Livrez à Mr le Président, nouvellement élu, votre bilan de clôture arrêté à la date du 1er AOUT 2019. N’est- il pas héritier et victime de votre passif ?

« On ne peut pas résoudre les problèmes qui se posent  en     faisant appel aux  hommes et aux modes de pensée qui les ont crées. » Einstein

 

Dans  toute passation de services entre l’homme qui quitte  un poste et son remplaçant, il est d’usage, aussi bien dans les entreprises privées ou publiques qu’au sein des administrations étatiques, que le sortant présente son bilan,  à travers un état des lieux des structures dont il avait la charge.  L es résultats atteints au cours de la  période pendant laquelle le premier  a exercé ses activités constituent la base  de départ du travail du second.

C’est le sortant qui dresse le bilan, le remet à son successeur,  sous le contrôle d’une troisième personne, généralement un responsable compétent dans le domaine.

Que cela soit entre des bergers, des gardiens,  des caissiers ou entre des directeurs généraux de sociétés ou bien  des directeurs, des secrétaires généraux dans les  ministères, cette procédure de transfert des pouvoirs, des moyens et des passifs,  constitue un passage obligé, pour le sortant, à l’occasion de chaque alternance : affectation, permutation,  limogeage… . Aucun responsable de personnes ou de quoi que ce soit d’autre  ne peut y échapper.

Apparemment, les Présidents  de République, dans le monde, ne s’astreignent pas tous à cette  obligation.

Certes, dans un pays à bonne gouvernance démocratique, le Président de la République, le Premier ministre et leur gouvernement présentent  régulièrement  un état  des lieux chiffré  de l’économie et  rendent compte de l’évolution des différents secteurs de la vie  de la Nation et de la Société.Cet exercice est systématique pendant  les campagnes électorales et à l’occasion des changements à la tête de l’Etat.   Les medias, les spécialistes, les partis politiques au pouvoir  et d’opposition, s’en saisissent pour  en donner leurs lectures et faire  leurs  analyses qui peuvent diverger avec les interprétations  officielles..

Dans les pays non démocratiques et à mauvaise gouvernance, ces bonnes pratiques ne sont pas incrustées dans les traditions. La réalisation  d’une telle passation de pouvoirs est même parfois  impossible,  lorsque le changement intervient, par exemple, suite à un coup d’état, à une rébellion, à  une insurrection ou encore à une révolution. Paradoxalement, en pareilles circonstances, ce sont les nouvelles autorités  qui établissent le bilan  du régime  qu’elles ont renversé.

Ces bilans ne sont pas, en général,  quantifiées ni chiffrées. Ils sont constitués d’appréciations globales,  de jugements  des valeurs, de suppositions et de négations…

Ici, la propagande et la démagogie, en dehors de toute connaissance  exhaustive  des faits et des réalités, tiennent lieu de bilan.

Dans les pays en voie de démocratisation ou à démocratie  électorale, le nôtre en l’occurrence,  la constitution qui est   la seule référence pour tout ce qui concerne les Présidents de la République, ses pouvoirs durant le mandat , ses obligations en fin de mandat, n’a pas prévu que ceux-ci fassent , en plus de la  déclaration de leur patrimoine à la date de fin de mandat,  une autre relative  au patrimoine de l’Etat et  du pays dont ils étaient, pourtant,  les premiers responsables  et dont ils avaient  en charge de la gestion, en dernier ressort. Le quitus est donné d’office à la gestion du Président fut-elle catastrophique ou criminelle!

Les auteurs de la constitution auraient pu, pourtant, prévoir une disposition qui oblige le Président sortant à  rendre compte de la situation patrimoniale du pays, à coté de la sienne propre. Mais la vision toujours marquée, chez nous,  par le  subjectivisme, conduit tout le monde, juristes compris, à se focaliser sur les aspects de vie  personnelle (celle des personnes physiques) plutôt que sur  les considérations générales,  afférant au pays, à ses  Institutions et à  son système.

