Dans le cadre des événements marquant son 20ème anniversaire, l’ONG Ecodev a organisé le jeudi 11 avril 2019 à Nouakchott un atelier sur Entrepreneuriat et création d’emplois : Quel rôle pour la société civile et le secteur privé ?
L’atelier a été animé par M. Haroune Sidatt, Spécialiste en Développement du Secteur Privé qui a fait un exposé sur le thème « emploi et entrepreneuriat des jeunes en Mauritanie.» M. Sidatt a par ailleurs facilité un panel d’experts sur l’identification des priorités et des pistes de solution.
Le panel de spécialistes était composé de : Mme ZeinabouDiop Coulibaly, Directrice des Programme d’Oxfam en Mauritanie et représentante du groupe des ONG en charge du programme SAFIRE de l’Union Européenne, M. Mohamed Bakar TEISS, Président du Club des Entrepreneurs de Mauritanie et chef d’entreprise, M. Mohamed Mahmoud Atigh, ancien Directeur de CFPP et M. Sidi Khalifou, Président d’Ecodev.
Introduisant le débat, le modérateur a fait une présentation qui a permis d’identifier les défis mais aussi les opportunités sectorielles en Mauritanie ; la responsabilité collective d’agir pour redonner de l’espoir à la jeunesse a été clairement illustrée, soutenue par une analyse détaillée autour de l’offre et de la demande et des constats alarmants d’exode rural, de déperdition scolaire et du climat des affaires en Mauritanie. Le paradoxe national d’un pays avec une lourde masse de chômage et de sous-emploi alors que les opportunités de création d’emploi et de richesse dans les secteurs clés comme la pêche, l’agriculture et l’élevage et les services dépassent de loin les besoins du pays pour les années avenir.
Quatre Questions ont été posées aux panelistes et à l’audience à savoir :
- Quels sont les véritables défis en matière d’emploi auxquels la jeunesse mauritanienne fait face aujourd’hui?
- Que faut-il faire pour promouvoir un entrepreneuriat créateur d’emploi en Mauritanie ?
- Comment matérialiser le potentiel agro-pastoral et des services pour le bénéfice des mauritaniens en zone rurales et urbaines ?
- Quel est le rôle des acteurs de la société dans le développement d’un écosystème entrepreneurial efficace et adapté à la réalité mauritanienne, surtout en zone vulnérable ?
Les panelistes et les participants ont indiqué que le paradoxe national exige une action collective des partenaires – publics, privé, société civile et PTF- en vue d’apporter des solutions durables mais aussi assurer l’efficience des ressources.
Les participants ont salué le leadership d’Ecodev car les organisations de la société civile doivent sortir de la case purement « aide humanitaire d’urgence » vers une démarche d’appui durable à travers entrepreneuriat et les projets locaux ;
Dans l’immédiat, le secteur privé national peut faire mieux au niveau urbain en s’associant avec des projets de stages/ 1er emploi ou encore dans le renforcement de la pertinence de la formation des jeunes.
En l’absence d’un cadre plus favorable en zone rurale, les acteurs sociaux doivent encadrer les porteurs de projets de valorisation et de transformation des ressources locales afin de permettre la fixation des populations et le développement de marché régionaux spécialisés.
Le secteur public quant à lui, devra améliorer la qualité de la formation et promouvoir un service aux entreprises et aux entrepreneurs en phase avec les exigences de compétitivité des marchés.
Il a été clairement indiqué un manque important de communication et de partenariat entre les acteurs (privé pourvoyeur d’emplois, public en charge de la formation professionnelle, et demandeurs d’emplois) qui amplifie cette situation de précarité de la jeunesse nationale.
Le témoignage de l’ANAPEJ a permis de jeter la lumière sur l’importa tance d’améliorer l’adéquation formation et le niveau de jeunes et les besoins des entrepreneurs locaux.
Les participants ont souhaité l’organisation d’opportunités d’échanges à travers les portails et le réseaux sociaux en vue de plus de coordination et de coopération entre le secteur public, privé, les PTF et les acteurs sociaux. Les intervenants ont insisté sur l’importance du rôle des organisations de la société civile comme Ecodev pour amorcer cette communication.
Pour les organisations de jeunesse présentes, ce fut une occasion d’exprimer une certaine frustration aussi bien en termes d’implication dans les politiques publiques que dans l’action des acteurs du secteur privé. Ils ont reconnu l’impact positif d’une société civile, formatrice, proche de la base et soutien au plaidoyer. Ils ont salué le travail d’Ecodev et demandé plus de rencontres sur ces thèmes pour faire bouger les lignes en faveur de l’insertion, l’emploi et entrepreneuriat des jeunes.
Les participants ont demandé aux responsables des organisations de la société civile de faciliter des rencontres spécifiques sur des domaines prioritaires afin de promouvoir la communication et la coopération entre les parties prenantes nationales.
Ces rencontres doivent viser l’amélioration des services publics aussi bien aux entreprises qu’aux jeunes, la participation des acteurs privés dans l’encadrement et le soutien des porteurs de projets, ou encore la promotion d’une participation active de la diaspora dans le développement local, pour ne citer que cela.
Enfin, l’ensemble des partenaires au développement ont indiqué leur satisfaction pour cette riche discussion de professionnels mauritaniens ; ils ont aussi souhaité continuer à être associé à ces rencontres et actions.
ML