Le ministère de l’intérieur a décidé d’interdire dorénavant toutes les activités, réunions et rassemblements à caractère tribal ou ethnique.
Une circulaire allant dans ce sens a été envoyée aux walis qui sont chargés de l’application de cette mesure.
Ainsi aucune autorisation ou demande à caractère tribal ne serait plus tolérée. Cette mesure est saluée à sa juste valeur par tous les mauritaniens qui aspirent à l’instauration d’un véritable Etat de droit.
Reste à savoir quelles seront les conséquences de cette nouvelle orientation qui vise à marginaliser la tribu qui est resté jusque-là le moteur de la vie politique et le principal levier de l’ascension sociale.
En effet depuis la nuit des temps le prétendu succès des pouvoirs successifs s’est toujours mesuré à l’aune de leur ancrage tribal et au savant partage du gâteau entre les ensembles tribaux les plus en vue.
Sur le plan électoral, la tribu constitue le principal réservoir qui permet de faire et de défaire les élus.
Et les présidents « élus » n’échappent pas à la règle, bien au contraire. Dès qu’un président est élu, les regards se tournent automatiquement vers sa tribu et les gens se disent ça y est, maintenant c’est le tour de la tribu telle.
Cette tribalisation de l’Etat a coûté très cher à notre pays.
Le phénomène qui est d’ordre culturel est si ancré qu’on se demande à quoi servirait une simple circulaire. Et d’ailleurs ce n’est pas la première fois qu’une circulaire est prise dans ce sens. On se rappelle bien qu’en 2005 déjà, une circulaire similaire avait été promulguée. Mais, comme il fallait s’y attendre, elle n’a pas fait long feu.
Sous le régime actuel, on a déjà assisté à de véritables kermesses tribales supervisées par les plus hautes autorités du parti au pouvoir et de l’Etat.
C’est dire qu’il va falloir beaucoup plus qu’une circulaire qui en fait n’est rien d’autre qu’un petit coup de semonce. Il va falloir prendre le taureau par les cornes pour abattre définitivement la tribu qui constitue une véritable tare et un anachronisme anti-démocratique ? En vertu de quelle loi le chef de tribu, le cheikh ou un simple notable, bénéficient-t-ils de largesses et profitent-t-ils de l’argent du contribuable mauritanien ?
Il va falloir légiférer contre la tribu et promulguer un texte de loi qui va séparer définitivement les attributions de la tribu et celles de l’Etat.
Bakari Guèye