Si je comprends bien, le courage, c’est de se soumettre de nouveau à la battue médiatique qui ne l’a pas lâché depuis qu’il devint chef de l’État du 6 août 2008 au 15 avril 2009, puis président de la République du 5 août 2009 au 1ᵉʳ août 2019.
Trois ans après avoir passé le pouvoir sur un plateau de courtoisie à son successeur et ami qui ne semble pas maîtriser la situation, l’ancien Raiss Mohamed Ould Abdel Aziz refait surface dans les médias. Cette fois-ci en France où il enchaîne des réunions avec la diaspora.
C’est long pour faire réagir des citoyens que la discrimination, l’injustice et le chômage ont chassés du pays. Attendant son procès en toute quiétude « le président des pauvres » comme on l’avait surnommé prône son innocence des accusations qui lui sont collées.
Ça voudrait dire que tant qu’on ne s’est pas fait prendre, on n’a rien fait et tant qu’il n’y a pas de preuves il n’y a pas de coupable.
De nouveau mêlé à la politique du pays, il ne voit que « La malveillance policière, les accusations calomnieuses, le voyeurisme médiatique, les dérives des blogueurs prépayées sur réseaux sociaux » dans cette histoire qui mets à l’épreuve les compétences de la justice mauritanienne.
Menacé par le terrorisme, ce pays où la tribu se substitue à l’état, où les nominations se font dans les salons et où les plus hautes décisions se négocient entre proches, vit au rythme des des blocs politiques qui se forment et se fondent avant et après chaque élection présidentielle pour sauver « la maison ».
Les disqualifications avant scrutin empêchent les candidats même favoris de passer et Aziz en sait quelque chose. Le peuple, lui, reste encore immature politiquement car ignorant même ses droits les plus fondamentaux ainsi que ses devoirs civiques.
Curieusement, pour moi, le courage c’est de sortir par la grande porte avant de prendre une gifle politique par un système tribalo-militaire qui n’accepte pas le changement de ses codes. Chose que l’ex-président a fait sans hésiter après avoir écarté tous les hommes potentiellement dangereux et jeté en prison les plus puissants hommes d’affaires du pays pour des impôts impayés. L’option de se mettre totalement en retrait de la vie politique après deux mandats, sans attendre de se faire déloger par la cavalerie lui a-t-il réussi?
Décidément, le mot courage n’est pas le plus approprié à cette situation. J’en ai un autre, qui me vient assez spontanément, c’est le mot audace. Refaire de la politique crescendo alors qu’on est arrivé au pouvoir par coup d’état est quasi impensable sauf en Mauritanie où rien n’est impossible, ni même important.
S. A. Scheine