Gouvernement mauritanien-Syndicats d’enseignants : Chronique des engagements évanescents

Plus que quelques semaines avant que les rideaux ne tombent sur l’année scolaire 2024-2025 ! Cette année inaugurée par une grève torrentielle conduite sous les meilleurs auspices des dirigeants des syndicats d’enseignants. Des syndicalistes valeureux et intègres, chevaliers en boubous délavés, brandissant fièrement leurs revendications comme des étendards ! Ils s’avancent, front haut et cœur gonflé d’illusions, vers la table des négociations, croyant encore que le premier ministre — ce doux enchanteur aux mots sucrés — tiendra enfin parole. Parole de son chef ! Et les voilà, l’œil brillant, remerciant presque pour le privilège d’être dupés une fois de plus. L’âme lyrique, le sarcasme en bandoulière, ils approuvent des procès-verbaux comme on signerait un autographe à l’Histoire… celle d’un éternel recommencement.

Ils prêtent foi – une fois de plus – aux promesses d’un gouvernement à la voix mielleuse et à la mémoire de guêpe. Un gouvernement qui promet aux enseignants comme on jure fidélité à la lune – sans jamais y poser pied ! Ses ministres, ces saltimbanques du verbe creux, nous ont habitués à venir, l’air grave et les sourcils froncés, jurant que « les revendications des enseignants seront honorées ». L’encre de leur engagement à peine sèche, déjà s’effaçait-elle comme l’éthique dans les couloirs d’un palais en période électorale.

Le voici encore en parade, drapé dans son manteau d’honneur crevé, distribuant promesses et poignées de main devant des enseignants épuisés. Couronnement de la farce : le Président lui-même – garant constitutionnel du “je vous comprends” – s’avance, la main sur le cœur, affirmant  “la mise en place d’une caisse de logement pour les enseignants”. Nous l’avons entendu, oui, un nouvel engagement, venu gonfler la longue liste des promesses. Concrètement absentes. Abstraitement proclamées. Mais pourquoi s’étonner? Même dans la jungle, la loi du plus fort connaît ses ruses: promesses de jungle, contrats oraux, et morsures garanties.

Mais, malgré tout, les enseignants tiennent bon. Ils continueront de marcher, brandissant leurs revendications, grévistes à la voix rauque mais digne. Face à eux, l’État promettra, ajournera, oubliera. Puis recommencera.

Mais les enseignants, eux, n’oublient pas. Car les promesses non tenues ne sont pas du vent pour ceux qui doivent nourrir des enfants, payer un loyer, et continuer à faire tourner la machine de l’Éducation.

Et, souvenez-vous, quand le peuple perd patience, les promesses oubliées deviennent des révoltes.

Quand les gouvernants ne respectent pas leurs engagements trop souvent, les gouvernés cessent de les croire.

Et, un jour, peut-être, ceux qui n’ont pas honoré leurs engagements devront en rendre compte, non pas en conférences de presse, mais dans les youyous d’un peuple en marche.

D’ici là, Ministres, Premier ministre, Président

Continuez donc à promettre…

Nous, nous prenons note.

Sidi I. Boudida

SG du SNES

Loading

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *