Ce voyage fut pour moi comme une sorte d’introspection. Au cours de ma vie, je me posais beaucoup de questions, à propos de la condition féminine, ma condition, et à la difficulté que je rencontrais chaque jour de ma vie de jeune fille, et de femme, à m’imposer dans mon travail, ou, tout simplement, en société.
Par Malika Diagana Photographe reporter
J’eu la chance de suivre un bon enseignement, et d’être poussée dans mes passions et mes rêves de jeune fille, par une Mère aimante et instruite, et un Père protecteur. Mais qu’en est-il de ces milliers de jeunes filles dans le monde qui n’ont pas accès a l’école, faute de moyens, ou tout juste, parce que la société dans laquelle elles vivent, n’a pas d’autres perspectives pour elles.
En Afrique, la situation est telle que les jeunes filles sont prédestinées à un avenir programmé : « Se marier, s’occuper des tâches ménagères, et de la famille ». Comme si elles ne pouvaient servir à rien d’autre, ou ne pouvaient aspirer à autre chose dans la vie.
Il est vrai que la femme, de nos jours, est un grand soutien familiale. Pour cela, faudrait-il déjà qu’elle puisse avoir droit à l’instruction et à une bonne éducation., et puis avoir un métier, aider sa famille.; et transmettre cette même éducation à ses enfants.
Savoir quel est leur rôle au sein de la société reste une chose bien importante et primordiale pour un meilleur développement de nos sociétés.
Je m’empresse de rencontrer ces jeunes filles sur lesquelles je devais faire ce sujet, lié à leur scolarisation.
Il s’agissait d’en savoir plus, sur l’éducation des jeunes filles et leurs échecs scolaires. J’arrivais vers 8h30 à Réo Mao, dans le département de Bambey, arrondissement de Lambaye dans la région de Diourbel. L’ambiance allait bon train.
Les élèves étaient en classe. les présentations ont commencé avec le Directeur, Monsieur Diallo. Il me confessa au cours de notre discussion que la scolarisation d’une fille était plus coûteuse pour les familles que celle d’un garçon.
Ne comprenant pas cette différentiation je lui demandai pourquoi ?
Et il me répondit : « les filles ont besoin de coiffes et de produits de beauté (lait de corps etc.) or un garçon n’a pas besoin d’autant de choses. »
Je restai quand même sidérée par cette réponse car pour moi a cet âge le besoin, et le plus important, est celui d’apprendre et de s’instruire.
Il me dit aussi que les choses changeaient quand même comparée à il y a trois ans où c’était vraiment catastrophique.
Les filles quittaient en pleine année scolaire pour le mariage ou pour les taches ménagères au sein de leur famille. Aujourd’hui il estime la situation un peu plus stable qu’auparavant.
Je fus introduite aux cercles des jeunes filles, qui me racontèrent leurs histoires, des parcours différents. Mais une chose revenait à chaque fois : Le manque de moyens pour leur scolarisation.
Pour certaines, elles avaient abandonné l’école, pendant une année, et ont repris grâce au PAEF (Programme d’appui a l’éducation des filles)et pour d’autres, c’était pour toujours.
Au cours de mon interview, la timidité les habitait. Les réponses à mes questions étaient bien brèves, et sans grand intérêt, car je savais déjà un peu,ce qu’elles me disaient.
Alors, je changeai de technique, et jugeai bon de leur demander,à quoi elles aspireraient dans le futur. La, les réponses devenaient alors intéressantes, car elles se projetaient dans l’avenir.
Leur aspiration montrait l’importance du système scolaire à bien accompagner ces jeunes filles, à les pousser dans la voie de la connaissance et l’affirmation de soi.
Je cherchais toujours à en découvrir plus. Alors, munie de mon appareil-photo, je leur demandais, de poser pour moi. Et, au travers de mon objectif, je voyais des jeunes filles auxquelles on devait donner toutes les chances de réussir, des jeunes filles qui désiraient avoir une place dans la société,afin de réussir et faire, ce quelles désiraient ardemment tout au fond d’elles.
Leur espoir se lisait dans leurs yeux .Je sentais une certaine maturité dans l’âme car elle n’avait peu être pas vécu leur enfance comme toutes les jeunes filles. Elles étaient en sursis car l’année prochaine qui sait si elles seront encore scolarisées.
Par Malika Diagana, Photographe Reporter