Pourtant, le 1e Aout 2019, il n’y avait pas eu coup d’état, les deux présidents étaient présents. Le Sortant aurait pu et dû présenter les comptes à son successeur au vu et au su de leur peuple et du monde. Tout le monde avait  envie d’avoir ces informations, si  nécessaires pour la suite des événements.

De plus,  ils sont, tous  deux, l’ancien et le nouveau président de très bons amis, -ils nous l’ont affirmé d’une même voix- et l’on sait que  «les bons comptes qui font les  bons amis» ne peuvent que renforcer l’amitié. A contrario, les mauvais comptes qui ne sont « ni sincères, ni fidèles et qui ne reflètent pas la réalité »,  ne peuvent qu’altérer ou même  gâter l’amitié, surtout lorsque les omissions et les  inexactitudes portent sur des montants significatifs dans les comptes de la Nation et sur des enjeux stratégiques et déterminants.

L’élaboration et la publication du  bilan clôturant la gestion des onze dernières années de gestion de la Mauritanie par le Sortant auraient permis de comparer les réalisations avec les passifs qu’ils ont engendrés ou qui ont été  crées ex nihilo, de savoir si nous avons été  appauvris ou enrichis, si le pays a progressé ou régressé…. ?

La comparaison du patrimoine du Sortant avec le patrimoine de l’Etat  et l’évolution respective de ces deux patrimoines auraient pu, en outre, donner des indications utiles sur  la relation dynamique à travers les flux  entre les deux grandeurs ou stocks, entre ces  deux   vases  très communicants.

Y aurait- t- il eu, par exemple, corrélation positive ou négatives entre les deux patrimoines? Comparer leurs taux  de progression ou de régression aurait donné des révélations très intéressantes. Il est vrai qu’une évaluation relative  du patrimoine est plus significative que des chiffres absolus.

Dans sa relation avec l’Etat, le Chef  sortant a-t-il été Léonien ? Moubutien ? Moktarien?

Quoiqu’il en soit le L’Ancien, lui et  ses ministres, du premier au dernier, ont  le devoir moral, religieux et politique  de décliner les résultats de leurs activités respectives, de présenter des bilans partiels et globaux, individuels et collectifs.

Ne pas le faire spontanément, s’en abstenir et observer le silence serait irresponsable et même suspect.

Je propose à  Mr le Président Mohamed Ould CHEIKH GHAZWANI de leur demander  de fournir à l’Etat mauritanien, dont il vient de prendre la direction, leurs bilans respectifs accompagnés de rapports  de fin des  missions (bien rémunérées) et  qui décrivent pour quoi et comment ils sont arrivés à ces résultats. Ceci est aussi naturel et normal que son  corolaire, la démission du gouvernement. Ils ont ce devoir qu’ils doivent remplir avant de partir.

Le nouveau Président de la République a le droit, le pouvoir et l’obligation, dès  son entrée en fonction, de le demander, de l’exiger. C’est aussi dans son  intérêt politique.

Cette démarche  n’est pas assimilable à une forme  d’inquisition, ni à une chasse aux sorcières  ou  à l’homme, ni même à un audit ou à une inspection. Il s’agit d’un simple devoir démocratique et d’une obligation  administrative, celle de RENDRE COMPTE au peuple, aux électeurs.

 

En effet, il est légitime pour le Nouveau Président   de connaître le contenu de ce bilan de clôture imposé par l’Histoire et hérité de son prédécesseur, parce   qu’il va être intégré, de fait, dans son propre bilan d’ouverture, (qu’on le veuille ou non, qu’on en sache la composition ou qu’on l’ignore).La sagesse humaine et même parfois animale (blagues mises à part) nous recommande la prudence!

