L’éditorial de MFO : Rendre effective la force conjointe du G5 Sahel

La France fait le forcing pour rendre effective la force conjointe du G5 Sahel. C’est, en principe, une bonne chose. Pour ce qu’elle permet de mutualisation des moyens de lutte contre le terrorisme qui est une menace régionale voire mondiale.

Grâce aux démarches françaises, le financement de la mise en place de la force conjointe du G5 Sahel  est en passe d’être finalisé. Même si l’ancienne puissance coloniale a été le moins « offrant », elle a compensé par l’interférence auprès de ses alliés et amis. On n’est plus loin des 230 millions euros estimés suffisants à faire démarrer la force. Quelques problèmes subsistent cependant.

La situation au Mali et l’incapacité de ce pays à appliquer l’accord de paix donnent à l’instabilité un air de guerre civile qui pèse sur toutes les ethnies de la région. Touarègues, Peulhs, Maures, Songhaïs… sont disséminés dans les régions ouest et nord africaines. Ce qui fait le caractère transfrontalier de cette instabilité et des menaces qui la provoquent, c’est bien cette dissémination de l’élément humain.

Stabilisation; tenir compte de la Libye et l’Algérie,

La paix au Mali et la stabilisation des rapports entre l’État et les populations, des rapports entre les différentes composantes de cette population, sont la condition sine qua non d’une paix globale et régionale. L’effort de pacification commence ici.

Cet effort dépend aussi de l’évolution de la situation en Libye. Parce que ce pays alimente les groupes jihadistes en armes, mais aussi en nouvelles recrues. Il est aussi un lieu de reflux des bandes criminelles chassées d’autres théâtres de guerre comme la Syrie ou l’Irak.

Il dépend certainement de la bienveillance de l’Algérie qui reste un élément fondamental dans la stabilisation régionale de l’espace sahélo-saharien.

L’Algérie qui ne peut engager ses forces à l’extérieur de son territoire, mais doit contenir le mouvement de reflux des combattants chassés du Mali et de Libye et ne pas laisser s’établir la jonction entre les deux espaces.

Développement et sécurité : des enjeux majeurs

Il dépend de la bonne intelligence de la réalité du terrain par les alliés proches comme la CEDEAO et la France ou lointains comme l’Union Européenne et les États-Unis d’Amérique. Cette intelligence doit nécessairement leur dicter de ne pas être encombrants ou possessifs.

Les prédécesseurs du Président Emmanuel Macron ont agi dans la précipitation et sous la pression des militaires qui demandaient de l’action sous prétexte que le Mali « utile » était sur le point de tomber. Il ne faut pas que la même pression, exercée par les mêmes militaires, cette fois-ci pour précipiter leur retrait, il ne faut pas que cette pression produise les mêmes effets : une action irréfléchie, ne prenant pas en compte le caractère multidimensionnel de la crise dans la région.

L’originalité  du G5, est qu’il base sa doctrine autour de la corrélation entre développement et sécurité. La force  conjointe du G5 Sahel est une réponse à la problématique sécuritaire. Quid des réponses aux problèmes innombrables de développement ?

La démocratie, la bonne gouvernance économique et sociale, la solidarité… sont autant d’ingrédients qu’il va falloir cuisiner ensemble pour corriger les déséquilibres sociaux sources de profondes ruptures qui nourrissent l’insécurité et l’instabilité.

On invoque souvent la pauvreté pour expliquer les déviances, mais en réalité ce sont là les résultats d’une mauvaise gouvernance qui détruit tout sur son passage.

 

Source : La Tribune N°740 du mardi 21 jnvier 2017

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