Les dernières nominations dans les hautes sphères de l’Etat ont suscité un immense émoi dans les rangs de certaines franges de la société qui se sentent marginalisées depuis des décennies.
Ces promotions ne bénéficient depuis belle lurette qu’aux gens issus d’un cercle fermé qui fait figure de « Nomenklatura » locale.
Il s’agit généralement de personnes en lien avec des personnalités militaires, politiques, tribales, claniques, confrériques…Des critères à mille lieux lumière de ceux normalement retenus dans un pays qui se respecte.
Ainsi en Mauritanie, il faut impérativement avoir l’aval d’une personnalité bien placée ou du moins d’un bras long pour espérer figurer dans la liste des heureux élus.
De ce fait, les nominations dans les postes de la haute administration-et même dans ceux de niveau inférieur-demeurent la chasse gardée d’un groupe restreint constitué de commis de l’Etat et de membres de la hiérarchie militaire.
C’est donc le plus souvent une affaire de famille, de clan ou de tribu.
C’est ainsi que dans certaines familles, on est ministre de père en fils. Et dans d’autres tous les enfants sont catapultés à des postes de haute responsabilité, du fait de la position privilégié de papa. C’est ainsi que certains acquièrent des postes par pur ascendance.
Ce système grégaire a porté un lourd préjudice au pays, qui n’a cessé au fil des ans de s’enfoncer dans la médiocrité et le sous-développement.
Et pourtant les compétences existent. Ils sont là les cadres valables issus de toutes les franges de la population. Malheureusement, le pays et ses dirigeants n’en profitent pas le plus souvent et préfèrent se complaire dans ce système de passe-passe qui consiste à chaque fois à prendre les mêmes et à recommencer.
Pourtant le président Ghazwani avait promis d’en finir avec ce système qu’il avait lui-même qualifié d’injuste et d’inéquitable.
Comment alors peut-on interpréter cette première vague de nominations intervenus ce jeudi en conseil des ministres et où l’exclusion semble être de mise ?
Cette grosse bourde qui a été dénoncée jusque dans les rangs de la majorité fait aujourd’hui les choux gras des réseaux sociaux qui tirent à boulets rouges sur ce que d’aucuns considèrent comme une violation de la parole donnée par le président dans le cadre de ses fameuses « Ta’ahoudati ».
Quoiqu’il en soit, le chef de l’Etat gagnerait mieux à suivre de près ce dossier, en instaurant plus d’équité et en mettant en avant les critères de compétence et de diversité qui devraient constituer les éléments fondamentaux dans les nominations. Ce n’est qu’à ce prix que la Mauritanie pourrait avancer et se réconcilier avec elle-même.
Bakari Guèye