En Mauritanie, la campagne présidentielle de juin 2019 se peaufine et les contours et conditions générales de traçabilités demandés par l’opposition sont plus ou moins entérinés par le ministère de l’intérieur et le conseil de ministres au cas échéant !
Par Idoumou Ould Beiby*
La dernière grande mesure est désormais le vote des forces armées non plus à un jour du jour « j » mais le prochain scrutin inaugurera le vote de l’Armée le même jour que les autres citoyens ce qui selon le ministre de l’intérieur permettra aussi la sécurisation de l’opération du vote elle même !
Ghazouani dans tout çà ?
Donné vainqueur dès le premier tour, rien n’est mois sûr et tout est désormais à revoir car la campagne du candidat du consensus d’après la précampagne que tolère apparemment le gouvernement laisse dévoiler de grandes lacunes structurelles et de profondes contradictions à tel point que tout semble encore flou !
– Les méchantes langues parlent déjà d’un désaccord entre lui et ses soutiens en l’occurrence son parrain Mr Aziz et puis tous les observateurs politiques remarquent un certain relâchement des barons de l’Upr qui avancent ,en aparté qu’ils n’ont pas encore reçu le feu vert d’Aziz et d’autres chapelles et chapelets afin de battre campagne pour Ghazouani, chose que certains départs et ralliements expliquent …
– L’armée, prise entre deux feux ,ne peut déclarer ouvertement sa position pour un des leurs qui désormais a pris sa retraite et pense mener une vie de civile à sa manière.
– Le Gouvernement, lui aussi, tenu de droit de réserve, même s’il soutient dans les coulisses, veut se faire un Gouvernement rassembleur ne serait ce que pour ne pas donner l’occasion à l’opposition de crier au parti pris pour Ghazouani …
– Les approches de Ghazouani lui même ou de ses conseillers immédiats surtout semblent timides sinon elles laissent entendre ou un mépris pour les électeurs de poids ou une mauvaise interprétation de la scène politique en mouvance depuis qu’Aziz a coupé l’herbe sous les pieds des partisans du 3ième mandat qui sont toujours maintenus dans des postes de décisions sensibles …
La tournée effectuée par Ghazouani à l’intérieur n’a pas d’un grand succès pour ne pas dire qu’elle a été un échec en ce sens que le Candidat n’a pas pu prendre les contacts nécessaires afin de palper le pouls politique des électeurs après 2 mandats d’Aziz ! Aucun contact avec les cadres ni les élus, ni les notables et encore moins aucun bain de foules ou tête à tête avec la société civile et les politiciens locaux … Plus, le fait d’éviter les capitales régionales a été une grande erreur d’appréciation car les acteurs politiques de ces moughataas centrales se sont vus obligés de s’afficher ailleurs causant une déstabilisation et de fausses configurations politiques …
Au niveau du siège central du candidat du consensus c’est l’anarchie et surtout la floraison de nouveaux arrivistes et intrus politiques, de nouveaux discours de sorciers de tous les régimes et où pêle-mêle tous les discours et toutes les analyses et pronostics élisent domiciles. Les retournements de veste et tous les coups bas et hauts s’y enchevêtrent et Ghazouani en grand stratège, calme avale, écoute comme pour dire à tous qu’il fait un repos de combattant mais à vrai dire ce Candidat sage et qui bénéficie de larges soutiens semble être victime d’une armada qui ne dit pas son nom !
Aura-t-il le temps de s’en débarrasser ? Ou il fera avec ?
A titre d’exemple,dans ma moughataa d’Amourj et le cas est aussi valable pour beaucoup d’autres sites électoraux, c’est le tohubohu car le Secrétaire Général de l’Upr a déjà, dans une vidéo, déclaré sa démission de l’Upr pour soutenir Mr Sidi Mohamed Ould Boubacar …
L’acte en soi pouvait être banal si ce n’est pas cette léthargie qui s’affiche sur les visages de certains barons de l’Upr ça et là ! A l’heure actuelle, les grands notables de la moughataa se sentent déboussolés et ne savent plus à quel sain se vouer car Ghazouani demeure la Nejma de Kateb Yacin et tous ceux qui gravitent tout au tour semblent ou trop pris ou trop saints ou trop dépassés …
Le Hodh de la position choyée se voit marginalisé !
Le candidat du consensus vient de nommer son Directeur de Campagne au niveau national en la personne de Mr Niang Djibril Hamady mais est ce que dans le voisinage immédiat ou le cabinet du consensus national Mr Ghazouani y a t-il un seul cadre du Hodh Chargui ? J’en doute …
Si oui j’aime savoir qui est il ? Sinon comment vouloir être un Président sans approcher ce monde de la Mauritanie profonde, réputé pour être un grenier à voix ?
Être conseillé et approché par des novices qui ne peuvent même pas faire la différence entre le bon grain et l’ivraie et qui connaissent peu ou pas les réalités sur le terrain, ne sert pas les bonnes causes ! D’ici là les autres grignotent et engrangent et c’est peut être bien pour désagréger ces blocs solides qui font peurs mais c’es aussi dommage pour la stabilité d’un pays qui, plus que jamais a besoin de sortir la tête haute d’un scrutin de tous les dangers !
En un mot, les élections de juin 2019 semblent plus que jamais ouvertes en ce sens que rien n’est gagné à l’avance car tout semble appeler les uns et les autres à revoir les repositionnements politiques qui s’imposent surtout que la Mauritanie aguerrie par tant de secousses entend bien choisir l’Homme qui pourra la mener au bon port et avec moins de dégâts collatéraux ! Fini la politique du mouton et béni oui-oui ? Qui sait ?
*Diplomate et analyste politique (rimweekly)