Dr. Mamadou Kalidou Bâ est coordinateur du master de Lettres modernes francophones et chef du Groupe de recherches en littératures africaines (GRELAF) à l’université de Nouakchott. Il répond aux questions de Bios Diallo de Traversées Mauritanides sur la situation de la Littérature francophone en Mauritanie
Comment se diffuse la littérature francophone en Mauritanie ?
On ne peut pas dire qu’il y ait une très bonne diffusion car cette littérature est tributaire de la place du français. Or, depuis 1979, les différentes réformes du système éducatif n’ont cessé de reléguer au second plan cette langue qui n’y a d’ailleurs aucun statut légal.
Toutefois, à la faculté des Lettres et des Sciences humaines, il y a une filière d’études françaises, où se font les spécialisations en licence et master avec une ambition de boucler le cursus par l’ouverture d’une formation doctorale.
Et depuis 2009, nous avons introduit dans nos programmes l’enseignement de la littérature mauritanienne d’expression française. Ce cours est devenu un des quatre éléments du module du département. Les étudiants issus de ces filières deviennent familiers avec les classiques comme Oumar Bâ, Tène Youssouf Guèye, Assane Diallo, mais aussi des plus jeunes comme Moussa Ebnou ou Mamoudou Kane.
Avez-vous depuis senti un intérêt chez les chercheurs ?
L’engouement des étudiants pour leur littérature nationale est telle que c’est presque la moitié des mémoires de master qui porte sur ce sujet. Cette littérature, ancrée sur une histoire, une anthroponymie et une toponymie locales, leur « parle » sans doute davantage que toute autre, car elle permet à l’étudiant de s’enraciner dans un contenu textuel plus familier avant de s’ouvrir à d’autres.
Quelles œuvres sont au programme ?
À l’université, contrairement au lycée, les corpus changent constamment. Un enseignant dont le cours porte, par exemple, sur « la littérature ethnographique mauritanienne » aura tout le loisir d’introduire dans son corpus À l’orée du Sahel et Rellâ ou les voies de l’honneur de Tène Guèye, Le Dernier des nomades d’El Ghassem Ahmedou ou Et le ciel a oublié de pleuvoir de Beyrouk. En poésie, les recueils Notules de rêves pour une symphonie amoureuse et Cherguiya d’Ousmane Moussa Diagana, Les Os de la terre de Bios Diallo ou encore Les Yeux nus de Djibril Sall offrent suffisamment de matière, sans oublier la dramaturgie avec La Légende du Wagadu vue par Sia Yatabéré de Moussa Diagana ou Génial Général Président d’Abdoul War.
Traversées Mauritanides
Propos recueillis par Bios Diallo
Source : Francophonies du monde | n° 1 | juillet-août 2019, www.fdlm.org