En Mauritanie on semble entrer sans crier gare dans le pic de l’épidémie du COVID 19, la croissance exponentielle des deux derniers jours en atteste. Face à cette situation, le ministère de la santé est complètement débordé, ce qui explique le recours à l’armée. En effet vu l’ampleur de la tâche et les moyens limités du département de la santé, la mobilisation de l’institution militaire est devenu inéluctable. Son expertise sur les plans logistique, organisationnel et sécuritaire, devient plus que nécessaire. Ainsi, la commission interministérielle chargée du suivi de la propagation du Covid 19, a décidé la création de trois centres d’accueil dans les wilayas de Nouakchott, des centres qui seront sous la supervision du ministère de la défense nationale.
Déjà lors du dernier conseil des ministres la gestion des mesures d’encadrement au sein des marchés a été confiée à la police nationale et au GSSR. Les forces armées nationales se positionnent ainsi aux avant-postes du front de lutte contre la pandémie du coronavirus.
Il y a lieu de souligner cependant la timidité des autres mesures annoncées dimanche soir par la commission interministérielle ; des mesures qui ne sont pas à la hauteur des nouveaux défis dictés par la montée en flèche de la maladie. A écouter la longue litanie du ministre de l’Équipement et des Transports, porte-parole de la commission, ces mesures sonnent comme du déjà vu. De la mise en quarantaine de la ville de Nouakchott aux restrictions dans le domaine des transports urbains en passant par l’assistance des plus démunis, toutes ces mesures avaient été annoncées précédemment mais leur application laissait à désirer.
Sur tous les plans, on a noté des manquements, parfois graves, ce qui explique qu’on en soit arrivé là aujourd’hui. L’on sait par exemple que la fermeture des frontières était loin d’être hermétique, l’accès à la ville de Nouakchott non plus. Dans les taxis, les transporteurs refusent carrément d’appliquer les directives. Au niveau des marchés, certains refusent purement et simplement de se plier au rite du lavage des mains, au grand dam des forces de l’ordre.
Et pour ce qui est des distributions de vivres aux ayant droit, c’est le tollé général, des centaines de familles démunis et officiellement recensés attendent toujours.
Voilà en tout cas qui devrait mettre la puce à l’oreille des autorités et les inciter à prendre le taureau par les cornes et à agir beaucoup plus fermement.
Il serait urgent par ailleurs que l’Etat mobilise les moyens nécessaires pour venir au secours des populations durement éprouvées, des fonctionnaires et des opérateurs économiques les plus vulnérables.
Bakari Guèye