Le sommet du G5 Sahel a adopté l’essentiel des textes fondamentaux de la force conjointe lors de sa réunion à Niamey au Niger le 6 février. La réunion a aussi choisi un nouveau secrétaire permanent. Mais est-ce suffisant pour rendre effective la force conjointe et passer le cap de la reconnaissance à l’extérieur ?
Tous les Présidents des pays membres du G5 Sahel étaient présents à Niamey. Étaient aussi représentés la France, l’Allemagne, l’Espagne, la Chine, l’Italie, les États-Unis d’Amérique, l’Arabie Saoudite, le Luxembourg, les Pays-Bas, le Royaume Uni, les Émirats Arabes, la Belgique et le Soudan. En plus de représentants d’organisations internationales comme les Nations-Unies, l’Union Africaine, l’Union Européenne et les grands partenaires techniques et financiers de la région.
Le constat fait par les Chefs d’États reconnait l’existence de défis immenses en matière de sécurité en particulier le terrorisme. Tout en invoquant la situation en Libye qui serait une source de déstabilisation pour la région.
inscrire le mandat de la force commune sous le chapitre VII de la Charte des Nations Unies?
Même s’ils se félicitent de «la forte mobilisation de la communauté internationale en faveur de la force conjointe», les Chefs de l’État ont demandé au Conseil de sécurité de l’ONU d’inscrire le mandat de cette force sous le chapitre VII de la Charte des Nations Unies. Ce qui n’est pas acquis même si une étroite coopération existe avec la MINUSMA.
En attendant la tenue de la Conférence de Bruxelles, prévue le 23 février, les Chefs d’État ont demandé aux partenaires financiers, les créanciers surtout, de considérer la crise au Sahel «comme un choc identique à celui sur les matières premières» afin de «mettre en place des ressources additionnelles pour y faire face».
Un fonds fiduciaire approuvé
Pour avancer sur la voie de la construction de l’architecture opérationnelle de la force conjointe, les Chefs d’État ont approuvé le règlement organique de la force ainsi que «la décision portant création, organisation et fonctionnement des comités de soutiens et de contrôle de la force».
Le fonds fiduciaire a été approuvé, toute comme le manuel de procédures, l’Académie régionale de police implantée au Tchad et le Collège de défense en Mauritanie.
C’est dans ce fonds que toutes les contributions seront versées pour être ensuite dépensées selon des procédures assurant un maximum de transparence.
Les Chefs d’État ont décidé la nomination de Maman Sambo Sidikou au poste de Secrétaire permanent du G5. Il remplace Najim El Haj Mohamed, visiblement décrié par les partenaires qui lui reprochent «sa mollesse et sa nonchalance». Pendant les huit premières années de l’existence du G5, c’est au Niger que revient le droit de pourvoir ce poste auquel est désormais rattachée la force conjointe.
La conférence des Chefs d’État a été précédée par les réunions des experts et des ministres dont les conclusions ont servi de base aux décisions et recommandations du sommet. Sauf pour l’accord avec la MINUSMA qui a été recommandé par le sommet malgré le refus des ministres de l’entériner.
Coordination avec l’alliance du Sahel
«Les Ministres ont accueilli une délégation de l’Alliance Sahel avec laquelle ils ont eu des échanges sur les préparatifs de la Conférence Sahel du 23 février 2018 à Bruxelles qui comportera un volet politique, un volet financement de la Force Conjointe et un volet développement.
La délégation a présenté les objectifs de l’Alliance (coordination des appuis financiers, synergie, meilleure efficacité de l’aide), ses six secteurs de concentration (employabilité des jeunes, développement rural, accès à l’énergie en lien avec le climat, gouvernance, décentralisation et services de base, sécurité) et ses 12 projets phares qui seront mis en œuvre dans les pays du G5 Sahel.
Les Ministres ont exprimé la nécessité de renforcer la coordination et la mise en cohérence des différentes stratégies et initiatives sur le Sahel et de prendre en compte les priorités du G5 Sahel telles qu’elles apparaissent au Programme d’Investissements Prioritaires (PIP) du G5 Sahel ainsi que les priorités nationales. En outre, les Ministres ont exhorté les partenaires de l’Alliance Sahel à mobiliser des fonds additionnels pour le Développement de la Région».
Le budget du Secrétariat permanent est fixé à «2 milliards de francs CFA en recettes et dépenses, soit une contribution par État de 400 millions de francs CFA». La subvention aux Comités nationaux de coordination est portée de 20 à 40 millions FCFA.
La Tribune N°743 du 13 février 2018