Né en 1957 à Otélé, au Cameroun, Achille Mbembe est l’une des voix les plus influentes du continent africain et au-delà. Après des études d’histoire à l’Université de Yaoundé, il soutient en 1989 une thèse de doctorat à la Sorbonne (Paris) et obtient également un DEA en sciences politiques à Sciences Po Paris.
Son parcours académique l’a conduit à enseigner dans les plus grandes universités du monde : Columbia, Yale, Berkeley, Harvard, avant de s’installer en Afrique du Sud où il est professeur d’histoire et de sciences politiques à l’Université de Witwatersrand (Johannesbourg). Il est aussi chercheur au WISER – Wits Institute for Social and Economic Research, un espace de réflexion critique sur les sociétés contemporaines. De 1996 à 2000, il a dirigé le CODESRIA (Conseil pour le Développement de la Recherche en Sciences Sociales en Afrique), basé à Dakar.
Auteur prolifique, Mbembe a marqué la pensée critique avec des ouvrages de référence :
- De la postcolonie (2000), une analyse magistrale du pouvoir, de l’autorité et des héritages coloniaux en Afrique ;
- Critique de la raison nègre (2013), où il interroge la construction historique et idéologique de la figure du « Noir » ;
- Sortir de la grande nuit (2010), méditation sur l’Afrique décolonisée et ses devenirs possibles ;
- Politiques de l’inimitié (2016), réflexion sur l’hostilité, l’altérité et les fractures de nos sociétés modernes.
À la direction de la Fondation de l’Innovation pour la Démocratie, il entend bâtir des ponts entre générations, disciplines et continents.
L’objectif est clair : penser des formes de gouvernance inclusives, inventer des modèles adaptés aux réalités africaines et redonner espoir à une jeunesse trop souvent réduite au silence ou condamnée à l’exil.
Pour Mbembe, la démocratie n’est pas un modèle figé importé d’ailleurs, mais un projet vivant, enraciné dans les cultures locales et ouvert au dialogue universel. C’est un acte créatif, une œuvre collective, où chaque voix compte, où chaque différence enrichit.
Achille Mbembe ne se contente pas de produire des concepts : il agit. Ses conférences, ses écrits, ses engagements académiques et institutionnels constituent une véritable boussole pour les générations présentes et futures. En un temps où beaucoup doutent de la capacité de l’Afrique à tracer son propre chemin, il rappelle avec force que la démocratie est possible, à condition d’oser l’inventer autrement.
La pensée de Mbembe n’est pas qu’un legs théorique : c’est une invitation à l’action, à la réinvention et à l’espérance.
Parce qu’aujourd’hui plus que jamais, l’Afrique et le monde ont besoin d’une démocratie vivante, plurielle et profondément humaine.
Ousmane Hamed Doukouré