Ce bilan des Présidents Sortants sera, en effet,  le point   de départ pour le PR élu. Les passifs et les dettes léguées, automatiquement, constitueront, pour lui, un fardeau initial  handicapant, les actifs et les moyens, s’ils existent, seront des atouts et des tremplins pour son action.

Il s’agit,  en plus, d’une base utile et incontournable pour l’établissement  d’un bon diagnostic sur lequel, le nouveau PR  va  pouvoir baser sa stratégie tout en  affinant  le  programme électoral du Candidat-Président qui ne pouvait être qu’approximatif.

Cet outil aurait permis, de surcroît,  au Président GHAZOUANI de gagner du temps, de passer rapidement à l’action, sans risque d’erreurs dans l’appréciation des moyens ou dans la prise en compte des contraintes, en parfaite connaissance cause.

Il lui aurait permis de mesurer les performances des différents ministères, de anciens ministres , de l’efficacité des méthodes et des systèmes antérieurs.

On sait que les mêmes causes produisent les mêmes effets; il n’y a donc aucune légitimité ni aucun mérite  pour des hommes et des méthodes dont le signe distinctif est  l’échec à être réintégrés dans le nouveau  gouvernent ou ailleurs. On peut se faire prévaloir du succès à l’épreuve et des expériences réussies, mais jamais  de l’échec, car « on ne peut pas résoudre les problèmes qui se posent  en faisant appel aux  hommes et aux modes de pensée qui les ont crées. »

 

Que ceux, partis ou individus, qui seraient entrain de  protester, ces derniers jours, (ce que je n’arrive pas croire)    à la suite  de leur  non cooptation dans le gouvernement  de MR Ismael BEDDE , nous édifient sur leurs réussites ou leurs  exploits avérés pendant la décennie écoulée.

Que chacun présente, à l’appui de ses doléances, son bilan de clôture global ou partiel. S’ils ont des bilans qui affichent des résultats positifs, nous pouvons les comprendre. Mais reprocher  au Président et à son Premier ministre de  ne pas avoir associé des hommes ou des femmes qui trainent  des ardoises, des casseroles, des passifs, des mal performances,  est aussi  injuste et illégitime que la revendication par un dernier de la classe, d’une médaille ou de  la  mention « excellent » alors qu’il a obtenu, à l’examen final,  la note de 0/ 20.

En examinant les choses avec le prisme de ces mécontents et suivant leur échelle de valeurs  et en parlant leur langage, nous leur dirons que Ghazouani ne doit rien à personne. C’est  plutôt l’inverse qui est vrai.

En effet, si Mr GHAWANI  n’a pas montré, comme d’autres l’avaient fait,   une boulimie excessive pour  pouvoir (en  2005 et en 2008 et pendant la période de vacance de pouvoir  « post- fameuse balle amie Tweila », notamment), il a été, néanmoins, à l’avant-garde du CMJD et du HCE, avec l’honorable exception  d’être resté courtois, poli et correct à l’endroit du Président  Sidi OULD Cheikh ABDALLAH, ce dernier m’en avait  fait la révélation, après sa détention. Vous savez les valeurs et les qualités humaines ont leur poids dans l’appréciation de la vie  des hommes et de leurs actions.

De plus, l’unique  Exploit, jusqu’à preuve du contraire, dans les bilans des deux mandats, la seule gloire à l’actif réel du pouvoir mauritanien, et qui est reconnue par le monde entier, n’est autre que  la sécurisation de nos frontières.

A qui revient ce mérite ? A l’actif de qui faut-il l’enregistrer? Ce mérite est- il collectif, collégial ou est- il  exclusif ? Je peux dire et certifier que cet exploit, cet actif, « cette réalisation »  sont Ghazouaniens et reviennent à  notre armée nationale !! Oui, je le répète, ils sont  leurs, ils sont bien  les leurs : ils reviennent à Ghazouani et à notre Armée nationale exclusivement !!!!

