Dialogue politique en Mauritanie, ou quand les tergiversations de l’exécutif donnent raison à Biram Dah Abeid

Le dialogue national en Mauritanie est devenu une sorte de serpent de mer : souvent évoqué, rarement engagé, et presque jamais abouti. Pourtant, dans une démocratie qui se veut moderne, le dialogue entre les acteurs politiques de tous bords devrait être un exercice sacré, fondé sur la sincérité, l’écoute et l’engagement en faveur de l’intérêt général. Malheureusement, les faits contredisent les discours.

Depuis le début de son premier mandat, le président Mohamed Ould Ghazouani a multiplié les appels à un dialogue républicain inclusif. L’initiative du « pacte républicain », saluée au départ par l’opinion nationale et portée par des partis comme l’UFP et le RFD, semblait prometteuse. Le contenu en lui-même – des questions majeures touchant à l’unité nationale, à la gouvernance, à l’égalité des chances – avait tout pour servir de socle à une refondation politique. Mais très vite, cette dynamique s’est essoufflée, faute de volonté politique réelle.

Les multiples annonces d’un dialogue imminent, notamment à l’approche du second mandat, se sont heurtées à des tergiversations continues. L’exécutif donne ainsi l’impression de temporiser, d’user du dialogue comme un outil de communication plutôt qu’un levier de réforme. Résultat : les acteurs de la majorité feignent d’y croire encore, pendant que l’opposition institutionnelle, prise dans le piège de l’attente, perd en crédibilité et en impact.

Dans ce contexte, l’attitude de Biram Dah Abeid prend tout son sens. Refusant dès le départ de s’associer à ce qu’il qualifie de mascarade politique, il semble aujourd’hui confirmé dans ses craintes. En l’absence de garanties claires, de feuille de route transparente, et d’engagement ferme de l’État, toute tentative de dialogue risque de n’être qu’un alibi de plus pour maintenir le statu quo.

Ce statu quo, orchestré par des forces conservatrices au sein même du système, ne profite qu’à ceux qui refusent tout changement structurel. Pendant ce temps, les défis réels du pays – fractures sociales, exclusion, crise de confiance, état civil, pauvreté, insécurité dans nos villes et sur nos routes…demeurent sans réponses durables.

La Mauritanie mérite un dialogue sincère, inclusif et transparent. Un dialogue qui transcende les calculs politiques pour se hisser à la hauteur des aspirations d’un peuple meurtri et relégué à la périphérie des politiques publiques.

Le temps des discours est révolu. Place aux actes.

Bakary Seta Wagué

Loading

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *