes les victimes de l’injustice. Une dignité bafouée par des prédateurs de l’homme…

Le négrier Edward Colston,  le capitaine de l’armée confédérée Charles Linn qui se battait pour les Etats esclavagistes du Sud, le général confédéré, Albert Pike, l’explorateur italien Christophe Colomb, le roi belge Léopold  II et bien d’autres ont fait l’objet de « l’inquisition » des indignés toutes races confondues.

Décapitées, déboulonnées, retirées,  profanées, noyées, les « idoles » ont été tellement malmenées ces jours-ci dans les Amériques et en Europe. Entre temps, dans quelques coins de l’Afrique le temps est plus à la parole qu’à l’action à propos de certains de ces symboles de la traite et du colonialisme qui trônent comme des dieux. Si au Sénégal, où il a été un colon redoutable, Louis Faidherbe peut encore jouir d’admiration de la part d’une certaine classe de cadres moulés à l’école des « maîtres » au grand dam d’activistes qui souhaitent le voir « honni » et « disgracié », à Lille sa ville natale, au moins 300 personnes ont lancé samedi :   « Faidherbe doit tomber ! » Et pour cause : « cette figure du colonialisme français, violent et raciste » ne fait pas honneur à la France…*

C’est dire que ceux qui ont scandé  « Décolonisons, l’histoire et la mémoire ! » ne sont pas sur la même longueur d’ondes que le président Macron qui, à la faveur de la célébration de l’appel du Général De Gaulle à la Résistance d’il y a 80 ans, a tout simplement soutenu que la France n’a pas à rougir de son histoire… 

« La république n’effacera aucune trace de son histoire. Elle ne déboulonnera aucune statue, aucune œuvre. » A notamment dit le jeune président français. Pendant ce temps, les chefs d’Etats de l’Afrique se font les spectateurs passifs d’une révolution mondiale contre des siècles d’injustice, des siècles d’humiliation ; contre un racisme viscéral et « pandémique…

Mais au-delà des idoles qui tombent en Europe et en Amérique, la leçon, pour les africains, doit s’ouvrir sur une autocritique et sur une déconstruction de l’histoire qu’ils ont eux-mêmes écrite de leurs propres héros. Car les coupables de la traite et du colonialisme qui ont frustré l’homme noir ne se recrutent pas que dans les rangs des négriers, des missionnaires et des colons blancs.   Combien d’ancêtres faut-il convoquer devant les tribunaux de la mémoire noire ? Ils sont légion. Qui ose les nommer ?

K-Tocka

La Tribune (Nouakchott) N°766 du 22 juin 2020

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