Certains pourraient me rétorquer ! «   Et le Pouvoir?    Et le Président sortant ? »Je leur répondrai, en faisant appel au bon sens, parce qu’il est généralement bien partagé. Pourquoi L’Ancien Président et son pouvoir n’ont-ils  pas assuré le même niveau de  sécurité à l’intérieur du pays ? Tout le monde est témoin du contraste entre les deux sécurités. Et pourquoi des échecs généralisés dans les autres secteurs. Pourquoi ceux-là, qu’on dit mécontents, ces derniers jours,  n’ont-ils pas assuré le même succès dans leurs domaines respectifs ?

En revanche, Le Nouveau Président  n’a pas de passif, spécifiquement  à lui,    dans la gestion des  dix dernières années.  GHAZOUANI a du crédit qui lui est personnel,  nous venons de le démontrer, mais il n’a pas de passif exclusif.

Contrairement à d’autres et au stade actuel de mes connaissances, GHAZOUANI est blanc comme neige ! Blanc  comme GHAZWANI, au sens propre et figuré !!

Mais cela ne l’a pas empêché d’avoir la courtoisie et la politesse d’assumer, à son détriment politique et moral, le passif des autres, tout  en les habillant  de sa  gloire et de ses  réussites spécifiques et exclusives  comme  celles des armées nationales  qu’il aura dirigées, une décennie durant.

Ces mécontents, s’ils existent dans les rangs de l’ancien UPR, devraient avouer qu’ils sont débiteurs de gratitude et de reconnaissance à l’égard de GHAZWANI et que la République et son Président ne peuvent être guidés dans la sélection des compétences par des critères biologiques ou épidermiques! La mauvaise monnaie a longtemps chassé la moyennement bonne! Cela ne suffirait-il pas?

Quant aux  hommes des nouvelles majorités, ils ne devraient pas confondre la candidature (même implicite) aux nominations avec  le soutien politique à un Président normal et à une politique qui pourrait sauver la Mauritanie de la déconfiture. L’une ne doit pas être la condition ou la  contrepartie de l’autre.

Face à cette situation rendue confuse par l’absence de bilan publié et connu, et de dévouement sincère à une cause, et  en attendant  que les Anciens nous montrent,  dans  leurs rétroviseurs, leurs bilans,  je considère qu’il est du devoir des experts et des praticiens de mener les efforts de recherche nécessaires  afin d’aider dans cette démarche, mais aussi de combler cette lacune, si les intéressés persistent à ne pas produire et  à ne pas ‘’ signer’’ lesdits  documents de fin de mandats.
En ce qui nous concerne, à l’Institut 2IRES, notre humble contribution se fera, sans fixer le regard sur le rétroviseur, dans un but inquisitoire ou pour imputer les responsabilités à quiconque.

Notre objectif sera d’éclairer l’opinion publique sur le présent, en faisant la photographie du pays et de sa position actuelle dans notre continent et dans le monde, pour savoir où en  sommes-nous et qui nous sommes, afin de  pouvoir faire, éventuellement,  des recommandations et des propositions, en sachant que  pour apporter des solutions à nos  problèmes les plus graves, nous devons changer radicalement notre façon de penser.

N’oublions pas, toutefois, que la Banque mondiale classe notre pays comme étant « celui qui, dans le monde, profite le moins de ses richesses.»

Il nous semble, en conséquence, important et urgent de procéder à la renégociation des contrats les plus léoniens et, en particulier de ceux conclus avec la plus grande précipitation dans la dernière partie du mandat précédent et qui couvrent de longues périodes.

Cette renégociation qui vise à rétablir le droit et la justice aura, en outre, le mérite de clarifier le tableau, de mieux situer les responsabilités et d’écarter tout soupçon éventuel de connivence, ce  qui, de notre point de vue et aux yeux de beaucoup, revêt un caractère d’absolue et d’urgente priorité.

A SUIVRE

Mohamed ould Mohamed El Hacen

Consultant international

 

 

 

 

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