Désinformation et cohésion sociale : un risque pour l’unité nationale

La Mauritanie, riche de sa diversité culturelle et linguistique, incarne une coexistence harmonieuse entre l’arabe — langue officielle et dialecte hassaniya — et plusieurs langues nationales telles que le pulaar, le soninké et le wolof. Cette mosaïque identitaire constitue le socle de la cohésion nationale, une force collective bâtie sur la reconnaissance et la valorisation de chaque culture.

Pourtant, dans ce contexte pluraliste, la désinformation peut rapidement devenir une arme à double tranchant. Les rumeurs diffusées à travers des canaux non vérifiés — qu’il s’agisse de WhatsApp, des réseaux sociaux ou de simples échanges informels — exacerbent parfois les tensions communautaires. Des conflits liés à l’accès aux ressources, notamment entre agriculteurs et éleveurs, trouvent souvent leur origine dans des informations tronquées ou manipulées, ravivant ainsi des clivages structurels.

Face à ce défi, le renforcement de la littératie médiatique et la promotion de médias inclusifs et multilingues apparaissent comme des priorités. Préserver l’unité nationale en Mauritanie suppose aujourd’hui une vigilance collective face aux fausses informations — mais aussi la mise en valeur de chaque voix culturelle comme vecteur d’équilibre et de paix.


Étude de cas : désinformation et tensions entre éleveurs et cultivateurs

En Mauritanie, la désinformation a, à plusieurs reprises, attisé les tensions entre éleveurs et cultivateurs, notamment dans les zones rurales. Des rumeurs diffusées sur les réseaux sociaux ont alimenté des conflits autour de l’accès aux ressources naturelles — points d’eau, pâturages ou terres agricoles.

Des vidéos manipulées ou messages audio mensongers, largement partagés sur WhatsApp et Facebook, ont créé des malentendus et des hostilités entre communautés.
Ainsi, une vidéo prétendant montrer des attaques de bergers contre des cultures a récemment circulé massivement, provoquant des représailles violentes contre des éleveurs. Or, une enquête ultérieure a révélé que ces images étaient anciennes et sorties de leur contexte. Malheureusement, les dégâts sociaux et humains étaient déjà considérables.

Cette situation illustre avec force l’urgence de développer l’esprit critique du public, de soutenir les médias communautaires fiables et de promouvoir la vérification des faits afin de contenir la désinformation et préserver la paix sociale.

Ousmane Hamed Doukoure

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