Le second procès en appel du blogueur mauritanien condamné à mort depuis 2014 se poursuit ce jeudi 9 novembre. Ouvert ce mercredi 8 novembre, ce procès s’est déroulé sans un groupe de 19 avocats dont le bâtonnier de l’ordre national des avocats de Mauritanie qui entendait se constituer partie civile. Ce groupe s’est vu signifier par le Président de la cour qu’il ne pouvait plaider et que le Parquet général était déjà représenté. « Nous nous sommes retirés pour protester contre une entorse à la loi qui nous donne le droit de nos constituer en faveur de quiconque se sent offensé dans ses droits », a déclaré Me Cheikh Hindi, bâtonnier de l’ordre National des Avocats. Deux autres avocats du barreau mauritanien, Me Fatimata Mbaaye et Me Mohamed Ould Moine, chargés de défendre l’accusé avaient attiré l’attention de la cour sur le fait que leurs collègues « n’étaient pas habilités à représenter la partie civile. » « Je ne plaide pas contre Ould Mkhaitir en ma qualité de bâtonnier mais en tant qu’avocat tout simplement. » A relevé Me Hindi. Le verdict pourrait tomber ce jeudi alors que le parquet a requis le maintien de la peine capitale en tenant compte du crime d’apostasie au lieu de la mécréance par lequel avaient été requalifiés les faits retenus contre Ould Mkhaitir en 2016. La semaine dernière Human Right Watch avait déclaré par la voix de Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord que « la Mauritanie ne devrait accuser personne d’“apostasie”, et encore moins condamner un blogueur à mort pour une accusation aussi absurde basée sur un article qu’il a écrit ». Une note d’espoir de voir la peine capitale reconsidérée lorsqu’on lit cette conclusion de HRW publiée quelques jours avant l’ouverture de ce nouveau procès : « C’est une bonne chose que la Cour d’appel réexamine cette affaire, mais Mkhaitir n’aurait initialement jamais dû être accusé. » Mohamed Cheikh Ould Mkhaitir est arrêté depuis le 02 janvier 2014 pour avoir produit un article jugé blasphématoire à l’endroit du prophète Muhammad. Il comparait au moins pour la 3e fois devant les tribunaux après avoir été condamné à la peine capitale pour apostasie en première instance en décembre 2014. Peine confirmée en 2016 après son premier procès en appel et malgré la requalification des faits d’apostasie en faits de mécréance censés alors alléger sa sanction.
Kissima