Le 23 juin, lendemain de l’élection Présidentielle en Mauritanie, Nouakchott vit une nervosité consécutive à la polémique sur des résultats qui ont donné gagnant Cheikh Mohamed Ahmed Ould Ghazwani gagnant. L’opposition, courroucée parce que le candidat du pouvoir s’est proclamé vainqueur alors même que la CENI n’avait pas fini de livrer les résultats des bureaux des votes, a appelé à manifester. Des foules ont commencé à exprimer leur colère dans certaines villes du pays et dans des quartiers de Nouakchott.
Dans l’après midi, les forces de l’ordre qui avait été disposées sur différents points névralgiques de la capitale répriment les manifestants. Le jour suivant, dans le feu de la violence, le siège de la Coalition Vivre Ensemble est assailli par des troupes d’antiémeutes. Aux environs de 17H, Mamadou Ousmane TALL est arrêté manu militari au siège du MPR de KANE Hamidou Baba candidat à la présidentielle du 22 juin. Tall est Secrétaire Général de la Coalition Vivre Ensemble qui a porté ce dernier dans la compétition présidentielle.
Mamadou Ousmane Tall a été libéré mardi dernier après avoir passé 9 jours dans un commissariat de Nouakchott.
Interrogé sur les circonstances de son arrestation, le SG de la CVE s’est dit meurtri et profondément sidéré par « la violence sans commune mesure avec laquelle les forces de l’ordre se sont acharnées » sur sa personne. Il revient dans le récit qui suit sur les circonstances de son arrestation et les conditions de sa détention.
« Cet après midi du 24 JUIN à 16H, comme à l’accoutumée en tant que Secrétaire Général, je me suis retiré dans mon bureau attendant les directives du candidat de la CVE sur la conduite à tenir par rapport à la période post électorale. Constatant le regroupement de plusieurs jeunes et femmes militants de la CVE aux alentours du siège, j’ai pris la pleine mesure d’appeler le président KANE Hamidou Baba pour l’en informer. KANE répond en me disant tout simplement que la marche de protestations contre les résultats annoncés par la CENI était annulée faute d’autorisation par les autorités compétentes.
C’est fort de cette décision du candidat que j’ai a appelé ses deux collaborateurs pour les informer et appeler les jeunes réunis au siège à quitter les lieux par mesure d’apaisement. Cinq minutes après, la police a commencé à tirer des grenades lacrymogènes concomitamment aux échauffourées avec les jeunes qui rétorquaient par jets de pierres.
« Du siège du MPR, on attendait les crépitements assourdissants des lacrymogènes »
La police, dans une furie indescriptible, fait une irruption fracassante dans le siège. Ils étaient au moins une vingtaine à défoncer la porte du bureau dans lequel je me trouvais avec quelques jeunes. Ils se sont mis à nous tabasser à coups de matraques. Je me suis présenté les bras en l’air et demandé aux forces de l’ordre de m’écouter pour une séance d’explications.
Faisant fi de ma sollicitation, ils continuèrent à nous rouer rageusement de coups. J’ai reçu des coups de poings, des gifles avant de me retrouver à terre pour être piétiné et par une meute de policier impitoyables qui m’ont trainé dehors comme un sac pourri et jeté dans leur bus où d’autres ont pointé sur moi un fusil comme si j’étais un terroriste qu’ils venaient de neutraliser.
Blessé gravement au genou, au tibia et au poignet droit pour avoir reçu des coups de rangers à ces endroits, je me retrouve au commissariat 3 de Tevragh Zeina. Là je suis jeté dans une cellule nauséabonde de 4m2 qui servait de toilettes. J’étais avec 22 autres personnes arrêtées dans cette cellule. J’ai fait l’objet d’une garde à vue qui s’est poursuivi neuf jours.
Au troisième jour de cette garde à vue, voyant que j’avais le genou enflé et que je ne pouvais plus supporter les douleurs, le Commissaire Abdel Vettah à donné l’ordre à ses hommes de faire sortir de ce trou pour m’installer dans un lieu plus respectable. Et je salue ici l’esprit d’ouverture et le sens humain du Commissaire Abdel Vettah ainsi que la courtoisie du brigadier Bâ et de ses éléments qui pour le reste de mon séjour prolongé m’ont bien traité et ont été d’un soutien moral important pour moi.
Au huitième jour, j’ai été conduit au parquet pour être entendu. C’est au 9e jour finalement que j’ai rencontré le substitut du procureur de la république qui m’a reçu le 02 juin. Après m’avoir soumis à un interrogatoire, il décida de e libérer et de classer le dossier sans suite. »
Mamadou Ousmane Tall qui a fait ce récit s’est dit stupéfait par la « férocité des forces de l’ordre qui s’en sont pris à des personnes avec une méchanceté indescriptible. » Il a tenu à exprimer ses remerciements à toutes celles et tous ceux qui ont compati avec lui et ont exprimé leur solidarité à son égard. « J’exprime ma reconnaissance en particulier à Binta Kane, Jemil Mansour, Cheikh Mbacké, Polel ainsi qu’à tous mes parents et amis qui m’ont soutenu dans ces moments de rude et cruelle épreuve. » A-t-il conclu.