Au sortir d’une audience que lui a accordé le président de la République ce vendredi 28 Août, Birame Dah Abeid, leader du mouvement abolitionniste IRA et porte étendard de la lutte contre l’esclavage en Mauritanie, est gonflé à bloc par les assurances données par Ghazwani qui s’est montré réceptif à ses revendications qui se recoupent en grande partie d’ailleurs avec le fameux programme présidentiel « Ta’ahoudati ».
Malgré sa popularité au sein de la populeuse communauté haratine, sans doute la plus importante du pays en termes de nombre et une ascension fulgurante au fil des années, le tonitruant député haratine a donné du fil à retordre au régime précédent qui l’a férocement combattu et embastillé des années durant.
Le militantisme et l’engagement des jeunes militants du mouvement IRA ont fait mouche obligeant à plusieurs reprises le régime de Aziz à lâcher du lest. D’ailleurs ce dernier qui ne les porte pas dans son cœur semble toujours hanté par eux et il l’a clairement insinué au cours de sa dernière conférence de presse.
Birame qui est un fonceur né avait choisi la stratégie de la confrontation directe avec l’ancien régime et malgré un rapport de force largement défavorable, les manifestations régulières des jeunes militants d’IRA ont régulièrement fait bouger les lignes.
C’est cette constance et cette grande capacité de mobilisation et d’action qui a permis à l’homme de se forger une place au soleil dans le paysage politique national et une respectabilité de la part de ses pires ennemis, y compris dans les milieux du pouvoir.
Aujourd’hui Birame est devenu incontournable. Son poids électoral est énorme et monte crescendo et son rêve de s’installer un jour au palais présidentiel n’est pas utopique.
Ghazwani a donc grand intérêt à composer avec cet honorable député qui soi dit en passant suscite des sentiments contradictoires d’amour pour les uns et de haine viscérale pour les autres.
Pourtant l’homme dispose en lui de qualités avérées de dirigeant et de rassembleur. Il est polyglotte et parle presque toutes les langues nationales. Reste qu’il doit opérer certains réglages sur le plan comportemental et être capable de discipliner son discours comme il commence à le faire.
Et pour revenir aux problèmes soulevés devant le président de la République, Birame a évoqué le règne des faux diplômes, un véritable cancer pour la fonction publiques et pour les entreprises nationales ; le tribalisme qui continue à gangréner la société mauritanienne ainsi que les promotions imméritées qui mettent à la marge les véritables compétences au profit des médiocres et autres arrivistes aux bras longs.
Birame a aussi plaidé auprès du président de la République pour plus d’équité entre les citoyens et un minimum de dignité matérielle. Cette revendication est d’autant plus nécessaire qu’elle constitue aujourd’hui une urgence du fait de la paupérisation et de la misère au sein de larges franges de la population.
Le président du mouvement IRA a également fait état de l’engagement de son interlocuteur de traiter tous les citoyens sur le même pied d’égalité en se fondant sur le mérite, la compétence et l’égalité des chances, loin des faux diplômes, de la préférence ethnique et de la complaisance.
« Le temps, de la confrontation systématique nous paraît révolu car la Mauritanie change » assure Birame qui s’attend en contrepartie de sa contribution à l’apaisement du climat social et politique et de son soutien aux réformes envisagées par le président Ghazwani, à la légalisation du parti RAG dont le dossier repose dans les tiroirs du ministère de l’intérieur depuis plusieurs années.
Bakari Guèye