Par Mohamed Fall lSidatt
Je suis souvent prompt à la critique et peu enclin à manier la langue de bois. Mais face à l’urgence, le sens des responsabilités doit primer sur les calculs politiques. Quand une ville assoiffée retient son souffle, les discours creux s’effacent : seuls comptent les actes.
Ces dernières semaines, Nouakchott a vécu l’inimaginable : robinets secs pendant des jours, familles épuisées par la quête d’un simple seau d’eau, quartiers paralysés. Une crise qui met à nu des décennies de négligence et d’impréparation.
Au cœur de cette tourmente, un visage s’est imposé : celui d’Amal Mouloud, ministre de l’Hydraulique. Bottes aux pieds, tablette à la main, elle a choisi le terrain plutôt que le confort d’un bureau climatisé. Pas de promesses vagues ni de communiqués lénifiants, mais des comptes rendus réguliers, presque à l’heure, sur l’avancée des réparations.
Son arme la plus efficace ? La communication. Chaque panne fut reconnue publiquement, chaque solution annoncée sans détour. Quand les techniciens butaient sur un obstacle, elle partageait les difficultés au lieu d’inventer des prétextes. Ce langage franc a apaisé les tensions : la vérité, même brutale, rassure beaucoup plus que les illusions tranquillisant.
Car cette pénurie n’est pas un accident. Elle est l’héritage d’une gestion clientéliste :
infrastructures vétustes, jamais modernisées ;
absence de cartographie des réseaux ;
personnel sous-formé, recruté par favoritisme.
En poste depuis à peine un an, la ministre aurait pu se défausser sur ses prédécesseurs. Elle a choisi de prendre ses responsabilités : audits techniques, exigence de résultats, réformes à contre-courant des habitudes. Un courage qui dérange.
La crise est désormais contenue, mais le véritable travail commence. Pour éviter un nouveau cauchemar, il faudra :
créer des réserves stratégiques couvrant plusieurs mois de consommation ;
mettre en place un système d’alerte précoce basé sur capteurs et données en temps réel ;
établir une cartographie précise des réseaux pour intervenir vite et bien ;
instaurer une gouvernance méritocratique, où les compétences remplacent les passe-droits.
Cette crise a prouvé qu’une ministre déterminée peut briser l’inertie, mais elle a aussi révélé la force des résistances au changement. Amal Mouloud a montré sa volonté de réforme. Elle a désormais besoin d’un soutien politique clair pour mener ce combat jusqu’au bout.
L’eau n’est pas un privilège, c’est un droit fondamental. À Nouakchott comme ailleurs, chaque jour sans accès à l’eau potable est une vie suspendue. La capitale a retenu son souffle cette fois-ci. Elle ne devrait plus jamais avoir à le faire.